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Syrie: 4.000 rebelles quittent Alep

Alep (Syrie) (AFP) – Les dernières évacuations se poursuivaient jeudi dans la poche rebelle d’Alep après le départ d’au moins 4.000 insurgés, la Croix-Rouge internationale espérant avoir terminé vendredi cette opération qui doit permettre au régime de proclamer la reconquête totale de la deuxième ville de Syrie.

Le président syrien Bachar al-Assad a affirmé que « la libération » d’Alep n’était pas seulement « une victoire » pour la Syrie, mais aussi pour l’Iran et la Russie, les soutiens indéfectibles de son régime, engagé depuis 2011 dans une guerre civile qui a fait plus de 310.000 morts.

La fin des évacuations est cruciale pour le régime qui doit annoncer la reprise totale d’Alep, son plus important succès en près de six ans de guerre dévastatrice. Mais les opérations pourraient durer jusqu’à vendredi, a indiqué le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), qui supervise le processus.

« Les évacuations vont durer toute la journée et toute la nuit, et probablement demain (vendredi). Des milliers (de personnes) doivent encore être évacuées », a indiqué la porte-parole en Syrie du CICR, Ingy Sedky, alors que « plus de 4.000 combattants » ont déjà quitté le réduit rebelle dans la nuit.

– Rebelles à bord de pick-up –

Munis d’armes légères, des rebelles à bord d’une vingtaine de pick-up, taxis et voitures ont quitté la métropole dans la matinée, traversant le point de transit de Ramoussa dans le sud d’Alep, pour se rendre en zone rebelle, à l’ouest de la métropole, selon un correspondant de l’AFP.

Et en début d’après-midi, une dizaine de bus ont également quitté la poche rebelle d’Alep. A leur passage, un loyaliste a brandi un grand drapeau syrien.

Lancée le 15 décembre, l’opération complexe d’évacuation a subi plusieurs retards en raison de la méfiance entre belligérants, des problèmes logistiques et depuis mercredi d’une tempête de neige qui a ralenti le transit des véhicules vers des territoires rebelles.

La neige a cessé de tomber jeudi sur Alep mais les personnes attendent par un temps glacial d’être évacuées.

« Il est difficile de prévoir quand l’opération sera terminée car les routes sont enneigées », a indiqué à l’AFP un responsable du groupe rebelle Ahrar al-Cham, Ahmad Qorra Ali.

D’après un nouveau bilan du CICR, environ 34.000 personnes ont été évacuées depuis le 15 décembre de l’enclave rebelle d’Alep, ravagée par les offensives successives du régime et plus de quatre ans de combats, mais surtout les bombardements de l’armée syrienne et de son allié russe des derniers mois.

Le régime a lancé sa dernière offensive terrestre et aérienne le 15 novembre déversant pendant un mois un déluge de feu sur les quartiers rebelles où des dizaines de milliers d’habitants étaient soumis à un siège asphyxiant et manquaient de tout depuis juillet. 

C’est à l’issue de cette opération qu’un accord parrainé par la Russie et l’Iran, alliés indéfectibles du régime, et par la Turquie, soutien de la rébellion, a permis les évacuations des civils et des rebelles souhaitant partir, acculés dans un réduit.

– « Ingérence flagrante » –

Aucun chiffre officiel syrien n’a été fourni sur le nombre des personnes évacuées et transférées en zone rebelle. De même, aucune estimation précise du nombre de personnes restant encore dans la poche rebelle n’était disponible.

Simultanément, les évacuations des localités chiites de Foua et Kafraya, assiégées par les insurgés dans la province voisine d’Idleb, se poursuivaient jeudi, comme prévu par l’accord sur Alep. 

Au total, environ 1.000 personnes ont été évacuées de ces localités, tandis que des centaines attendent encore de sortir, selon un nouveau chiffre du CICR.

Alors que de nombreuses atrocités ont été commises durant la guerre en Syrie, l’Assemblée générale des Nations unies a approuvé la création d’un groupe de travail chargé de préparer des dossiers sur les crimes de guerre dans ce pays, première étape vers la poursuite en justice des responsables de ces crimes.

L’ambassadeur syrien à l’ONU, Bachar Jaafari, a qualifié cette initiative d' »ingérence flagrante dans les affaires » de la Syrie.

A Moscou, le ministre de la Défense Sergueï Choïgou a annoncé que les bombardements de l’aviation russe en Syrie ont permis de « liquider » 35.000 combattants depuis le début de son intervention en septembre 2015.

Les soutiens militaires russe et iranien ont été déterminants dans le conflit syrien pour renverser la situation au profit du régime. Avec Ankara, Téhéran et Moscou semblent avoir pris la main dans le dossier syrien, après avoir écarté les Etats-Unis et les Occidentaux.

Alep « est une défaite pour tous les pays hostiles au peuple syrien et qui ont utilisé le terrorisme pour satisfaire leurs intérêts », a affirmé le président Assad jeudi en recevant un vice-ministre iranien des Affaires étrangères.

Déclenché en mars 2011 par la répression de manifestations pacifiques pro-démocratie, le conflit syrien s’est complexifié au fil des années, impliquant de multiples belligérants soutenus par différentes puissances régionales et internationales.

Des rebelles syriens évacués d'Alep, le 22 décembre 2016 . © AFP

© AFP Omar haj kadour
Des rebelles syriens évacués d’Alep, le 22 décembre 2016

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