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Rixe en Corse: deux des cinq gardés à vue remis en liberté

Bastia (AFP) – Deux des cinq hommes placés en garde à vue mercredi dans l’enquête sur une rixe samedi à Sisco (Haute-Corse) entre des villageois et des membres d’une famille « d’origine maghrébine » vivant près de Bastia ont été remis en liberté mercredi soir et seront jugés en comparution immédiate jeudi avec les trois autres.

Agés d’une cinquantaine et d’une vingtaine d’années, les deux hommes, des villageois de Sisco, n’ont pas fait de déclaration à leur sortie du camp militaire de Borgo, au sud de Bastia, où ils étaient interrogés depuis mercredi matin. Ils ont été acclamés par des membres de leurs familles et plusieurs centaines de personnes.

Trois frères d’une famille d’origine maghrébine habitant à Furiani, au sud de Bastia, étaient toujours en garde à vue dans ce camp de la gendarmerie mercredi soir.

Tous les cinq seront jugés après-midi en comparution immédiate devant le tribunal correctionnel de Bastia.

L’origine de la rixe entre des villageois et des membres de cette famille maghrébine incombe « à l’évidence » à des membres de la famille, avait déclaré auparavant le procureur de la République à Bastia, Nicolas Bessone.

La rixe avait fait cinq blessés samedi soir autour d’une crique du village et avait nécessité l’intervention d’une centaine de policiers et gendarmes pour ramener le calme. Selon le parquet, la garde à vue des cinq personnes porte sur « des violences avec armes pour la partie maghrébine » et pour « violences en réunion pour les deux villageois ».

« A l’évidence, à l’origine des incidents se trouvent des membres de la famille maghrébine », a déclaré M. Bessone lors d’un point de presse. « Ils ont voulu, dans une logique de caïdat, s’approprier la plage et la privatiser », a ajouté le procureur, précisant: « ils ont multiplié (…) des incidents avec un certain nombre de personnes: jets de pierre à proximité d’autres personnes pour les intimider, tensions très fortes, insultes, menaces ».

Une « altercation » s’est alors produite entre « un des jeunes du village et des membres masculins de cette famille », a ajouté M. Bessone. « A partir de là, les versions sont diamétralement opposées », a-t-il souligné.

C’est « la raison pour laquelle j’ai demandé (…) le placement en garde à vue des trois membres masculins de cette famille pour déterminer dans quelle mesure, dans quelle nature et avec quelle intensité ils avaient procédé à des actes de violence sur cet adolescent », a poursuivi le magistrat.

Le parquet, a dit le procureur, souhaite « établir l’intégralité des responsabilités » et « c’est pour déterminer dans quelle mesure deux personnes originaires du village ont participé à ces dites violences qu’ils ont été également placés en garde à vue ».

M. Bessone a aussi demandé de « laisser la gendarmerie travailler dans la sérénité » pour mener à bien cette enquête, confiée à la section de recherches.

Deux des trois frères d’origine marocaine ont été interpellés chez eux à Furiani et le troisième, qui se savait recherché, s’est présenté spontanément à la gendarmerie.

Les deux habitants de Sisco se sont également présentés d’eux-mêmes à la gendarmerie où ils avaient été convoqués, selon M. Bessone.

  – Appels au calme –

Mercredi soir, plusieurs centaines de personnes, des habitants de Sisco, des élus de tous bords et de nombreux militants nationalistes notamment, ont participé à un rassemblement de soutien aux deux villageois devant le camp militaire de Borgo où ils sont interrogés par les gendarmes, ont constaté des journalistes de l’AFP.

Le rassemblement devant l’enceinte militaire protégée par un important dispositif de gendarmes en tenue anti-émeute s’est déroulé sans incident.

Les présidents nationalistes du Conseil exécutif territorial, Gilles Simeoni, et de l’Assemblée de Corse, Jean-Guy Talamoni, ont lancé sur place des appels au calme. Avocats de profession, ils se sont entretenus avec le procureur Bessone.

Le maire socialiste de Sisco, Ange-Pierre Vivoni, qui a pris lundi un arrêté contre le port du « burkini », vêtement de bain islamique recouvrant le corps et la tête, dans sa commune, a également appelé « au calme et à la patience ».

M. Vivoni a reçu le soutien de l’association des maires de Haute-Corse. Les maires ont aussi exprimé dans un communiqué leur solidarité avec les habitants de Sisco et demandé à l’Etat de « faire respecter scrupuleusement les règles de la laïcité ».

Les incidents de Sisco sont les plus importants depuis l’agression le soir de Noël de pompiers venus éteindre un feu et caillassés et battus dans une cité sensible du quartier de l’Empereur à Ajaccio. Le lendemain, des rassemblements avaient été émaillés d’insultes à caractère raciste et du saccage d’une petite salle de prière musulmane.

L’Assemblée de Corse a adopté en juillet une motion rappelant les vertus de tolérance, notamment religieuses, corses tout en demandant à l’Etat de renforcer la sécurité face aux risques de violences terroristes, de fermer les lieux de culte musulmans radicaux et d’expulser les prédicateurs salafistes.

Rassemblement devant le camp militaire de Borgo, en Corse, le 17 août 2016. © AFP

© AFP PASCAL POCHARD-CASABIANCA
Rassemblement devant le camp militaire de Borgo, en Corse, le 17 août 2016

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