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Royaume-Uni: les conservateurs se cherchent un nouveau leader

Londres (AFP) – Le processus pour désigner un nouveau Premier ministre a démarré mardi au Royaume-Uni, en proie aux premiers signes de panique sur le marché immobilier liés au Brexit.

Après l’assureur Standard Life lundi, le gestionnaire d’actifs Aviva Investors a annoncé le gel d’un de ses fonds immobiliers face à l’afflux des demandes de retraits.

« Les dominos commencent à tomber sur le marché immobilier commercial britannique », a estimé Laith Khalaf, analyste chez Hargreaves Lansdown, pour qui « cela n’est probablement qu’une question de temps avant de voir d’autres fonds suivre le même chemin ».

Une prédiction inquiétante alors que le dernier crash immobilier dans le pays, à l’orée de la crise financière mondiale de 2008, avait démarré par les difficultés de fonds d’investissements à faire face à leurs obligations.

C’est dans ce contexte que les députés conservateurs ont commencé à voter pour désigner leur futur leader et nouveau Premier ministre après la démission de David Cameron le 24 juin.

La ministre de l’Intérieur Theresa May fait figure de favorite de cette course par élimination qui laissera sur le bord du chemin aux alentours de 18h00 GMT celui qui récoltera le moins de soutiens auprès des 330 députés tories. Mais le suspense s’intensifie sur l’identité de son adversaire en finale.

Deux autres tours sont prévus jeudi et mardi prochain pour parvenir à dégager deux finalistes qui seront ensuite départagés par un vote des 150.000 militants durant l’été. L’élu(e) sera désigné(e) officiellement le 9 septembre.

– Libre circulation –

Prétendant logique, le ministre de la Justice Michael Gove, l’une des figures de proue du camp du Brexit, semble souffrir d’un manque de confiance auprès des députés après sa candidature surprise vécue comme une trahison envers Boris Johnson.

L’ancien maire de Londres, qui a fait sensation en se retirant de la course, a décidé de se ranger derrière la ministre pro-Brexit de l’Énergie Andrea Leadsom, 53 ans, quasi inconnue jusque-là mais qui selon le dernier décompte du site ConservativeHome figure désormais en deuxième position avec le soutien de 40 députés, derrière Theresa May (130).

Cette dernière a répété lundi son intention, si elle est élue, de mettre dans la balance le sort des trois millions de citoyens européens installés au Royaume-Uni lors des négociations à venir avec l’UE alors que ses rivaux disent tous que les expatriés européens auraient le droit de rester quoi qu’il arrive.

Sur l’activation de l’article 50, pour enclencher la procédure de divorce avec l’UE, Theresa May et Michael Gove sont d’accord pour prendre leur temps, malgré l’agacement des Européens.

« Je ne comprends pas que le camp de ceux qui veulent quitter l’UE ait besoin de temps et de réfléchir avant de savoir ce qu’il faut faire », a raillé mardi le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, moquant par ailleurs les « tristes héros d’aujourd’hui », Boris Johnson et Nigel Farage, qui « quittent le navire » après avoir prôné le Brexit.

M. Juncker, ainsi que le président du Conseil européen Donald Tusk, ont tous deux répété que le Royaume-Uni devrait accepter les règles européennes de libre circulation s’il veut garder accès à son marché intérieur.

-Référendum hongrois-

« Nous ne braderons pas nos libertés, et il n’y aura pas de marché unique +à la carte+ », a insisté M. Tusk alors que la Hongrie venait d’annoncer qu’elle organiserait le 2 octobre son propre référendum sur le plan européen de répartition des réfugiés entre les pays membres.

Le commissaire européen aux Affaires économiques Pierre Moscovici a lui critiqué la proposition du ministre britannique des Finances, George Osborne, de réduire l’impôt sur les sociétés à moins de 15% pour contrer les effets économiques négatifs du Brexit.

« Nous ne devons pas être dans la concurrence fiscale exacerbée entre nous ou dans le dumping fiscal », a-t-il déclaré à la radio française Radio Classique.

Mais côté britannique, il y a urgence: outre le marché immobilier, la croissance dans le secteur des services, prépondérant dans l’économie du pays, a affiché un très net ralentissement en juin, nombre de clients ayant repoussé ou annulé des commandes, ce qui a freiné les embauches, a indiqué mardi le cabinet Markit.

Face aux craintes de récession qui se précisent, la Banque d’Angleterre a réagi mardi en incitant les banques à ouvrir les vannes du crédit pour les ménages et les entreprises, afin de soutenir l’activité.

Boris Johnson salue l'audience lors d'une conférence de presse, le 30 juin 2016 à Londres. © AFP

© AFP LEON NEAL
Boris Johnson salue l’audience lors d’une conférence de presse, le 30 juin 2016 à Londres

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