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Succession de Cameron: Theresa May se détache, inquiétude sur l'économie

Londres (AFP) – La ministre de l’Intérieur Theresa May est arrivée mardi largement en tête du premier vote des députés conservateurs destiné à désigner le nouveau Premier ministre d’un Royaume-Uni en proie aux premiers signes de panique liés au Brexit sur le marché immobilier.

Mme May, une eurosceptique qui avait finalement rejoint la campagne pro-UE, a reçu le soutien de la moitié des 330 députés tories, soit 165 voix. Elle est suivie par la ministre pro-Brexit de l’Énergie Andrea Leadsom (66 voix), le ministre de la Justice Michael Gove (48), le secrétaire d’État aux Retraites Stephen Crabb (34).

Arrivé en cinquième position avec 16 voix, l’ancien ministre de la Défense Liam Fox est lui éliminé de la course pour trouver un remplaçant à David Cameron, qui a annoncé sa démission le 24 juin, suite au vote en faveur du Brexit.

Un Brexit qui commence à provoquer un vent de panique sur le marché immobilier britannique, avec trois fonds – Standard Life, Aviva Investors et M&G Investment – qui ont brutalement suspendu leurs activités depuis le début de la semaine face à l’afflux des demandes de remboursements.

« Les dominos commencent à tomber sur le marché immobilier commercial britannique », a estimé Laith Khalaf, analyste chez Hargreaves Lansdown, pour qui « cela n’est probablement qu’une question de temps avant de voir d’autres fonds suivre le même chemin ».

Une prédiction inquiétante alors que le dernier crash immobilier dans le pays, à l’orée de la crise financière mondiale de 2008, avait démarré par les difficultés de fonds d’investissements à faire face à leurs obligations.

– Libre circulation –

Le processus de sélection du Premier ministre qui va gérer la situation de crise économique et politique née de la sortie de l’UE doit se poursuivre jeudi puis mardi prochain, pour parvenir à dégager deux finalistes qui seront ensuite départagés par un vote des 150.000 militants conservateurs durant l’été. L’élu(e) sera désigné(e) officiellement le 9 septembre.

Dans cette compétition, le ministre de la Justice Michael Gove, l’une des figures de proue du camp du Brexit, souffre d’un manque de confiance auprès des députés après sa candidature surprise, vécue comme une trahison envers Boris Johnson.

L’ancien maire de Londres, qui a fait sensation en se retirant de la course, a décidé de se ranger derrière Andrea Leadsom, 53 ans, une quasi inconnue du grand public avant la campagne référendaire.

Theresa May a répété lundi son intention, si elle est élue, de mettre dans la balance, lors des négociations avec l’UE, le sort des trois millions de citoyens européens installés au Royaume-Uni, ce que refusent ses adversaires.

Sur l’activation de l’article 50, pour enclencher la procédure de divorce, Theresa May et Michael Gove sont d’accord pour prendre leur temps, malgré la pression des Européens qui souhaitent aller le plus vite possible.

« Je ne comprends pas que le camp de ceux qui veulent quitter l’UE ait besoin de temps et de réfléchir avant de savoir ce qu’il faut faire », a raillé mardi le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, moquant par ailleurs les « tristes héros d’aujourd’hui », Boris Johnson et Nigel Farage – le chef démissionnaire du parti europhobe Ukip -, qui « quittent le navire » après avoir prôné le Brexit.

M. Juncker, ainsi que le président du Conseil européen Donald Tusk, ont tous deux répété que le Royaume-Uni devrait accepter les règles européennes de libre circulation s’il veut garder accès à son marché intérieur.

– Référendum hongrois –

« Nous ne braderons pas nos libertés, et il n’y aura pas de marché unique +à la carte+ », a insisté M. Tusk alors que la Hongrie a annoncé qu’elle organiserait le 2 octobre son propre référendum sur le plan européen de répartition des réfugiés entre les pays membres.

Le commissaire européen aux Affaires économiques Pierre Moscovici a lui critiqué la proposition du ministre britannique des Finances, George Osborne, de réduire l’impôt sur les sociétés à moins de 15% pour contrer les effets économiques négatifs du Brexit.

« Nous ne devons pas être dans la concurrence fiscale exacerbée entre nous ou dans le dumping fiscal », a-t-il déclaré.

Mais côté britannique, il y a urgence: outre le marché immobilier, la croissance dans le secteur des services, prépondérant dans l’économie du pays, a affiché un très net ralentissement en juin, a indiqué le cabinet Markit.

Face aux craintes de récession, la Banque d’Angleterre a réagi en incitant les banques à ouvrir les vannes du crédit pour les ménages et les entreprises.

Dans la perspective du désengagement du Royaume-Uni, le secrétaire d’Etat britannique aux Affaires européennes David Lidington a laissé entendre que des discussions étaient « en cours » sur la possibilité que son pays renonce à assurer la présidence tournante du Conseil de l’UE, de juillet à décembre 2017.

La ministre de l'Intérieur britannique Theresa May le 30 juin 2016. © AFP

© AFP/Archives FRANTZESCO KANGARIS
La ministre de l’Intérieur britannique Theresa May le 30 juin 2016

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