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Rocky, cambrioleur en série

Les délinquants devaient être de repos ce week-end car le tribunal n’a eu à traiter qu’une affaire ce lundi en comparution immédiate. Celle d’un cambrioleur en série, qui entend des voix qui lui ordonnent de voler. Il a été condamné à quatre mois de prison avec sursis.

Rocky, 21 ans, entend des voix qui lui ordonnent de voler, et c’est à ce titre qu’il avait demandé, au mois dernier, à ce que son procès soit renvoyé pour passer devant un psychiatre. Mais il ne s’est rendu à aucun des deux rendez-vous qu’on lui avait fixés. Son avocate demandant un autre renvoi de l’affaire s’est vue déboutée de cette demande car deux de ses victimes avaient fait le voyage exprès de Bora-Bora pour assister au procès.

Rocky est poursuivi pour avoir commis en l’espace d’un mois, entre avril et juin, six vols. En dehors d’un scooter qu’il a volé dans un jardin, son modus operandi est toujours le même. Pénétrer le soir dans des fare endormis, et se servir à volonté. Ainsi ce sont des sommes en liquide, des enceintes, des portefeuilles, une télé, des chaussures de marque qu’il a dérobés, parfois allant jusque dans les chambres alors que les gens dormaient, pour y prendre des objets sur les tables de nuit.

« J’entends des trucs dans ma tête et j’y vais »

« C’est impressionnant cette répétition de vols, pourquoi tu voles comme cela ? » interroge le juge. « J’entends des trucs dans ma tête et j’y vais », marmonne le prévenu, petit gabarit aux cheveux décolorés virant au roux sur le dessus. « Des trucs qui te disent d’aller voler ? » « Oui. »

Sur sa situation familiale, Rocky vit chez ses parents avec sa concubine mineure avec laquelle il a un enfant de 18 mois. Niveau études, son cursus s’est arrêté en cinquième et après il a fait un passage au centre des jeunes adolescents (CJA). Consommateur d’alcool et de paka, il ne met pas sur le compte de ses addictions les vols qu’il commet, mais invoque les besoins en nourriture de sa famille.

« La seule voix qu’il entende, c’est la sienne. »

Ce que la procureure a du mal à avaler, tout comme les fameuses voix qu’il entendrait. « Il essaie de mettre sur le compte de cette voix les vols qu’il commet. Mais la seule voix qu’il entende, c’est la sienne. Celle d’un voleur. Soi-disant qu’il avait besoin d’argent pour nourrir son enfant, mais en vérité c’est pour se payer de l’alcool et du paka, car s’il voulait de la nourriture pendant qu’il y était il pouvait voler de la nourriture dans les maisons qu’il visitait. » Pas de doute, « il agit pour satisfaire ses errements. » Rocky étant sous le coup de la récidive – trois mois de prison planent au-dessus de sa tête – la procureure requiert la révocation de son sursis et y ajoute une peine de trois mois de prison ferme, soit six mois ferme au total.

Quatre mois de prison avec sursis

Pour la défense, à Bora Bora, « les possibilités d’emplois sont limitées » d’autant que son client « a un bagage limité. » Évoquant la précarité dans laquelle évolue Rocky et le peu d’attention que lui confèrent ses proches, l’avocate demande à prendre en considération son jeune âge et le parcours qui est le sien.

Avant d’aller délibérer le juge interroge Rocky. « Tu as compris la peine demandée par la procureure ? ». « Non. » « Est-ce que tu serais prêt à travailler gratuitement pour la mairie, un travail d’intérêt général ? ». « Je ne veux pas retourner à Bora, je verrais les mêmes personnes avec qui je traîne. Je veux rester à Tahiti. Je regrette d’avoir fait cela. Je préfère aller travailler. »

Le tribunal n’ayant pas retenu la récidive, Rocky a été condamné à quatre mois de prison avec sursis, obligation de rembourser ses victimes, soit un peu plus de 100 000 Fcfp, obligation de soin et un TIG de trois semaines.

« À mon avis si on s’en réfère à la saga cinématographique des Rocky, ce ne sera pas la dernière fois que l’on vous voit. Là on en est seulement à Rocky 2 », lance le juge avant que Rocky ne quitte la salle.

 

 

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