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Royaume-Uni: croissance ralentie et déficit public en hausse

Londres (AFP) – La croissance économique du Royaume-Uni va nettement ralentir l’année prochaine et ses emprunts augmenter, a annoncé le ministre des Finances britannique dans son premier budget post-vote pour le Brexit.

La décision des Britanniques de quitter l’Union européenne va « changer le cours de l’histoire britannique », a souligné mercredi Philip Hammond en présentant devant le Parlement sa déclaration budgétaire d’automne.

Le chancelier de l’Echiquier a expliqué vouloir faire en sorte que l’économie « résiste » face aux turbulences que le pays s’apprête à vivre lorsque les négociations pour sortir de l’UE démarreront d’ici à la fin mars.

Mais le pays doit d’ores et déjà s’attendre à un net ralentissement de sa croissance l’an prochain: l’Office public de responsabilité budgétaire (OBR) a abaissé sa prévision de croissance à 1,4%, contre 2,2% prévu en mars dernier.

– Déficit plus haut que prévu – 

M. Hammond a évoqué « une baisse de l’investissement et une demande plus faible », qui s’expliquent par l’incertitude qui règne et la hausse de l’inflation pour cause de dépréciation de la livre.

Au total, en raison du vote pour le Brexit, le pays va perdre 2,4 point de croissance sur la période 2016-2021, a précisé l’OBR, plombant d’autant les prévisions de recettes fiscales. 

Le Royaume-Uni s’attend de ce fait à ce que son déficit public soit bien plus élevé que prévu d’ici à 2021, avec une augmentation des emprunts de 122 milliards de livres (143 milliards d’euros). Le ministre des Finances a renvoyé l’hypothèse d’un retour à l’équilibre budgétaire au-delà de 2020.

Compte tenu de cette contrainte budgétaire, le gouvernement conservateur n’a pu annoncer aucune mesure de relance spectaculaire, pour éviter d’aggraver les comptes de l’Etat, qui s’étaient quelque peu redressés grâce à des années d’austérité.

« En terme de mesures, il y a peu de substance, ce qui n’est pas surprenant compte tenu de la position budgétaire fragile du Royaume-Uni », relève James Knightley, économiste chez ING.

Le nouvel exécutif conservateur arrivé au pouvoir après le référendum aurait rêvé pouvoir offrir de beaux cadeaux aux familles modestes, dont beaucoup ont voté pour le Brexit. Il s’est contenté de quelques gestes en faveur des ménages et des milieux d’affaires.

– Coup de pouce pour les ménages –

L’annonce la plus emblématique est une hausse du salaire minimum qui passera à 7,5 livres brut de l’heure (l’équivalent de 8,8 euros) à partir d’avril 2017, soit une hausse de 4%. Ce revenu était déjà passé de 6,70 livres à 7,20 livres fin mars dernier.

Un coup de pouce bienvenu alors que la poussée de l’inflation menace le pouvoir d’achat des Britanniques.

Le ministre des Finances propose en outre de supprimer les frais versés par 4,3 millions de ménages aux agences immobilières au moment de signer un contrat de location. Il entend aussi soutenir le secteur immobilier, en promettant des investissements de 1,4 milliard de livres pour aider à la construction de 40.000 nouveaux logements. 

Il a par ailleurs annoncé la création d’un fonds d’investissement de 23 milliards de livres pour améliorer la productivité du pays dans les années à venir en soutenant la recherche et développement, les réseaux routiers ou encore la fibre optique.

Sur le plan fiscal, le ministre des Finances s’est contenté de rappeler que l’impôt britannique sur les sociétés, qui est actuellement de 20%, doit passer à 17% d’ici à 2020, ce qui en fera déjà le niveau le plus faible de tous les pays riches et émergents du G20.

Au chapitre des bonnes nouvelles, le pays a légèrement relevé sa prévision de croissance pour 2016 de 0,1 point, confirmant la résistance jusqu’ici de l’économie. Et M. Hammond a souligné que l’activité allait rester au moins aussi vigoureuse qu’en Allemagne et en France.

Plusieurs analystes estiment que cette bonne tenue de l’économie depuis la fin juin représente une aubaine pour le gouvernement qui peut ainsi garder des munitions pour l’an prochain. 

Le ministre britannique des Finances Philip Hammond, dans son bureau à Londres, le 22 novembre 2016. © AFP

© POOL/AFP Stefan Rousseau
Le ministre britannique des Finances Philip Hammond, dans son bureau à Londres, le 22 novembre 2016

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