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Quand le très fidèle Le Drian se met à envisager Valls candidat

Paris (AFP) – Fidèle parmi les fidèles de François Hollande, Jean-Yves Le Drian a ouvert la porte pour la première fois dimanche au scénario d’une candidature présidentielle du Premier ministre, un geste perçu comme un tournant par certains proches de Manuel Valls. 

Poids lourd du gouvernement, le ministre de la Défense a certes estimé que le chef de l’Etat, au plus bas dans les sondages, serait en mesure de rassembler la gauche en 2017. Mais à six mois de la présidentielle, il a aussi évoqué l’hypothèse Valls si « d’aventure » François Hollande ne se représentait pas, jugeant l’hôte de Matignon « le mieux placé » dans ce cas.

« Quand on voit la manière dont la gauche ressemble à une bombe à fragmentation, tout s’éclate de partout, à un moment donné on voit bien qu’il faut une boussole. Est-ce que la boussole sera le président de la République sortant? C’est à lui de le dire », a déclaré le ministre au Grand rendez-vous Europe 1/Les Echos/iTELE, alors que le chef de l’Etat doit faire connaître sa décision en décembre.

« Si d’aventure le président de la République estimait ne pas devoir se présenter, alors à mon avis Manuel Valls serait naturellement (…) évidemment à ce moment-là, je pense, le mieux placé », a concédé M. Le Drian.

Ces déclarations surviennent alors que l’onde de choc provoquée par le livre-confession « Un président ne devrait pas dire ça » se ressent encore.

S’agit-il d’un lâchage en règle du président par un compagnon de route? un membre du gouvernement relève qu' »en tout cas, il n’a pas exprimé le souhait que (François Hollande) se représente ».

Un proche du Premier ministre – qui depuis quelques temps ne cache plus ses ambitions présidentielles, bien qu’il proclame sa loyauté – juge aussi « important de noter que le ministre de la Défense ne dit pas qu’il souhaite la candidature de François Hollande ».

Il y voit un « signe » que Jean-Yves Le Drian, personnage « crucial » au sein du gouvernement, « loyal avec le président de la République, mais aussi son ami », se « rend bien compte que la situation est extrêmement compliquée ». Et il rappelle que le ministre de l’Economie et des Finances Michel Sapin a tenu des propos similaires jeudi. Pour cet élu socialiste, c’est un signe de « lucidité » chez ces ministres.

– « C’est de la dynamite! » –

Un autre député vallsiste ne cache pas son émoi: « c’est de la dynamite! » et « cela va peser lourd, car c’est un proche de Hollande qui pèse particulièrement », dit-il, estimant que « ça va secouer chez les hollandais », car M. Le Drian est « très écouté ».

Mais le chef de file des députés socialistes Bruno Le Roux, fidèle du président, récuse, lui, tout lâchage, rappelant avoir lui-même dit fin octobre que « si pour des raisons extraordinaires », François Hollande n’était pas candidat, Manuel Valls serait « le plus légitime ». Avec de tels propos, « je n’ai pas le sentiment de lâcher Hollande », dit-il à l’AFP.

Pour un député légitimiste, ces déclarations sont au fond « une façon de calmer Valls ». Cela consiste à « lui dire que si le président de la République n’y va pas il aura le soutien de +grands+ hollandais et que ce n’est pas la peine de se distinguer ou de se démener » avant que la décision soit prise, juge cet élu. 

De son côté le premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis a rappelé dimanche sur Radio J que la séquence de candidatures à la primaire de la gauche commence début décembre.

« Je pense que ça va rentrer petit à petit dans l’ordre », a-t-il déclaré, disant avoir « l’impression » que François Hollande sera bien candidat. 

« Je ne sais pas s’il y a eu un plan V comme Valls », mais Manuel Valls « ne va pas être candidat contre le président », a-t-il assuré, notant que sous la Ve république, « c’est le président de la République qui a le premier et souvent le dernier mot ».

Une manière de calmer les ardeurs, comme l’avait fait la semaine dernière Stéphane Le Foll, porte-parole du gouvernement, en rappelant que François Hollande était « le patron ».

Le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian (G) s'entretient avec le Premier ministre Manuel Valls, le 22 juillet 2016 à Paris . © AFP

© AFP/Archives STEPHANE DE SAKUTIN
Le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian (G) s’entretient avec le Premier ministre Manuel Valls, le 22 juillet 2016 à Paris

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