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Réparations et pièces détachées : les pistes de l’APC pour réduire les prix

L’Autorité polynésienne de la concurrence (APC) publie les résultats de son autosaisine entamée en 2020 sur le fonctionnement concurrentiel de la réparation et du commerce de pièces détachées. Les consommateurs pâtissent de l’insularité et de leur manque d’information sur la réglementation. L’APC formule plusieurs recommandations, comme favoriser l’importation de pièces par les consommateurs, faciliter l’usage de pièces recyclées, et réviser les conditions de commercialisation dont bénéficient les concessionnaires.

Le transport est le 2e poste après l’alimentaire dans le budget des ménages polynésiens. Dans son étude de 2018, l’association de défense des consommateurs Te Tia Ara faisait état d’un budget moyen de 56 822 Fcfp par an et d’un mécontentement général des consommateurs à propos du secteur de la réparation automobile, qui représente un chiffre d’affaires annuel de 7,5 milliards de Fcfp : 4,8 milliards pour le commerce d’équipements automobiles et 2,7 milliards pour l’entretien et la réparation.

Les raisons de la colère

Après la mise en ligne d’un questionnaire qui a recueilli plus de 300 réponses et des auditions de professionnels et d’administrations, c’est au tour de l’Autorité polynésienne de la concurrence de livrer ses conclusions. Elle aussi fait état d’un « mécontentement massif des répondants à l’égard des professionnels du secteur de la réparation automobile, et des concessionnaires en particulier. » Les reproches :  prix très élevés, faible qualité des prestations effectuées par un grand nombre de réparateurs, manque de transparence, insuffisance de la réglementation, limitations excessives à l’achat de pièces sur Internet, où elles seraient en moyenne de 3 à 5 fois moins coûteuses même après prise en compte des taxes et droits de douane. Sur ce dernier point les consommateurs pointent le refus des concessionnaires d’utiliser des pièces qu’ils ne fournissent pas eux-mêmes, l’impossibilité d’avoir accès aux références des pièces, ou encore l’obligation de verser un acompte de 40% pour les commander. L’APC estime que, plus que le coût de la main d’œuvre qui peut tout de même varier du  simple au double, c’est celui des pièces qui est la principale cause de la cherté des réparations automobiles.

Une concurrence structurellement limitée

L’APC souligne que compte tenu de l’étroitesse du marché et de la distance, il est « illusoire d’espérer obtenir en Polynésie française un degré élevé de concurrence pour toutes les pièces (notamment les plus spécifiques à certains modèles) et pour toutes les réparations (notamment électroniques, qui nécessitent des outils de diagnostic dont seuls les concessionnaires officiels disposent). » Si la marge de manœuvre du consommateur est limitée, il est toutefois possible, dit l’Autorité, de jouer sur celle des importateurs et surtout des concessionnaires, qui bénéficient d’une réglementation avantageuse et de l’ignorance de leurs clients sur certains points.

Modifier la réglementation sur la garantie

Les concessionnaires polynésiens subordonnent la garantie contractuelle à l’entretien et la réparation chez eux au-delà de la garantie légale initiale de 6 mois : une pratique dénoncée comme anti-concurrentielle dans l’Union européenne et en France. L’APC recommande d’abroger ou modifier le texte de modifier le droit de la consommation pour « permettre explicitement un entretien hors du réseau de son concessionnaire, dès lors que les préconisations du constructeur sont respectées et que des pièces d’origine ou adaptables sont employées ». Il est aussi proposé de « limiter dans le code de la propriété intellectuelle de la Polynésie française la protection des constructeurs sur les pièces détachées visibles dont ils ont demandé une extension de la protection en Polynésie française (« clause de réparation ») » : c’est déjà le cas en métropole où le droit de recourir à des pièces d’équipementiers alternatifs a été étendu.

Réévaluer la pertinence de la classification PGC de certaines pièces

91% des consommateurs l’ignorent, mais le régime général de la liberté des prix ne s’applique pas à 6 types de pièces automobiles : plaquettes et disques pour le freinage, rotules et bielles de direction, amortisseurs, cardans, silencieux d’échappement, radiateurs sont considérés comme des Produits de grande consommation (PGC), dont la marge est en principe limitée à 100% mais qui a été portée à 135% en 2013. En réalité, les importateurs de pièces fixent directement leurs prix au plafond autorisé, et des enquêtes de la DGAE chez 4 des 5 groupes importateurs de véhicules ont même relevé plusieurs dépassements de cette marge. L’APC recommande une réévaluation de cette classification.

Développer l’économie circulaire et la vente en ligne

Autre proposition de l’APC, adopter une réglementation privilégiant le recours à des pièces recyclées qui feront l’objet d’un contrôle de qualité, et encourager le développement d’une filière locale de production de pièces recyclées, le cas échéant autour d’une activité de casse encadrée.  Il est également suggéré d’encourager la constitution de groupements de consommateurs en facilitant leurs démarches administratives et douanières.

Privilégier les véhicules électriques

Ils ne représentent que 7% du parc automobile au fenua, mais selon UFC-Que Choisir le coût d’entretien des voitures électriques est 15 à 35% moins cher, car elles comportent moins de pièces d’usure et les rendez-vous d’entretien sont plus espacés que pour les véhicules thermiques.

Donner une meilleure information

Parmi les préconisations dans ce domaine, l’APC propose de rendre publiques les références des pièces pour faciliter leur achat en dehors des concessionnaires. L’Autorité souhaite également une meilleure information du consommateur, par exemple via la DGAE, sur les garanties, sur l’obligation d’affichage des prix, l’obligation d’information complète sur le coût et la nature des travaux, et l’obligation de résultat des réparateurs

 

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