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Rémunérations des dirigeants: "il n'y a qu'une seule ligne au gouvernement", assure Valls

Privas (AFP) – Manuel Valls a tenté vendredi à Privas de refermer la polémique née des dissonances avec son ministre de l’Economie sur les rémunérations des dirigeants des grands groupes, assurant qu’il n’y avait qu' »une seule ligne » au gouvernement sur le sujet et demandant une traduction législative prompte.  

Il n’y a « qu’une seule ligne dans le gouvernement, valoriser le travail, le mérite, mais aussi combattre des rémunérations indécentes. Nous partageons évidemment cette ligne avec Emmanuel Macron », a souligné le Premier ministre à l’occasion d’un conseil interministériel sur les ruralités.

Le ministre de l’Economie était assis à proximité du Premier ministre, en compagnie des cinq autres ministres et trois secrétaires d’Etat venus assister à ce conseil interministériel.

Face à la polémique autour de l’augmentation de la rémunération du patron de Renault Carlos Ghosn et devant la volonté de la majorité, Manuel Valls a confirmé son intention de légiférer, une porte ouverte quelques jours plus tôt par François Hollande lui-même, mais que le ministre de l’Économie a critiquée. « Pas la bonne méthode », avait lâché Emmanuel Macron.

Pour le Premier ministre, le vote des actionnaires concernant la rémunération des dirigeants doit devenir contraignant. Il a émis le souhait que ces mesures soient traduires législativement très rapidement, via une intégration dans le projet de loi Sapin II, qui sera discuté en commission mardi.

Elles figurent depuis mercredi dans une proposition de loi d’un député Front de gauche, qui sera examinée jeudi 26 dans l’hémicycle via une « niche » parlementaire.

MM. Valls et Macron se sont efforcés d’apparaître souriants tout au long de ce déplacement en Ardèche, le Premier ministre maniant par exemple l’humour pour déminer la situation née de ces dissonances entre le chef du gouvernement et son ministre de l’Economie.

Ainsi, lors d’une photo en compagnie de plusieurs de ses ministres, dont Emmanuel Macron, devant la préfecture de Privas. Alors qu’un journaliste lui demandait si cette photo de groupe représentait « une famille », Manuel Valls a botté en touche, « dans une famille, il y a papa, il y a maman, il y a les enfants », avant de s’esclaffer et de s’éloigner.

– Mesures pour la ruralité –

Ces dissonnances avaient suscité de multiples réactions. « La politique du gouvernement est celle qui a été énoncée par le président de la République et par le Premier ministre », rappelait vendredi matin le secrétaire d’Etat aux relations avec le Parlement, Jean-Marie Le Guen. Quant à M. Macron, s’il est en désaccord, « c’est son problème », ajoutait-il.

Cette nouvelle dissonance publique, « ce n’était pas adroit mais il n’y avait pas volonté de faire un coup… Il s’est adapté à son auditoire », avait de son côté relativisé une source proche de François Hollande.

Dans l’opposition, François Fillon, candidat à la primaire de la droite, invitait dans VSD le ministre à démissionner au lieu de rester en place « tout en se positionnant » contre le chef de l’Etat et en « levant des fonds » pour son mouvement, En marche!.

Au cours de ce troisième comité interministériel, après ceux de Laon et de Vesoul l’année dernière, le Premier ministre a annoncé plusieurs mesures issues des travaux du conseil, et notamment porter à 1.400 « le nombre des maisons de santé sur l’ensemble du territoire », qui regroupent des services de santé pluri-disciplinaires. Cela correspond à 600 supplémentaires d’ici 2018, ont précisé les services de Jean-Michel Baylet, le ministre en charge notamment de l’Amènagement du territoire et de la ruralité, qui était particulièrement en charge de la préparation de ce conseil.

Huit cents bourses supplémentaires seront aussi fournies à des jeunes médecins « pour les inciter à s’implanter dans les déserts médicaux », a indiqué Manuel Valls.

Le Premier ministre a de même rappelé l’objectif de parvenir d’ici la fin de l’année à 1.000 maisons de service au public, des établissements qui proposent à un même endroit plusieurs services publics pour les usagers.

« D’ici à la fin de 2017, il n’y aura plus aucune commune recensée en zones blanches » téléphoniques, a-t-il assuré aussi.

Afin d’assurer « plus de cohérence nationale », les préfets disposeront d’un « droit d’alerte du gouvernement » si des projets « risquent d’entraver l’accès des habitants au service public », a indiqué Manuel Valls. En clair, si des fermetures de services publics risquent de perturber des communes.

Le Premier ministre français Manuel Valls (g) et le ministre de l'Economie Emmanuel Macron (d) lors d'une réunion ministérielle à Privas, dans le sud-est de la France, le 20 mai 2016. © AFP

© AFP PHILIPPE DESMAZES
Le Premier ministre français Manuel Valls (g) et le ministre de l’Economie Emmanuel Macron (d) lors d’une réunion ministérielle à Privas, dans le sud-est de la France, le 20 mai 2016

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