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Syrie: Alep sous les bombes du régime, des dizaines de morts

Alep (Syrie) (AFP) – La ville syrienne d’Alep vivait de nouveau vendredi l’enfer des raids incessants du régime avec des dizaines de morts, au moment où l’ONU compte demander au régime son feu vert pour larguer de l’aide aux habitants affamés et assiégés en Syrie.

Lors d’une réunion à huis clos du Conseil de sécurité à New York, le patron des opérations humanitaires de l’ONU Stephen O’Brien a dit que cette autorisation était nécessaire pour fournir par voie aérienne nourriture et médicaments aux cités encerclées.

Dans la deuxième ville du pays ravagé par plus de cinq ans de guerre, au moins 38 civils ont péri depuis le petit matin dans des frappes de l’aviation du régime de Bachar al-Assad sur les quartiers est contrôlés par les rebelles et leurs environs, selon la défense civile.

Ces bombardements, « d’une folle intensité » selon un correspondant de l’AFP, sont les plus forts depuis un mois. La violence est telle que la prière du vendredi a été annulée et les rues ont été désertées, alors que les frappes se poursuivaient en fin d’après-midi.

Dans le quartier d’al-Kallassé, un bulldozer dégageait des gravats et des amas de ferraille près d’un immeuble totalement effondré. Et dans celui d’Ansari, le secouriste Khaled affirme à l’AFP que « la défense civile est à pied d’oeuvre à la recherche de survivants sous les décombres ».

– Alep-Est « assiégée » –

Au moins 28 civils ont péri par la chute de barils d’explosifs largués par l’aviation, une arme destructrice dénoncée par les ONG, tandis que dix sont morts dans un raid contre un bus circulant sur la route du Castello, le seul axe permettant un contact des secteurs rebelles avec l’extérieur, selon la défense civile.

L’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH) a souligné que six enfants figuraient parmi les victimes.

« La route du Castello est de facto coupée car tout mouvement est visé, que ce soit celui des bus ou des passants », a déclaré à l’AFP Rami Abdel Rahmane, le directeur de l’OSDH. Cela signifie que les quartiers rebelles, où vivent quelque 200.000 personnes, « sont désormais totalement assiégés ».

Alep, l’ancienne capitale économique située dans le nord syrien, est divisée entre quartiers rebelles à l’est et quartiers contrôlés par les forces gouvernementales à l’ouest. La veille, les bombardements du régime ont tué 19 civils.

D’après les médias du régime, deux enfants ont péri dans des tirs des rebelles sur les quartiers gouvernementaux.

Toutes les tentatives de faire respecter durablement les trêves entre rebelles et régime ont échoué ces derniers mois, de même que les efforts d’un règlement politique du conflit qui a fait plus de 280.000 morts, poussé à la fuite des millions de personnes et favorisé la montée en puissance du groupe jihadiste très redouté Etat islamique (EI).

L’escalade de la violence renforce l’urgence des aides humanitaires dans le pays, où près de 600.000 personnes, selon l’ONU, vivent dans 19 zones ou localités encerclées par les belligérants, principalement par le régime, et près de quatre millions dans des zones difficiles d’accès.

La réunion du Conseil de sécurité de l’ONU vise à trouver les moyens de secourir les habitants assiégés dont nombre d’entre eux souffrent de malnutrition. 

– Faire pression sur le régime –

Le représentant français à l’ONU, François Delattre a exhorté la Russie à augmenter la pression sur son allié syrien pour faciliter l’accès de l’aide aux villes assiégées.

D’après le porte-parole de l’ONU Stéphane Dujarric, il faudra recourir à des hélicoptères pour transporter les secours, estimant que « dans les zones urbaines, les largages par avion ne sont pas envisageables ».

La difficulté des largages est d’autant plus grande que le ciel syrien est encombré par les avions russes, syriens et de la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis.

Dans la province d’Alep, le fief rebelle de Marea continuait vendredi d’opposer une farouche résistance aux centaines de jihadistes de l’EI impliqués dans une offensive pour reprendre la ville où des munitions ont été larguées par la coalition dirigée par Washington.

Dans cette même province, les Forces démocratique syriennes (FDS), alliance dominée par les Kurdes, tentent de s’emparer de la ville de Minbej, principale voie de ravitaillement depuis la Turquie pour Raqa, capitale de facto des jihadistes. 

« Des dizaines de familles de jihadistes étrangers de l’EI ont fui Minbej et Jarablos (autre fief de l’EI à 30 km plus au nord) vers Raqa », d’après l’OSDH.

De l’autre côté de la frontière, en Irak, les forces gouvernementales soutenues par l’aviation de l’allié américain se heurtent à la résistance de l’EI à Fallouja, à une cinquantaine de km à l’ouest de Bagdad, où sont bloqués quelque 50.000 civils.

Un secouriste dans les rues d'Alep en Syrie, le 3 mai 2016 . © AFP

© AFP THAER MOHAMMED
Un secouriste dans les rues d’Alep en Syrie, le 3 mai 2016

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