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SOS médecins toujours là, 50 ans après une naissance compliquée

Paris (AFP) – Entre le médecin de famille et l’hôpital, joignable 24h/24 et 7j/7, SOS médecins, qui célèbre mercredi ses 50 ans, s’est construit une place à part dans les secours. Une organisation « révolutionnaire » loin de faire l’unanimité à l’époque.

« Notre présence aujourd’hui est au moins aussi utile qu’il y a 50 ans. Notre rôle n’est plus contesté, même si ça n’a pas toujours été le cas », se félicite Serge Smadja, secrétaire général de SOS médecins France à quelques jours du jubilé organisé à Paris dans le cadre de son 34e Congrès.

Représentants de la mairie de Paris, du Conseil national de l’Ordre des médecins et de l’Agence régionale de Santé seront présents pour l’occasion. Un accueil qui « contraste avec celui des débuts », relève amusé le fondateur de l’association, le Dr Marcel Lascar.

Son idée, « révolutionnaire pour l’époque », lui avait valu des menaces de radiation de la part du Conseil de l’Ordre et « l’hostilité des ministères de la Santé et de l’Intérieur », comme il aime à le rappeler.

« Les confrères craignaient qu’on leur pique leur clientèle et voyaient d’un mauvais oeil qu’on n’ait pas de cabinet », raconte l’octogénaire qui crée la première structure le 20 juin 1966. 

Quelques jours plus tôt, le jeune médecin parisien a déploré le décès d’un de ses patients d’une crise cardiaque faute d’avoir pu joindre un médecin le samedi après-midi. Or, « le week-end précédent, face à une fuite d’eau dans ma baignoire, j’avais pu être dépanné dans la nuit en un quart d’heure par SOS dépannage ». 

Pour le bouillonnant médecin, l’équation est simple: « j’ai repris contact la semaine suivante avec les plombiers qui m’ont loué un garage désaffecté et mis à disposition une radio, trois voitures et des téléphones ».

Le succès est quasi-immédiat. La presse enthousiaste salue ce nouveau service et le soutien de quelque médecins hauts placés permet de pacifier ses relations avec le Conseil de l’Ordre. 

– Un modèle exporté –

« La volonté à l’époque était de mieux organiser les permanences de soins en dehors des heures d’ouverture des cabinets, mais très vite est apparu le besoin de mettre en place un service 24h/24 pour répondre aux demandes de visites à domicile non prévues », rappelle M. Smadja. 

Les déserts médicaux et l’engorgement des urgences ne feront que renforcer le rôle de SOS médecins qui, à travers ses 62 associations, couvre aujourd’hui 60% de la population française et 90% des villes de plus de 100.000 habitants.

Avec 1.100 médecins permanents, l’association peut même, en pleine crise des vocations pour la médecine générale libérale, se targuer d’enregistrer depuis plusieurs années une lente augmentation (1,5% par an) de ses effectifs en dépit des contraintes propres à cet exercice.

Joignable de jour comme de nuit, week-ends et jours fériés compris, « cette organisation est plus fexible qu’il n’y parait et peut plaire aux praticiens qui souhaitent travailler trois nuits par semaine et être libres le reste du temps par exemple », observe M. Smadja.

L’absence de routine renforce son attractivité avec des interventions variées allant de la gastro-entérite à l’infarctus, de la pédiatrie au patient atteint d’une maladie chronique.

« Il faut évaluer assez vite la gravité de la situation, nouer un lien très rapidement avec le patient et au final trancher seul. C’est plus difficile qu’à l’hôpital où on peut effectuer une radio, un scanner, demander l’avis du cardiologue de garde… mais c’est aussi ce qui rend l’activité attrayante », témoigne après 30 ans d’exercice le Dr Smadja. 

Au début, les jeunes médecins venaient exercer à SOS médecins en attendant de trouver autre chose, aujourd’hui ils sont de plus en plus nombreux à y faire carrière, constate la structure dont le nom déposé a fait des émules de Dakar à Athènes en passant par Bruxelles.

Le Dr Patrick Brasseur, membre de SOS Médecins, en consultation à Paris le 16 janvier 2002. © AFP

© AFP/Archives JOEL ROBINE
Le Dr Patrick Brasseur, membre de SOS Médecins, en consultation à Paris le 16 janvier 2002

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