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Ruez-vous sur les lentilles mais freinez sur la charcuterie

Paris (AFP) – Les Français devraient manger plus de légumineuses et de céréales complètes, et réduire drastiquement leur consommation de charcuteries et de boissons sucrées, a préconisé l’Anses mardi, de nouveaux conseils qui s’ajouteront au classique « cinq fruits et légumes par jour ».

Les recommandations nutritionnelles actuelles, qui datent de 2002, doivent connaître des « évolutions fortes », estime l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation.

Ces recommandations sont résumées en huit conseils grand public: au moins cinq fruits et légumes par jour, trois produits laitiers quotidiens, des féculents à chaque repas, des protéines animales une à deux fois par jour, limiter les matières grasses, les produits sucrés et le sel, et boire de l’eau à volonté.

Pour les mettre à jour, l’Anses a déterminé quel régime alimentaire couvrirait les besoins nutritionnels de la population adulte, tout en prévenant certaines maladies  (diabète, certains cancers, obésité, maladies cardiovasculaires, etc.) et en limitant l’exposition aux polluants chimiques.

Elle a ensuite comparé cette alimentation « idéale » avec l’assiette des Français pour formuler ses recommandations.

Résultat: les Français ne mangent pas assez de légumineuses (lentilles, fèves, pois chiches, etc.), une catégorie d’aliments pourtant riche en protéines, en fibres et en micronutriments, souligne Irène Margaritis, nutritionniste à l’Anses.

En moyenne, les Françaises en consomment 11 g par jour et les Français, 15 g, et beaucoup n’en mangent jamais, alors que le niveau de consommation optimal serait d’au moins 36 g, et jusqu’à 100 g pour les femmes ayant un besoin en fer élevé.

– L’orange pressée, une boisson sucrée –

Parmi les féculents, il faut privilégier les céréales complètes ou « le moins raffinées possible », qui contiennent plus de nutriments bénéfiques.

L’Anses appelle aussi à limiter à 500 g par semaine la consommation de viande hors volaille (environ 5 portions), à manger du poisson « deux fois par semaine » et à « réduire considérablement » la consommation de charcuterie, à 25 g par jour maximum.

La moitié de la population dépasse aujourd’hui cette quantité, et 5% d' »accros » consomme plus de 66 g de charcuterie par jour.

« La consommation hebdomadaire française moyenne de viandes hors volaille est seulement de 370 g par personne (…), donc bien inférieure à ce seuil recommandé de 500 g par semaine », a réagi Interbev, organisation interprofessionnelle du bétail et de la viande, citant une enquête du Credoc de 2013.

Selon les données de l’étude INCA 2 utilisées par l’Anses, recueillies en 2006 et 2007, cette consommation était de 448g en moyenne chez les hommes et 287g chez les femmes.

Robert Volut, président de la Fédération française des industriels charcutiers (Fict), souligne pour sa part que le secteur a déjà fait beaucoup pour « réduire le sel, le gras et supprimer différents additifs ». Il juge aussi que le seuil de 25 g par jour doit être relativisé en fonction du « métabolisme » de chacun.

La consommation de viande recule régulièrement en France depuis la fin des années 1990. En 2014, la viande de porc était la plus consommée (32,5 kilos/habitant), suivie de la volaille (26 kilos) et de la viande bovine (24 kilos).

Même tour de vis pour le sucre: l’Anses recommande de limiter les boissons sucrées à moins d’un verre par jour.

Et plus question de compter le jus d’orange du matin dans les cinq portions quotidiennes de fruits et légumes: moins riches en fibres et en vitamines, les jus de fruits, même pur jus, sont inclus dans les boissons sucrées. 

L’Anses encourage aussi à privilégier les légumes plutôt que les fruits. 

Côté matières grasses, il faudrait favoriser les huiles riches en omégas 3, comme celles de colza et de noix.

Ce rapport représente « une avancée notable », ont salué sept associations de défense de l’environnement (WWF, Greenpeace, Générations Futures…), qui regrettent toutefois que le lien entre santé et agriculture durable ou biologique ne soit pas évoqué.

Malgré le travail d’optimisation effectué, le niveau d’exposition à trois polluants (arsenic inorganique, acrylamide et plomb) reste « préoccupant », avertit aussi l’Anses, qui préconise « des efforts » pour réduire la teneur de ces contaminants dans les aliments.

Le Haut Conseil pour la santé publique et Santé publique France doivent maintenant s’appuyer sur cet avis pour réviser les conseils destinés au grand public.

. © AFP

© GETTY IMAGES NORTH AMERICA/AFP Larry French

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