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Royaume-Uni: Theresa May prend les rênes du gouvernement, cap sur le Brexit

Londres (AFP) – Theresa May devient mercredi la deuxième Première ministre de l’histoire du Royaume-Uni et devra immédiatement s’atteler à une mission titanesque: mettre en oeuvre un Brexit qui aura eu raison de David Cameron et laissé un pays profondément divisé.

Mme May, 59 ans, ministre de l’Intérieur du gouvernement conservateur sortant, prend ses fonctions moins de trois semaines après le vote des Britanniques pour sortir de l’Union européenne.

David Cameron, 49 ans, présentera sa démission à la reine Elizabeth II après une dernière séance de questions devant le Parlement de Westminster en fin de matinée.

Mme May se rendra ensuite à son tour auprès de la souveraine pour qu’elle lui confie le soin de former le nouveau gouvernement que la presse britannique voit déjà beaucoup plus féminin que le précédent. Elle deviendra ainsi la deuxième femme à prendre les rênes d’un exécutif britannique après Margaret Thatcher (1979-1990), à qui certains la comparent parfois.

Réputée pour son tempérament pugnace et sa force de travail, Theresa May, une fille de pasteur, hérite d’un Royaume-Uni que le référendum a laissé groggy, incertain quant à son avenir.

« Elle prend ses fonctions à un moment qui aurait posé des problèmes même à Churchill », note le quotidien The Guardian pour souligner l’ampleur de la tâche qui l’attend, entre turbulences économiques et pression des dirigeants de l’UE pour que le Royaume-Uni engage au plus vite la procédure de divorce.

– La nouvelle vie de Cameron –

« Brexit signifie Brexit et nous en ferons un succès », a assuré Mme May lundi, ne laissant guère d’espoirs à ceux qui rêvent de voir leur pays rester malgré tout dans le giron européen.

Cette eurosceptique, qui avait rejoint le camp du maintien dans l’UE pendant la campagne référendaire, avait auparavant prévenu qu’elle ne comptait pas activer l’article 50 du Traité de Lisbonne -qui lance le processus de sortie de l’UE- avant la fin de l’année.

Impatients de voir l’exécutif britannique clarifier ses intentions, les dirigeants européens n’ont pas attendu sa prise de fonctions pour présenter leurs doléances.

« Plus tôt commenceront les négociations, mieux ce sera pour tout le monde », a déclaré mardi le chef de la diplomatie française, Jean-Marc Ayrault.

Pour les habitants de son fief de Maidenhead (ouest de Londres), elle est en tout cas la personne idoine pour mener cette délicate entreprise. « Elle est très déterminée et va tout faire pour obtenir le meilleur accord pour notre pays », a déclaré à l’AFP Maxine Lattimer, femme au foyer.

Les premiers jours de la nouvelle Première ministre, désignée après l’abandon surprise, lundi, de sa concurrente Andrea Leadsom, devraient également être scrutés de près par les marchés, en quête de certitudes après le choc du référendum.

« Le couronnement virtuel de Theresa May a donné de l’élan à la livre alors que les nuages d’incertitudes ayant suivi le Brexit commencent à se dissiper », a souligné Neil Wilson, de ETX Capital.

Pour David Cameron, qui avait prôné le maintien dans l’UE, c’est une nouvelle vie qui commence, avec comme ombre un référendum qu’il a lui-même lancé mais dont le résultat a été l’inverse de celui qu’il souhaitait.

Le dirigeant conservateur a remporté deux élections législatives (2010 et 2015), survécu au référendum d’indépendance de l’Ecosse… mais restera pour l’Histoire le Premier ministre du Brexit.

La presse britannique estimait qu’il devrait probablement utiliser la séance de questions au Parlement pour vanter son action, entre réussites économiques -au prix d’un accroissement des inégalités selon ses détracteurs- et sociétales, avec la légalisation du mariage homosexuel.

« Au moment où je pars, j’espère que tout un chacun verra un pays plus fort », a-t-il déclaré au quotidien Telegraph de mercredi.

– Corbyn jubile –

Alors que le pays se dote d’un nouveau leader, l’opposition travailliste reste secouée par une profonde crise de leadership, énième répercussion du référendum.

Visé par une fronde de ses parlementaires, le chef du parti Jeremy Corbyn a remporté mardi soir une victoire cruciale contre ses opposants après la décision du comité exécutif du parti de l’autoriser à se présenter lors de nouvelles élections pour la direction du Labour.

Mais cette décision « ne résoudra pas les problèmes du Labour », estime le tabloïd de gauche Daily Mirror qui estime « que le poison dans les veines du Labour est si toxique que personne ne peut voir une issue harmonieuse ».

Pour le Times, le « Labour risque une explosion sanglante ».

Triomphalement élu en septembre par les militants, M. Corbyn n’a jamais réussi à s’imposer auprès de la majorité des cadres du parti, qui le jugent trop à gauche et incapable de remporter des législatives.

Lundi, la députée Angela Eagle a officiellement annoncé qu’elle se présenterait contre lui pour lui succéder, et un autre parlementaire, Owen Smith, s’est ajouté mercredi à la liste des concurrents.

La nouvelle dirigeante du parti conservateur britannique, Theresa May, le 12 juillet 2016 à Londres. © AFP

© AFP OLI SCARFF
La nouvelle dirigeante du parti conservateur britannique, Theresa May, le 12 juillet 2016 à Londres

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