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Six mois ferme pour avoir frappé deux muto’i

Dani, 20 ans, a le sang chaud et l’insulte facile. Même devant deux muto’i d’un beau gabarit, il ne baisse pas le ton et va même jusqu’à leur distribuer des coups de boule. Des mouvements d’humeur qui lui ont valu d’être condamné ce jeudi à 6 mois de prison ferme.

Lundi dernier, les muto’i de Pirae sont appelés par les riverains du Royal Tahitien pour faire cesser des nuisances sonores. Ils se rendent sur les lieux et tombent sur des jeunes affairés autour d’un scooter que Dani est en train de réparer, son enceinte portative déversant ses décibels dans les oreilles du voisinage.

Les muto’i s’approchent alors et prennent Dani à part, lui demandant de baisser sa musique. Il les insulte : « tito’i, eure, vous n’avez pas autre chose à foutre ». Ils lui collent une amende et il part rejoindre son groupe de potes qui lui demandent de se calmer. Les muto’i repartent.

Un peu plus tard, alors qu’ils effectuent une ronde, ils croisent de nouveau Dani au niveau du CHPF. Au passage celui-ci les regarde et recommence les insultes, « eure, bande de charlots ». Cette fois les policiers municipaux tentent de l’interpeller. Ils essaient de le ceinturer pour lui mettre les menottes, un muto’i se tenant derrière lui, et l’autre devant, mais Dani distribue des coups de pieds et aussi un coup de tête en arrière qui vient toucher le muto’i au niveau du visage, lui occasionnant une déviation du nez. Il en assène un autre au policier devant lui, au niveau de l’arcade sourcilière. Entre temps, sa copine et sa grand-mère se mettent aussi de la partie, tentant d’empêcher les policiers de lui passer les bracelets. Ceux-ci parviennent toutefois à leurs fins.

« C’est parti tout seul, j’étais énervé »

À la barre, Dani explique qu’il n’a pas apprécié « qu’ils me fassent arrêter la musique qui n’était pas aussi forte que cela. », quant aux insultes, « c’est parti tout seul, j’étais énervé. »

Sur la bagarre et les coups de tête, « j’ai mis des coups de tête parce que celui qui était derrière moi m’étranglait et je n’arrivais pas à respirer. » Pour tenter de justifier sa réaction il met en avant sa consommation d’alcool. « On avait bu deux bouteilles de rhum, on fêtait la fin de contrat CAES. » Pourtant son taux d’alcool dans le sang montre qu’il n’était pas réellement en état d’ébriété, ce que relève le juge.

À son casier trois condamnations pour stups, alors qu’il était mineur. Pour l’un de ces faits, le dernier qui remonte à 2018, il est encore sous le coup de la récidive.

Les muto’i, présents dans la salle, sont appelés à la barre. L’un est une masse et l’autre est plutôt affûté. Le premier arbore un cocard, souvenir de Dani et l’autre a une déviation du nez et une dent branlante. Tous deux réclament 500 000 Fcfp pour préjudice. « Mes parents ont dépensé une fortune pour refaire mes dents et là, il y en a une qui bouge » se justifie l’un d’eux.

« Je souhaite ardemment que la Polynésie ne s’ensauvage pas »

« Les nuisances sonores sont légion en Polynésie surtout avec les boum boum » attaque le procureur, « les muto’i interviennent et sont outragés (…) Je reviens du pays de l’ensauvagement, la métropole, et je souhaite ardemment que la Polynésie ne s’ensauvage pas et que les valeurs que l’on a ici perdurent. Il faut que les forces de l’ordre puissent intervenir, il ne faut pas que Pirae ressemble à Grenoble ou à Nice. Au regard de la gravité des faits je requiers 12 mois de prison dont deux avec sursis et son maintien en détention. »

L’avocat de la défense à l’annonce du réquisitoire se déclare « abasourdi par ce que j’entends. On veut faire un exemple de mon client. Il s’est débattu et a eu une réaction de défense (…). Certes, il a eu des condamnations, mais il était mineur. Il travaille et sa mère compte l’envoyer à Tahaa dans une ferme perlière, justement pour qu’il échappe à ses mauvaises fréquentations. Quant aux 500 000 Fcfp, c’est énorme et ahurissant. »

Après avoir relevé l’état de récidive légale, les atteintes portées à l’intégrité des fonctionnaires, « qui sont des infractions graves », le tribunal l’a condamné à 12 mois de prison dont six avec sursis avec son maintien en détention, et à verser à chacun des mutoi, 200 000 Fcfp.

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