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Syrie: avancée du régime à Alep, MSF dénonce "un bain de sang"

Beyrouth (AFP) – Le régime de Damas progressait vendredi face aux rebelles dans la métropole d’Alep, bénéficiant notamment des frappes de son allié russe qui en un an de campagne militaire en Syrie ont tué plus de 3.800 civils.

L’organisation Médecins sans frontières (MSF) a appelé vendredi Damas et Moscou à mettre un terme « au bain de sang » à Alep, deuxième ville de Syrie et principal front du conflit.

L’avancée de l’armée syrienne survient au moment où les Etats-Unis et la Russie –parrains respectifs de l’opposition et du régime– sont au bord de la rupture sur le conflit qui ravage le pays depuis cinq ans.

Washington menace d’arrêter sa coopération diplomatique et Moscou reste inébranlable dans sa décision de poursuivre la guerre malgré la situation à Alep qui, selon l’ONU, fait face à « la plus grave catastrophe humanitaire jamais vue en Syrie ».

Plus d’une semaine après avoir annoncé une large offensive pour reconquérir la partie rebelle, l’armée syrienne progressait vendredi dans le nord et le centre de la métropole, grignotant le territoire rebelle, d’après l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH) et les médias officiels.

Alep est divisée depuis 2012 en secteur gouvernemental dans l’ouest et quartiers rebelles dans l’est. 

Dans le nord, « après avoir repris jeudi aux rebelles l’ancien camp de réfugiés palestinien de Handarat, les forces du régime ont capturé vendredi matin l’ancien hôpital Kindi », a affirmé à l’AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l’OSDH.

– Stratégie de grignotage –

La prise de cette position permettrait au régime de menacer Hellok et Haydariyé, deux quartiers rebelles du nord-est, d’après lui.

« Grâce à cette stratégie de grignotage, le régime veut atteindre le coeur des quartiers rebelles », dit M. Abdel Rahmane.

Dans le centre, des combats faisaient rage à Souleimane al-Halabi, situé sur la ligne de démarcation, l’armée tentant de capturer la partie rebelle de ce quartier divisé et d’avancer vers la station de pompage d’eau qui alimente notamment la partie gouvernementale de la ville.

D’après l’agence officielle Sana, huit civils ont été tués et 35 autres ont été blessés vendredi par des roquettes tirées par les rebelles sur la partie gouvernementale de Souleimane al-Halabi et Midane, un quartier adjacent.

Dans leur opération terrestre, les troupes du régime sont soutenues par des frappes russes, d’après M. Abdel Rahmane.

Le correspondant de l’AFP a constaté que les frappes aériennes étaient concentrées désormais sur les zones de combats et non plus sur tous les quartiers résidentiels comme cela était le cas durant la dernière semaine. 

Depuis le début de l’offensive de l’armée le 22 septembre, des raids d’une violence indescriptible selon le journaliste de l’AFP et des ONG ont réduit en poussière des immeubles, et provoqué une situation humanitaire catastrophique, avec des hôpitaux submergés de blessés dans les quartiers rebelles, assiégés depuis pratiquement deux mois.

Le président américain Barack Obama et la chancelière allemande Angela Merkel ont condamné avec force « les raids aériens barbares des Russes et du régime syrien sur l’est d’Alep, une zone où habitent des centaines de milliers de civils ».

La campagne aérienne russe a été lancée il y un an jour pour jour pour appuyer le régime alors en difficulté. Depuis, elle a fait 9.364 morts selon un décompte de l’OSDH, dont 3.804 civils.

Les frappes russes ont aussi tué 2.746 combattants du groupe jihadiste Etat islamique (EI) et 2.814 membres de différents groupes rebelles et islamistes, et blessé au moins 20.000 civils, a précisé M. Abdel Rahmane.

Malgré des récents appels internationaux à cesser ses raids, notamment sur Alep, la Russie a poursuivi ses frappes depuis la fin, le 19 septembre, d’un court cessez-le-feu négocié avec les Américains.

– Enfants sans abris –

L’aviation russe va continuer « son opération en soutien à la lutte antiterroriste des forces armées syriennes », a déclaré jeudi le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov.

« Tout l’est d’Alep est devenu une cible géante », a dénoncé le directeur des opérations de MSF, Xisco Villalonga, dans un communiqué qui appelle Damas et ses alliés « à mettre un terme aux bombardements qui provoquent un bain de sang parmi les civils ».

« Tous les services de soins intensifs sont pleins. Les patients doivent attendre que d’autres meurent pour espérer y obtenir un lit », déplore Dr. Abou Wassim qui dirige l’hôpital de prise en charge des traumatismes, une structure soutenue par MSF dans l’est d’Alep.

Les enfants d’Alep n’ont nulle part où se réfugier, pas même dans les écoles souterraines censées les protéger des bombardements en raison de l’utilisation de « bombes antibunker », a dénoncé pour sa part l’ONG Save the Children.

Les forces pro-gouvernementales syriennes prennent position à Alep, dans le district de Souleimane al-Halabi, situé sur la ligne de démarcation, le 30 septembre 2016. © AFP

© AFP GEORGES OURFALIAN
Les forces pro-gouvernementales syriennes prennent position à Alep, dans le district de Souleimane al-Halabi, situé sur la ligne de démarcation, le 30 septembre 2016

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