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Stanley, recordman de la cambriole

Mardi, le planning du tribunal était bien chargé. Entre violences conjugales, agressions sexuelles et autres, le ton n’était pas à la rigolade. Toutefois, une affaire a quelque peu détendu l’atmosphère. Celle de Stanley, champion toute catégorie du cambriolage.

Stanley, 45 ans, est un cambrioleur de haut vol. Non pas parce qu’il cambriole les musées aux protections hyper sophistiquées ou des joailliers mondialement connus, mais plutôt parce qu’il pourrait prétendre à voir son nom inscrit dans le Guinness des Records. « C’est le record de la maison » s’exclame le juge, mi-ému, mi-admiratif à la lecture de son casier. Quatre pages de vols et trente condamnations.

Alors qu’on lui rappelle les faits pour lesquels il comparait derrière la webcam en direct de Tatutu, où il purge une peine de quatre années, cumul des vols commis en 2019, Stanley semble perturbé par ce qu’on lui reproche. Un vol par effraction commis dans la nuit du 18 au 19 mars à Arue, où il a dû s’enfuir précipitamment, emportant juste un sac à dos.

« Euh excusez-moi, mais j’ai déjà été jugé pour ces faits. » Étonnement du juge, « vous êtes sûr ? » « Oui, oui, c’était en 2019. » « Et vous vous rappelez du jour ? » « Ben pas vraiment, je suis venu souvent. »

Suspension de séance pendant laquelle le greffier va se plonger dans les archives afin de vérifier les dires de Stanley. Retour du greffier et du juge : « alors effectivement, vous avez déjà cambriolé cet appartement, les faits sont les mêmes, mais pas le butin. Visiblement vous y êtes retourné plusieurs fois. » Petite introspection du prévenu, puis : « ah oui, effectivement. »

« Je vole pour mes besoins »

Évoquant ses vingt années de vols ininterrompus, mâtinés d’un peu de stups, histoire de varier les plaisirs, le juge s’informe : « comment vous expliquez votre parcours ? » « Je vole pour mes besoins. »

Interrogé sur ses activités en prison, il explique qu’il travaille à la buanderie. « Où cela ? » demande le juge, le son n’étant pas des meilleurs avec le masque et la liaison internet. « À l’aumônerie », lui répète l’avocat de la défense. « Ah et qu’est-ce que vous faites à l’aumônerie ? » « Ben, je lave les draps. » Éclats de rire dans la salle tandis que l’avocat se confond en excuses auprès du juge. « Comme cela je rembourse un peu mes victimes au fur et à mesure que je gagne de l’argent », poursuit l’accusé qui n’a pas relevé le quiproquo.

« J’avoue que je suis à court d’imagination… »

La procureure, habituellement prolixe et sûre d’elle, semble perdue au moment d’entamer ses réquisitions. « Encore un cambriolage en récidive, il a trente condamnations et j’avoue que je suis à court d’imagination… deux ans ferme ? Allez, allons-y pour deux ans ferme. »

Pour l’avocat de la défense, « c’est vrai que mon client est un cas particulier. Je rentre en prison, je sors de prison, je vole, je rentre en prison etc… toutefois, il a commencé à rembourser ses victimes. Je demande une confusion de peine avec la peine de mars 2019. »

Avant de se retirer pour délibérer, le juge donne la parole à l’accusé. En général c’est le moment où celui-ci présente ses excuses et jure au grand jamais qu’on ne l’y reprendra plus. Stanley n’a pas failli à cette tradition : « J’exprime tous mes regrets et beaucoup d’excuses aux victimes, la prison me donne l’occasion de réfléchir. J’ai ma dose, et quand je ressortirai , vous ne me reverrez plus. »

Il a été condamné à 12 mois de prison, peine qui sera confondue avec les quatre années qu’il purge actuellement.

 

 

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1 Commentaire

  1. Microstring
    20 août 2020 à 9h18 — Répondre

    Visiblement, la solution pour Stanley n’est pas la prison. On le constate, la Justice ne répond pas à l’attente des citoyens en l’emprisonnant…

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