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Roger Knobelspiess, l'ancien braqueur devenu écrivain, est mort

Paris (AFP) – Ancien braqueur reconverti dans le cinéma et l’écriture après 26 années de prison, Roger Knobelspiess est décédé dans la nuit de samedi dans un hôpital du sud de la France, a-t-on appris auprès de son frère.

Ses obsèques auront lieu à Elbeuf, en Seine-Maritime, d’où la famille est originaire, a précisé Jacques Knolbelspiess à l’AFP. La date sera communiquée sur la page Facebook de l’écrivain qui était âgé de 69 ans.

Condamné à 15 ans de prison en 1972 pour un braquage qu’il niait avoir commis, Roger Knobelspiess avait depuis sa cellule publié en 1980 un premier livre chez Stock, « QHS : quartier haute sécurité », préfacé par le philosophe Michel Foucault. Vendu à plus 300.000 exemplaires, son livre avait poussé le gouvernement à fermer ces quartiers.

« Il fallait dénoncer ce qui se passait à l’intérieur. La torture blanche », expliquait l’ancien détenu à l’AFP lors d’une interview en 2008.

En 1981, il avait été gracié par le président François Mitterrand peu après son élection mais Roger Knobelspiess disait ne pas pouvoir pardonner cette « vraie erreur judiciaire ». « On m’a volé toutes ces années de ma vie pour quelque chose que je n’avais pas commis ».

Puis, Knobelspiess retournera derrière les barreaux en 1983 pour un braquage qu’il niait à nouveau avoir commis. Il s’était alors coupé une phalange qu’il avait envoyé au ministre de la Justice de l’époque Robert Badinter pour protester contre son emprisonnement, et sera acquitté en janvier 1986 à l’issue du procès. Nouveau séjour en prison en 1987 après une condamnation à sept ans de prison pour une fusillade contre des policiers en 1982. 

Libéré en 1990, il a écrit plusieurs livres, dont une autobiographie « Désordres de mémoire » en 2004, et tourné des petits rôles au cinéma et à la télévision, notamment dans « Capitaine Conan » de Bertrand Tavernier et pour des téléfilms de Jean-Pierre Mocky.

« J’ai même incarné un flic. J’ai aussi écrit quelques scénarios », dont celui d’une BD sur Jacques Mesrine, qu’il avait rencontré en prison, « Mesrine, l’évasion impossible » (Casterman, 2008). « On est devenus amis, on a fondé le syndicat des évadés, nous étions unis dans la lutte contre les QHS », se souvenait Knobelspiess.

Originaire d’Elbeuf (Seine-Maritime), Knobelspiess a connu une jeunesse faite de petits vols qui coûteront la vie à son frère Jean, abattu par un commerçant pour un vol d’autoradio.

Une jeunesse qu’il racontait dans « Voleur de poules », également adapté en BD. « La délinquance était une nécessité, je ne voulais pas être pauvre », disait-il.

Il avait obtenu le soutien d’artistes et d’intellectuels, comme le dessinateur Georges Wolinski, le chanteur Léo Ferré, qui avait pris sa défense, et l’actrice Marie Rivière, un temps sa compagne, qui avait publié en 1988 « Un Amour aux Assises » où elle racontait son procès et leur rencontre.

Il était devenu, comme il l’avait confié au « Parisien » en 2003, un héros des « intellos de gauche » dans la lutte anti-carcérale. 

En 2012, il avait menacé de se couper de nouveau un doigt faute si François Hollande ne rétablissait pas les grâces présidentielles du 14 juillet.

Roger Knobelspiess le 14 octobre 2018 à Dijon. © AFP

© AFP JEFF PACHOUD
Roger Knobelspiess le 14 octobre 2018 à Dijon

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