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Rassemblement contre les violences policières: heurts et lycées bloqués à Paris

Paris (AFP) – « Vengeance pour Théo » : des heurts entre des jeunes protestant contre les violences policières et les forces de l’ordre ont éclaté jeudi à Paris, débouchant sur onze interpellations, alors que seize lycées étaient bloqués par des manifestants.

Ils étaient, selon la préfecture de police (PP), entre 800 et 1.000 à s’être rassemblés sur la place de la Nation à l’appel de mouvements antifascistes.

Des jeunes, pour certains cagoulés, ont saccagé plusieurs voitures et distributeurs de billets, a constaté une journaliste de l’AFP. La façade d’un établissement bancaire a été taguée des inscriptions « Nique la police » et « Nique la Bac ».

Des manifestants ont tenté de forcer les barrages des policiers, qui ont riposté par des tirs de gaz lacrymogènes, certains jeunes leur lançant des pavés. 

Selon la PP, onze interpellations ont eu lieu en lien avec le rassemblement, notamment pour vols en réunion et dégradations. Treize « interdictions de paraître » avaient été prises: il s’agit d’une mesure visant à éloigner temporairement d’un périmètre une personne susceptible de participer à des débordements.

En marge d’une visite en Seine-Saint-Denis, Bruno Le Roux a lancé un « appel au calme ». Les lycéens qui manifestent sont « calmes, ont envie de faire entendre leur voix », mais un « certain nombre de ceux qui rejoignent ces manifestations ont pour objectif de casser, mais bien entendu nous ne laisserons pas faire », a déclaré le ministre de l’Intérieur. 

Parmi les manifestants, Kitem, élève en seconde, expliquait qu' »il y a trop de bavures policières ». « La police a des manières de faire, de contrôler, qu’on n’aime pas. Et là, c’est la goutte d’eau », ajoutait le lycéen, en référence à « l’affaire Théo ».

L’interpellation brutale de Théo, un jeune homme noir de 22 ans, début février à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), a débouché sur la mise en examen d’un policier, soupçonné de viol au moyen d’une matraque. L’affaire, qui a eu un grand retentissement politique, a déclenché plusieurs nuits de violences en banlieue parisienne.

« Ce sont souvent des Arabes et des Noirs habillés en jogging qui se font contrôler », soulignait jeudi Mariam, 19 ans, étudiante en première année de Lettres.

– « Situation chaotique » selon Pécresse –

La présidente LR de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse, a dénoncé les blocages de lycées survenus jeudi matin. « La situation est totalement chaotique dans une trentaine d’établissements », a-t-elle affirmé, appelant le gouvernement à réagir pour mettre fin à une situation « inacceptable ».

A Paris, seize lycées étaient totalement bloqués jeudi matin et douze autres partiellement, selon le rectorat de Paris qui regroupe une centaine de lycées au total.

Devant l’entrée de plusieurs établissements parisiens, des poubelles ont été amassées et certaines incendiées, entraînant l’intervention des pompiers. Le rectorat a fait état de départs de feu devant trois établissements.

Des rassemblements ont également été organisés en banlieue parisienne, avec trois lycées perturbés dans les Hauts-de-Seine, un établissement bloqué en Seine-Saint-Denis, ainsi qu’un autre dans le Val-de-Marne. « La situation est calme dans l’académie », a toutefois assuré à l’AFP le rectorat de Créteil (qui couvre aussi la Seine-Saint-Denis).

A Montpellier, quelques incidents ont éclaté en marge d’un cortège regroupant quelque 200 lycéens, selon une source policière. Après avoir déambulé en ville, des « éléments qui semblent être extérieurs » aux lycées « ont dégradé des véhicules de particuliers », commettant des vols à l’intérieur de voitures, a-t-elle expliqué. La police a fait usage de gaz lacrymogènes et une personne a été interpellée pour un feu de poubelles.

Mercredi, à Rouen, une manifestation a donné lieu à des échauffourées et conduit à 18 interpellations. Huit mineurs, interpellés mercredi lors d’un rassemblement devant un lycée à Clichy (Hauts-de-Seine), devaient être mis en examen jeudi, selon le parquet. 

© AFP GEOFFROY VAN DER HASSELT
Manifestation contre les violences policières, le 23 février 2017 à Paris

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