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Syrie: Alep toujours sous les bombes, l'ONU consternée

Alep (Syrie) (AFP) – La nouvelle pluie de bombes larguées samedi sur les quartiers rebelles d’Alep en Syrie a tué au moins 45 civils, le patron de l’ONU se déclarant « consterné » par une « escalade militaire épouvantable ».

Pour le cinquième jour consécutif, l’est de la ville d’Alep (nord) a subi le feu du régime et son allié russe et le correspondant de l’AFP sur place a décrit de nouvelles scènes d’horreur et constaté l’ampleur des destructions.

Ajoutant à leurs souffrances, les habitants de la deuxième ville de Syrie ont été privés d’eau samedi à cause des bombardements, selon l’Unicef.

Alep est un enjeu majeur du conflit syrien, qui a fait plus de 300.000 morts depuis 2011 et engendré la pire crise humanitaire depuis la Seconde Guerre mondiale. Le régime de Bachar al-Assad en contrôle la partie ouest et assiège la partie est, tenue par les insurgés.

La guerre en Syrie et la situation dans la deuxième ville du pays ont été au coeur de plusieurs réunions cette semaine à New York en marge de l’Assemblée générale des Nations unies mais Russes et Américains n’ont pas réussi à s’entendre sur un nouveau cessez-le-feu.

La dernière trêve des combats, initiée par Washington et Moscou, qui soutiennent des camps opposés dans ce conflit complexe, avait volé en éclats une semaine après son entrée en vigueur le 12 septembre.

Depuis la fin de cette trêve, les frappes ont repris de plus belle sur Alep et l’armée syrienne a annoncé jeudi le début d’une vaste offensive avec « des opérations de reconnaissance et de bombardements » en prélude à « une opération terrestre » pour reprendre la totalité de la ville.

– Corps déchiquetés –

Samedi, les frappes de l’aviation russe et les barils d’explosifs largués par le régime y ont fait au moins 45 morts dont 10 enfants et 4 femmes, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). La veille, au moins 47 civils avaient perdu la vie dans les bombardements.

Les habitants sont restés terrés chez eux samedi et rares ont été les personnes à s’aventurer dehors. Sept d’entre elles ont été fauchées par une bombe alors qu’elles faisaient la queue pour acheter du yaourt dans le quartier de Boustane al-Qasr, d’après l’OSDH.

Le correspondant de l’AFP a décrit une scène tragique, avec une mare de sang et des parties de corps déchiquetées sur le sol. Les cliniques étaient débordées par l’arrivée des nombreux blessés, dont beaucoup gémissaient de douleur au sol, faute de lits.

Pour le directeur de l’OSDH Rami Abdel Rahmane, le régime cible Boustane al-Qasr car « il veut pousser les gens à partir pour les zones tenues par le gouvernement et reprendre ce secteur » proche de la ligne de démarcation.

Dans ce quartier et celui d’Al-Kalasseh, certaines rues ont quasiment disparu en raison de l’effondrement des bâtiments, selon le correspondant de l’AFP.

Totalement dépassés par l’ampleur des bombardements, les « Casques blancs » ont indiqué qu’il ne leur restait désormais que deux camions de pompiers pour remplir leur mission de secouristes dans l’ensemble des quartiers insurgés.

Les ambulances ont du mal à circuler en raison du manque d’éclairage -dû aux coupures de courant- et de carburant ainsi qu’aux gravats dans les rues, qui rendent certains secteurs inaccessibles.

– ‘Crimes de guerre’ –

Des habitants et militants ont décrit l’utilisation d’un nouveau type de projectiles qui secoue le sol comme un tremblement de terre,  fait s’écrouler un immeuble de plusieurs étages comme un château de cartes et en détruit également le sous-sol, où les habitants trouvent habituellement refuge.

Dans un communiqué, le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a assuré qu’Alep vivait « son bombardement le plus intense et soutenu depuis le début du conflit syrien ».

Il a fait état « d’informations persistantes sur des raids aériens impliquant des armes incendiaires et des munitions perfectionnées comme des bombes capables de perforer des bunkers » et affirmé que « l’apparente utilisation systématique » de ces bombes dans des zones habitées « pouvait constituer des crimes de guerre ».

Lors d’une conférence de presse à Istanbul, la coalition de l’opposition syrienne en exil a de nouveau fustigé samedi « silence de la communauté internationale » et l’a appelée à agir pour « faire cesser les massacres ».

A la tribune de l’ONU à New York, le ministre syrien des Affaires étrangères Walid Mouallem a lui regretté que « certains pays continuent de verser des larmes de crocodile sur la situation des Syriens dans certaines zones », comme Alep, tout en « continuant de soutenir et armer les terroristes (..) ». Damas qualifie ainsi tout individu ou groupe ayant pris les armes contre lui.

Avant une réunion samedi à Boston avec ses homologues anglais, français allemand et italien, le secrétaire d’Etat américain John Kerry a jugé que la situation à Alep était « inacceptable ». « Cela dépasse les bornes », a-t-il dit, pointant du doigt la Russie, qui devrait « montrer l’exemple ».

Selon l’Unicef, les bombardements ont endommagé la station de pompage qui alimente l’est d’Alep et les réparations n’ont pas été possibles à cause des violences, privant d’eau courante les quelque 250.000 habitants de la partie rebelle. En représailles, la station de pompage -située dans l’est- qui alimente l’ouest de la ville a été arrêtée et 1,5 million de personnes du côté loyaliste ont aussi été affectées.

Les puits profonds pourraient pallier cette coupure mais, à Alep-Est, leur eau est contaminée d’après l’Unicef, qui craint « l’apparition catastrophique de maladies à transmission hydrique ».

Un tracteur déblaye les ruines d'un immeuble détruit par une frappe aérienne dans un quartier rebelle d'Alep, le 24 septembre 2016
. © AFP

© AFP THAER MOHAMMED
Un tracteur déblaye les ruines d’un immeuble détruit par une frappe aérienne dans un quartier rebelle d’Alep, le 24 septembre 2016

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