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RDC: la journée "villes mortes" anti-Kabila suivie à Kinshasa

Kinshasa (AFP) – L’appel de l’opposition à une journée « villes mortes » pour exiger le départ du président Joseph Kabila en décembre a bien été suivi mercredi à Kinshasa, mais a été largement ignoré dans les autres grandes villes de la République démocratique du Congo.

L’opération « carton jaune » au chef de l’État lancé par le  Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement a été très largement suivi dans la capitale, selon des journalistes de l’AFP : les rues sont restées pratiquement désertes et l’activité économique quasi-nulle.

La grève générale a aussi été largement observée à Mbuji-Mayi, bastion d’opposition dans le centre et troisième ville du pays, selon des témoins.

Elle a été ignorée en revanche à Lubumbashi (sud-est), deuxième ville du pays et à Kisangani (nord-est). A Kananga (centre), autre ville majeure, l’activité a tourné au ralenti toute la matinée mais est revenue à la normale à la mi-journée. 

A Matadi, l’activité du seul port en eau profonde du pays a été normale, selon des témoins tandis qu’à Mbandaka (nord-ouest), la ville a pris une coloration jaune, les gens allant travailler, mais majoritairement vêtus de cette couleur en signe de contestation, selon des habitants.

Dans la capitale, la quasi-totalité des boutiques sont restées fermées, la circulation a été très faible tandis que les transports en commun publics tournaient à vide. La mégapole de quelque dix millions d’habitants normalement grouillante et bruyante est apparue comme frappée de torpeur.

« Ce n’est qu’un avertissement ; le 19 décembre, tout est fini pour Kabila », a déclaré à l’AFP Mike Mukendi, chômeur de 30 ans.

Le mandat du chef de l’État, au pouvoir depuis 2001, expire le 20 décembre et la Constitution lui interdit de se représenter.

La police et l’armée ont été déployées en force autour du Palais du peuple (Parlement) et dans plusieurs quartiers chauds de Kinshasa, mais la matinée s’est déroulée sans incident majeur bien que la police ait dû tirer en l’air à Mombele (centre) pour disperser un groupe de 200 jeunes, dont certains, selon un journaliste de l’AFP, étaient armés de machettes.

– ‘Famille à nourrir’ –

Lors de la dernière mobilisation du Rassemblement contre le pouvoir, 49 civils et 4 policiers avaient été tués, selon l’ONU, les 19 et 20 septembre à Kinshasa dans des violences dont les autorités et la coalition d’opposition se renvoient mutuellement la responsabilité.

A Lubumbashi, fief de l’opposant en exil Moïse Katumbi – une des têtes du Rassemblement – dans le sud-est du pays, l’activité est apparue normale.

« Nous vivons au jour le jour », a déclaré à l’AFP Kyungu Kabulo, cambiste indépendant dans le centre de l’agglomération, en rappelant le lot quotidien d’une population largement sans ressources dans un des pays les moins développés de la planète.

« Je suis d’accord avec les opposants », mais « j’ai une famille nombreuse à nourrir », a-t-il ajouté, « les dirigeants du Rassemblement qui nous demandent de rester à la maison, eux ils ont de l’argent, de quoi manger et leurs enfants sont en Europe ».

Large coalition politique, le Rassemblement s’est constitué en juin autour de l’opposant historique Étienne Tshisekedi, président de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS).

Mardi, la majorité et une frange minoritaire de l’opposition ont signé un accord renvoyant l’élection présidentielle à avril 2018 et assurant le maintien de M. Kabila à son poste jusqu’à la prise de fonctions de son successeur.

L’UDPS a rejeté cet accord et a appelé à des pourparlers élargis pour sortir le pays de la crise politique qu’il traverse depuis la réélection contestée de M. Kabila en 2011 lors d’un scrutin marqué par des fraudes massives.

Dans l’est du pays, la ville de Bukavu, sur la rive sud du lac Kivu, a totalement ignoré l’appel du Rassemblement, selon le correspondant local de l’AFP.

A Goma, ville jumelle de Bukavu sur la rive nord du lac, l’appel de l’opposition a été diversement suivi. La circulation a été normale mais la majorité des boutiques est restée fermée.

En fin de matinée, 200 personnes ont manifesté sans incident majeur, carton jaune à la main, aux cris de « Le mandat est terminé ! Tu dois partir ! »

Des opposants congolais montrent un "carton jaune" au chef de l'Etat Joseph Kabila dans le cadre de la journée "villes mortes" pour exiger son départ, le 19 octobre 2016 à Kinshasa. © AFP

© AFP Eduardo Soteras
Des opposants congolais montrent un « carton jaune » au chef de l’Etat Joseph Kabila dans le cadre de la journée « villes mortes » pour exiger son départ, le 19 octobre 2016 à Kinshasa

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