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Session budgétaire : « un changement de culture à l’assemblée », dit Moetai Brotherson

©CP/Radio1

Ils ont 90 jours pour voter le budget 2024 du Pays. Les élus à l’assemblée de la Polynésie française étaient rassemblés ce jeudi matin pour l’ouverture solennelle de la session budgétaire. Mais il aura été finalement assez peu question de budget, en tout cas pas de façon précise, dans le discours de Moetai Brotherson. Qui assume : « Il va falloir s’habituer à un changement de culture à l’assemblée, un changement des relations entre l’assemblée et le gouvernement », mais qui ne baisse ni le ton ni la garde devant le « canal historique » du Tavini.

Pas de discours fleuve, ni technique, du président du Pays ce jeudi matin à Tarahoi pour l’ouverture de la session budgétaire. Moetai Brotherson a survolé quelques sujets qui vont occuper son gouvernement dans les mois qui viennent : « bifurcation écologique » vers les énergies renouvelables (« subventionner sans fin les hydrocarbures n’a pas de sens ») et entamer un « chantier de reconversion globale de toute la chaîne », avec en ligne d’horizon, très lointaine, les promesses de l’hydrogène ; la « première étude conjointe  État-Pays » sur le projet d’aéroport des Marquises ; les projets proposés dans le cadre d’appels à manifestations d’intérêt qui atteindraient 100 milliards ; la réduction des dépenses prévues pour les Jeux du Pacifique de 2027, car le précédent gouvernement aurait « fait l’impasse sur les coûts réels », « incompatibles avec le quotidien de notre peuple » ; la révision de la fiscalité, qui sera dit-il « plus juste et plus équitable » tout en « baissant la pression fiscale » ; la réforme de la protection sociale généralisée « en appelant la contribution de chacun » ; la question de la masse salariale qui atteint quasiment 36 milliards, pour une administration qui n’a pas assez de cadres et trop d’agents de catégories C et D ; et « une meilleure gestion de la dette publique, pour pouvoir recourir à l’emprunt ».

Et à ceux qui trouvent cette liste un peu décousue, et peu éclairante sur le projet de budget proprement dit, il répond : « Je leur donne rendez-vous lors du débat d’orientation budgétaire, c’est là qu’ils auront tout le ma’a dont ils ont visiblement très faim. »  Les déclarations de Tony Géros qui laissent entendre que les élus sont peut-être mieux préparés à s’attaquer au budget que ne l’est le gouvernement ? Pas de quoi se démonter pour le président du Pays, qui rappelle que le programme du Tavini, justement, engage les élus à proposer davantage de textes. Un « changement de culture » auquel il va falloir s’habituer, dit-il.

Soutien au ministre de l’Économie, du Budget et des Finances

Tevaiti Pomare, est-il « sur la sellette » ?  Non, Moetai Brotherson est satisfait de son travail jusqu’ici, même s’il semble regretter que les aspects techniques l’emportent pour l’instant sur les aspects macroéconomiques.

« Pas de révolution » dans le budget d’investissement

Pas de grandes surprises à attendre du budget d’investissement en 2024, dit le président du Pays : « Il n’y aura pas de révolution à ce niveau-là, on est contraint par le niveau des recettes, et par les engagements qui sont déjà sur les rails, par exemple tout ce qui relève du 3e instrument financier, on ne peut pas y mettre fin parce que c’est un co-financement entre l’État et le Pays donc on est obligé de mener ces projets à leur terme. On essaie simplement de flécher les investissements sur les secteurs prioritaires qu’on a définis, c’est notre manière d’être cohérents. »

Jour férié : une préférence pour Matari’i i ni’a

Sur la date du 1er septembre pour remplacer le jour férié du 29 juin Moetai Brotherson, visiblement surpris par l’annonce de Tony Géros, a improvisé sa réponse au pupitre : « Nous nous rejoignons sur la nécessité de trouver une date qui nous rassemble. Il ne faudrait pas que la prochaine date retenue relance une polémique », a-t-il déclaré, en rappelant que le 5 mars qui célèbre l’arrivée de l’Évangile au fenua est déjà un jour férié, et que le débat devrait être élargi à la société civile.

Enfin, avant de conclure son intervention, Moetai Brotherson a voulu ne laisser aucun doute au « canal historique » du Tavini sur ses convictions : « L’indépendantiste que je suis a tissé des relations fortes avec l’État, je ne vois pas l’État comme un adversaire mais comme un partenaire qui nous accompagne dans l’avenir que nous nous choisissons. Pour autant, je reste indépendantiste, mais aussi profondément républicain et démocrate. »

Loin des arcanes budgétaires, le président du Pays a plutôt les yeux tournés vers Washington, où Joe Biden recevra dimanche les dirigeants du Forum des îles du Pacifique, et sur New York pour la session de la 4e Commission de l’ONU début octobre. Il ne lui reste plus qu’à placer un tracker dans sa valise.

 

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