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Ras-le-bol policier: Cazeneuve reçoit les syndicats, appel à une marche

Paris (AFP) – Nouvelles manifestations nocturnes, patron de la police hué, appel à une « marche de la colère » le 26 octobre: face au ras-le-bol des policiers qui ne faiblit pas, le ministre de l’Intérieur va recevoir mercredi les syndicats « en urgence ».

Bernard Cazeneuve s’entretiendra à 16H30 place Beauvau avec les puissants syndicats de police, qui tentent de reprendre la main et de canaliser la colère de la base. Il souhaite « rassurer ceux qui sont inquiets et apporter le nécessaire apaisement », « dans le refus des outrances et de certaines formes de démagogie », a-t-il dit à la sortie du Conseil des ministres.

Le ministre de la Justice Jean-Jacques Urvoas les recevra à 19H00, a-t-on appris auprès de la Chancellerie.

C’est tout l’exécutif qui tente de calmer le jeu. François Hollande a réaffirmé son « soutien » aux policiers, et appelé au « dialogue » avec les syndicats policiers, selon le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll.

Le ras-le-bol des policiers fait suite à une attaque au cocktail Molotov d’un véhicule de police à Viry-Châtillon (Essonne) le 8 octobre, lors de laquelle un adjoint de sécurité (ADS) de 28 ans a été très grièvement brûlé. Sa collègue, une gardienne de la paix de 39 ans, également grièvement brûlée, a quitté l’hôpital mardi soir, selon le directeur général de la police nationale (DGPN), Jean-Marc Falcone.

Deux syndicats de gardiens de la paix, Alliance (première organisation) et l’Unsa-Police, rejoints par Synergie (second syndicat d’officiers), avaient demandé mercredi matin cette réunion « en urgence » avec les ministres de l’Intérieur et de la Justice. 

« Les policiers veulent une réponse pénale aux agressions et à la violence dont ils sont victimes », a expliqué à l’AFP le secrétaire général d’Alliance, Jean-Claude Delage. On ne savait pas dans l’immédiat si le ministre de la Justice, Jean-Jacques Urvoas, y participerait. 

Un autre syndicat, Unité-Police SGP-FO, a pour sa part appelé à une manifestation silencieuse, « une marche de la colère policière et citoyenne », le mercredi 26 octobre, encourageant la population à participer.

La manifestation de centaines de policiers bravant leur devoir de réserve, dans la nuit de lundi à mardi à Paris, a frappé les esprits.

– Rassemblements à Marseille, Nice –

Les policiers sur le terrain exigent des renforts, des moyens, se plaignent d’un surplus de gardes dites statiques ou de « mission indues » et réclament que la justice sanctionne sans failles les auteurs de violences.

Et des manifestations ont eu lieu à nouveau dans la nuit de mardi à mercredi, les policiers revenant notamment devant l’hôpital Saint-Louis à Paris où est hospitalisé leur collègue brûlé à Viry-Châtillon. 

M. Falcone, qui a rencontré mardi soir des policiers de l’Essonne à Evry, a dit comprendre « l’exaspération, les craintes et les angoisses » des policiers, tout en déplorant que certains aient « utilisé des véhicules » et des « moyens » de la police « pendant leurs heures de service ».

Le patron de la police, qui un peu plus tôt avait adressé un ferme rappel à l’ordre à ses troupes, était reparti sous les huées de quelque 400 fonctionnaires venus soutenir leurs collègues menacés de sanctions.

Une enquête de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN), la « police des polices », est en effet en cours. « Ce n’est pas pour entrer dans un cycle de sanctions, c’est pour rappeler des principes », a cependant assuré le ministre de l’Intérieur. 

Le mouvement de protestation, parti de l’Essonne, commence à faire tache d’huile: une centaine de policiers se sont ainsi rassemblés dans la nuit de mardi à mercredi à bord de leurs véhicules de service sur le Vieux-Port à Marseille.

A Nice, 80 policiers, la plupart en tenue, se sont également rassemblés mardi place Masséna, comme tous les soirs depuis le 11 octobre, selon Célya Boumedien, secrétaire départemental SGP Unité Police.

A quelques mois de la présidentielle, le gouvernement est sous le feu des critiques de l’opposition. Si Bernard Cazeneuve a critiqué les « instrumentalisations », Alain Juppé, Bruno Le Maire ou, à l’extrême droite, David Rachline, ont dit mercredi comprendre la colère des policiers. 

« C’est bien beau de dire qu’ils ne devraient pas (manifester). Encore faut-il comprendre pourquoi ils se comportent comme cela et leur apporter des solutions », a estimé sur France 2 M. Juppé, candidat à la primaire de la droite.

Le Premier secrétaire du Parti socialiste Jean-Christophe Cambadélis a quant à lui vu la « patte » du Front national dans les manifestations de policiers, qu’il a qualifiées d' »hors la loi ».

Une centaine de policiers manifestent sur le Vieux-Port à  Marseille, le 19 octobre 2016. © AFP

© AFP BORIS HORVAT
Une centaine de policiers manifestent sur le Vieux-Port à  Marseille, le 19 octobre 2016

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