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Six mois ferme pour avoir vendu de l’ice

Y.T. comparaissait ce jeudi au tribunal de Papeete pour transport, détention et cession de stupéfiants. En l’occurrence trois sachets de 0,05g d’ice. Il a écopé de 18 mois de prison dont 12 avec sursis avec mandat de dépôt.

 Mardi 10 septembre dans le quartier de Vaininiore, la DSP assiste en direct à une transaction de drogue. Ils prennent en chasse le dealer qui prend la fuite, puis finissent par l’interpeller à son domicile. Dans la voiture du client, ils trouvent un sachet d’ice. Celui-ci, qui sera déféré prochainement, déclare qu’il était venu juste acheter du paka et que le sachet d’ice, un «ten» (10 000 Fcfp) de 0.05g, appartenait au dealer qui l’avait laissé tomber en prenant la fuite.

Lors de sa déposition au poste de police, Y.T. a expliqué avoir un fournisseur dont il refuse de donner l’identité. Celui-ci lui remet des sachets qu’il doit revendre et sur lesquels il touche une commission. Pour six sachets d’ice vendus, il perçoit 10 000 Fcfp.

À la barre, le jeune homme âgé de 21 ans semble mal à l’aise. Traits tirés et yeux rougis, il n’a pas l’attitude bravache que certains adoptent à la barre. Il faut tendre l’oreille pour l’entendre.

Le juge Bonifassi: «Comment s’appelle votre fournisseur ?».Y.T. les yeux rivés au plancher : «William» «Son nom de famille ?» «Je sais pas.» «Pourquoi ne pas l’avoir dit à la police ?» «Aujourd’hui j’ai décidé de dire la vérité.»

Le juge, inquisiteur : «Vous dites que vous ne le connaissez pas beaucoup, ce William, mais pourtant il vous remet de l’ice, non ? Il faut avoir confiance.». Pas de réponse.

Matuanui Danielsson, procureur de la République intervient. «Combien de fois tu as vendu de l’ice ?» « Deux fois depuis juillet. ». Le représentant du ministère public  hausse le ton. «Je ne te crois absolument pas. Tu risques d’aller en prison pour un bon bout de temps. Tu le sais cela ?(…) En combien de temps tu vends ton ice ? » Y.T., hésitant : « En deux ou trois jours…»

Et le procureur d’entamer son réquisitoire. « Nous savons que l’ice est un fléau qui rapporte beaucoup d’argent. Quand on a vendu son stock en deux ou trois jours, on se dépêche de se refaire un stock. (…) il faut que les dealers comprennent qu’ils vont payer autant que les gros trafiquants. C’est à cause de gens comme toi, les petits dealer, que la drogue fait des ravages.»

Y.T. tente de l’amadouer, chuchotant «J’ai signé la croix bleue.»

Colère du procureur Danielsson « Tu n’es pas sincère ! » et de joindre le geste à la parole d’un mouvement de tête vigoureux, le regard noir. « Le Mao’hi quand il est sincère on le voit !  Je réclame deux ans de prison dont un an de sursis. »

Pour l’avocate de la défense, Me Rebeyrol, plus calme, son client « est un petit dealer de bas étage. Si lors de son audition il n’a pas donné le nom de son fournisseur, c’est que le milieu de l’ice est un milieu violent. Avec le peu d’argent qu’il récupère, il améliore son ordinaire. Il achète de la nourriture et s’achète des vêtements. (…) son seul tort c’est d’avoir mis le doigt dans l’ice. » Pour son client, elle réclame la clémence : «Il n’a pas besoin de passer par la case Nuutania pour comprendre ou l’ice va le mener.»

Durant la suspension de séance, le procureur de la République descend de son estrade et se dirige vers le prévenu. Il se penche vers lui et d’un mouvement de main lui désigne le tatouage que celui-ci a sur son bras. Un diamant. Auparavant logo d’une marque de vêtements de surf, qui on ne sait pourquoi est devenu le symbole de l’ice à Tahiti. De cette manière, le procureur lui fait comprendre qu’on ne la lui fait pas à l’envers.

Après avoir délibéré, Y.T. est condamné à 18 mois de prison dont douze avec sursis et mandat de dépôt. Il a obligation de soins durant deux ans.

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2 Commentaires

  1. Mondo Junior
    13 septembre 2019 à 8h12 — Répondre

    Bravo et bon courage

  2. teve
    13 septembre 2019 à 8h21 — Répondre

    Bravo au procureur ! Lui a tout compris

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