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Syrie: aucune sortie de la zone rebelle d'Alep pendant la trêve

Alep (Syrie) (AFP) – Aucun civil ni combattant n’a quitté vendredi les quartiers rebelles d’Alep assiégés par le régime syrien, durant une nouvelle « pause humanitaire » décrétée par la Russie qui a pris fin en soirée. 

L’armée syrienne, soutenue par l’aviation russe, avait lancé le 22 septembre une vaste offensive pour reprendre les quartiers contrôlés par les insurgés, dans l’est d’Alep, menant quatre semaines de bombardements intenses sur ce secteur assiégé par le régime de Bachar al-Assad.

La « pause humanitaire » de 10 heures a expiré à 17H00 GMT. Les couloirs humanitaires, instaurés pour évacuer les civils et les rebelles qui souhaitaient quitter les quartiers est de la rébellion, sont restés déserts.

« Aucun civil ni combattant n’a quitté les quartiers est », a indiqué à l’AFP le directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH) Rami Abdel Rahmane. Un journaliste de l’AFP a constaté la même chose. Cependant, le calme régnait dans la ville.

Depuis plus de trois mois, les forces du régime assiègent le secteur est où vivent au moins 250.000 personnes, privées d’aide humanitaire et menacées de pénurie alimentaire.

Se démarquant de la proposition russe, l’ONU avait fait savoir qu’elle n’était « pas impliquée » dans « cette annonce unilatérale » et un responsable d’un groupe rebelle avait dénoncé une initiative sans « aucune valeur ».

Les rebelles ont tiré dans l’après-midi sept roquettes sur la route du Castello, un axe d’évacuation qui était réservé aux combattants mais aussi aux civils, a indiqué l’agence officielle Sana, qui accuse « les groupes terroristes » d’avoir « empêché les civils de quitter les quartiers Est ».

Selon elle, un journaliste syrien a été « blessé par des éclats » tandis que l’armée russe a indiqué que  deux de ses soldats avaient été « légèrement blessés » par des « tirs rebelles » sur la route du Castello.

Le 22 octobre, un premier cessez-le-feu de trois jours mis en place à Alep par les armées russe et syrienne avait expiré sans avoir permis l’évacuation de civils et de blessés, ni le retrait de combattants des quartiers Est.

– Rebelles ‘pas concernés’ –

Yasser Al-Youssef, un responsable du groupe rebelle Noureddine Zinki, a indiqué que les insurgés n’étaient « pas concernés » par cette trêve, qu’il a qualifiée d' »instrumentalisation politique et médiatique pour alléger les pressions internationales qui pèsent sur Moscou ».

David Swanson, porte-parole du Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha), a lui indiqué que les évacuations médicales pouvaient seulement avoir lieu « si les parties en conflit prennent toutes les mesures pour assurer un environnement approprié, ce qui n’a pas été fait ». 

Il s’est dit « très, très inquiet » sur la situation humanitaire à Alep.

Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha) a indiqué que seul « 30 médecins exerçaient encore dans six hôpitaux partiellement opérationnels » dans les quartiers est, « soit un médecin pour 9.000 personnes ».

Les quartiers est devraient être privés de denrées alimentaires d’ici la mi-novembre, selon le communiqué d’Ocha, qui indique que « certains patients ont recours à des sacs mortuaires pour se réchauffer ». 

La trêve intervient alors que les rebelles ont lancé le 28 octobre une vaste offensive, depuis l’extérieur d’Alep, côté ouest, pour tenter de briser le siège du régime.

Deux civils ont été tués vendredi dans des tirs de roquettes des rebelles sur un quartier gouvernemental d’Alep, selon la télévision étatique syrienne.

Mais le front, à la périphérie ouest, connaissait une relative accalmie, malgré les frappes aériennes intermittentes du régime, selon l’OSDH.

– Inquiétude d’Amnesty –

Jeudi, au moins 12 civils avaient été tués et 200 blessés par des tirs de roquettes des insurgés sur les quartiers ouest, tenus par le gouvernement, selon Sana. L’OSDH a fait état de 15 morts dont cinq enfants.

Le contrôle d’Alep est déterminant aux yeux des belligérants pour asseoir leur pouvoir dans le nord de la Syrie, ravagée depuis 2011 par une guerre qui a fait plus de 300.000 morts.

L’offensive syro-russe sur Alep lancée le 22 septembre avait fait 500 morts selon l’ONU et entraîné la destruction d’infrastructures civiles. Moscou avait décréter le 18 octobre un arrêt des bombardements en « geste de bonne volonté ».

La trêve « ne se substitue pas à un accès humanitaire sans entrave et impartial », a mis en garde Amnesty international, qui réclame « la protection des civils sur le long terme ».

Des proches devant l'hôpital al-Razi à Alep après les tirs et les salves de roquettes des rebelles sur les quartiers ouest d'Alep, le 3 novembre 2016. © AFP

© AFP GEORGE OURFALIAN
Des proches devant l’hôpital al-Razi à Alep après les tirs et les salves de roquettes des rebelles sur les quartiers ouest d’Alep, le 3 novembre 2016

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