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Sous le feu des critiques, Bercy défend le "sérieux" de son budget pour 2017

Paris (AFP) – Des prévisions « prudentes », établies dans un souci de « discipline » et de « cohérence »: le gouvernement s’est employé à défendre la crédibilité de son projet de budget 2017, dévoilé mercredi et déjà l’objet de vives passes d’armes, à sept mois de la présidentielle.

« Ce budget est sérieux », a martelé devant la presse le ministre de l’Economie et des Finances Michel Sapin, en confirmant l’objectif de baisse du déficit public l’an prochain à 2,7% du PIB. « Cet engagement, nous le tiendrons », a-t-il ajouté.

 Le projet de loi de finances (PLF) 2017 officialise la réforme du prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu et confirme les baisses d’impôts annoncées par le gouvernement, ainsi que  la hausse des moyens alloués à l’emploi, la sécurité et l’éducation.

« Tout sera financé », a promis le ministre, niant tout laxisme dans l’élaboration du budget. Une réponse aux critiques de l’opposition, mais aussi à l’avis du Haut conseil des finances publiques (HCFP), organe indépendant chargé d’évaluer la crédibilité des prévisions budgétaires.

Rendu public mercredi, le verdict du HCFP a mis à mal le scénario de Bercy, en qualifiant d' »improbable » la réduction du déficit à 2,7%. Les prévisions du gouvernement tendent « à s’écarter du principe de prudence », en raison notamment d’une hypothèse de croissance « optimiste », a assené le Haut conseil. 

Le gouvernement a prévu pour l’an prochain une croissance de 1,5% du PIB. Or plusieurs organisations internationales ont revu à la baisse leurs hypothèses: l’OCDE table désormais sur une hausse du PIB de 1,3% et la FMI table sur seulement 1,2%, en raison des incertitudes liées au Brexit.

« Si nous avons choisi de maintenir cette hypothèse, c’est que nous avons décidé de ne pas réagir précipitamment aux évènements de l’été, dont les conséquences sont particulièrement incertaines », a assuré M. Sapin, affirmant être « conforté » par les résultats obtenus en 2015, meilleurs que prévus.

Un message relayé par le président Hollande, qui a qualifié le projet de budget de « crédible et sérieux » et s’est engagé à « continuer à faire baisser les déficits », par la voix du porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll.

– ‘Irresponsable’ –

Ce PLF 2017, le dernier du quinquennat, confirme la baisse d’un milliard d’euros de l’impôt sur le revenu, qui concernera cinq millions de foyers fiscaux, et le train de mesures en faveur des entreprises, d’un montant de cinq milliard d’euros, prévu dans le cadre du pacte de responsabilité.

Il consacre aussi l’entrée en vigueur au 1er janvier 2018 du prélèvement de l’impôt à la source, qui concernera les salaires du public et du privé, les revenus des dirigeants d’entreprise et des indépendants (commerçants, agriculteurs…), les retraites, les allocations ou encore les revenus fonciers. Pour les salariés, l’impôt sera prélevé par l’employeur, sur la base d’un taux transmis par le fisc.

Le PFL entérine également les hausses de dépenses liées aux différentes mesures annoncées par l’exécutif depuis le début de l’année, comme le plan pour l’emploi ou les aides aux agriculteurs. L’Etat, au total, devrait ainsi dépenser 381,7 milliards d’euros l’an prochain, soit 7,4 milliards d’euros nets de plus qu’en 2016. 

Parmi les missions prioritaires de l’Etat, l’éducation se verra dotée de 3 milliards d’euros supplémentaires, avec notamment plus de 11.000 créations de postes. L’emploi bénéficiera d’une rallonge de près de 2 milliards d’euros, tout comme la sécurité, avec par exemple 2.100 effectifs supplémentaires à la Justice et 1.746 à l’Intérieur.

Pour compenser ces hausses, Bercy prévoit des efforts supplémentaires du côté de la Sécurité sociale (1,5 milliard d’euros), de nouvelles économies sur les charges d’intérêt (1,2 milliard) et des rentrées d’argent plus fortes que prévu dans la lutte contre la fraude fiscale.

Il mise également sur des astuces fiscales, comme l’augmentation pour les grandes entreprises du dernier acompte de l’impôt sur les sociétés… qui permettra de faire glisser sur 2017 près de 530 millions d’euros qui auraient normalement dû être touchés l’année suivante.

Ces mesures d’économies sont jugées insuffisantes par la droite, qui dénonce des dépenses « sous-budgétées » et des « bidouillages ». 

La plupart des candidats à la primaire de la droite ont annoncé que l’objectif de réduction du déficit ne serait pas tenu, s’engageant à de fortes baisses d’impôts en cas de victoire. Une promesse qualifiée d' »irresponsable » par Michel Sapin.

Le centriste Philippe Vigier a, pour sa part, dénoncé un budget « insincère » et accusé M. Hollande de « dissimuler l’ampleur de son échec en multipliant les artifices et les tours de passe-passe budgétaires ».

« Nous préparons l’alternance. C’est avec ce regard que nous allons examiner le projet de loi de finances », a prévenu le président du Sénat Gérard Larcher (LR). 

A gauche, les frondeurs ne devraient pas non plus apporter leur soutien à un projet de budget jugé « dangereux parce qu’il manque d’ambition », a affirmé leur chef de file Christian Paul.

Le secrétaire d'Etat au Budget Christian Eckert et le ministre de l'Economie et des Finances à leur arrivée  le 28 septembre 2016 à pour la présentation du projet de loi de finances (PLF) 2017. © AFP

© AFP CHRISTOPHE ARCHAMBAULT
Le secrétaire d’Etat au Budget Christian Eckert et le ministre de l’Economie et des Finances à leur arrivée le 28 septembre 2016 à pour la présentation du projet de loi de finances (PLF) 2017

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