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Syrie: des milliers de civils fuient les combats à Alep-Est

Alep (Syrie) (AFP) – L’ONU s’alarmait mardi de la situation « effrayante » à Alep-Est, où des milliers de civils fuient les combats et les bombardements au fur et à mesure de l’avancée des forces du régime syrien face à des rebelles aux abois.

La France a appelé à une réunion immédiate du Conseil de sécurité de l’ONU alors que le régime de Bachar al-Assad semble proche de sa plus grande victoire depuis le début du conflit en 2011. 

Son armée et les milices qui le soutiennent se sont en effet emparées de plus de 30% du territoire rebelle ces trois derniers jours dans la deuxième ville du pays, principal enjeu du conflit qui a fait plus de 300.000 morts en plus de cinq ans.

Cette avancée rapide a provoqué la fuite d’Alep-Est de près de 16.000 civils « au cours des derniers jours », a annoncé le patron des opérations humanitaires de l’ONU, Stephen O’Brien.

Cette exode se poursuivait mardi, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), en faisant état de combats dans plusieurs quartiers. Dix civils ont été tués par un bombardement dans celui de Bab al-Nayrab. 

Selon l’ONU, 10.000 habitants ont rejoint Alep-Ouest, contrôlé par le régime, tandis que 4.000 à 6.000 ont trouvé refuge dans la petite enclave de Cheikh Maqsoud aux mains des forces kurdes.

Des milliers d’autres familles fuient vers les quartiers méridionaux d’Alep-Est toujours contrôlés par les rebelles. Mais ils sont parfois obligés de dormir dans la rue, affrontant le froid et la faim, a constaté un correspondant de l’AFP.

La situation est « alarmante et effrayante », a résumé M. O’Brien. Car, en plus de « l’intensification des combats au sol et les bombardements aériens aveugles », plus aucun hôpital ne fonctionne et « les stocks alimentaires sont pratiquement épuisés ». « C’est une lente descente aux enfers », a renchéri Bettina Luescher, porte-parole du Programme alimentaire mondial (PAM).

Selon des images obtenues par l’AFP, des rues entières apparaissent dévastées par les destructions.

– Discussions à l’ONU –

Face à cette « catastrophe humanitaire », le ministre français des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault a demandé que le Conseil de sécurité se réunisse « immédiatement » afin « d’examiner la situation de cette ville martyre et les moyens d’apporter secours à sa population ».

Des consultations sur la Syrie y étaient déjà prévues mardi.

« Plus que jamais, il y a urgence à mettre en œuvre une cessation des hostilités et à permettre un accès sans entrave de l’aide humanitaire », a estimé M. Ayrault, au lendemain d’un appel similaire lancé par l’ONU et le chef de la diplomatie britannique Boris Johnson.

En Russie, le principal allié de Damas, le porte-parole du ministère de la Défense, le général Igor Konachenkov, a critiqué la « cécité » des Occidentaux « dès qu’il s’agit d’évaluer la situation réelle à Alep ». Les opérations de l’armée « ont permis ces dernières 24 heures de changer radicalement la situation », s’est-il félicité.

Avec l’appui de l’aviation russe, l’armée syrienne avait mené ces derniers mois offensive après offensive pour recapturer la partie Est de la métropole divisée depuis 2012. Mais c’est la dernière en date, lancée le 15 novembre, qui a brisé les défenses rebelles, incapables de résister à la puissance de feu terrestre et aérienne déployée par Damas et ses alliés étrangers, comme le Hezbollah chiite libanais.

Une chute totale d’Alep-Est infligerait aux différents groupes d’insurgés leur pire défaite depuis 2011 et permettrait au régime de se lancer dans la conquête d’autres villes qui lui échappent, comme Idleb (nord).

– « Ni nourriture, ni eau » –

L’offensive du régime a provoqué la mort de plus de 250 civils depuis le 15 novembre à Alep-Est, selon l’OSDH. Les rebelles ont parallèlement tué au moins 40 civils en bombardant les zones gouvernementales d’Alep-Ouest.

A Alep-Est, « il n’y a ni nourriture, ni eau, ni abri, ni moyens de transport », a résumé Ibrahim Abou Laith, porte-parole des Casques blancs, le service de secouristes d’Alep-Est.

Les Casques blancs ont d’ailleurs prévenu que leurs réserves d’essence étaient épuisées, ce qui rend impossible leur déplacement en voiture pour secourir les civils après les bombardements.

Le Kremlin a pour sa part annoncé le déploiement d’hôpitaux de campagne dans les alentours d’Alep.

Amnesty International s’est inquiété des risques de « représailles » contre les civils fuyant Alep-Est « à la lumière de la longue et sombre histoire de détentions arbitraires et de disparitions » liées au régime.

Des civils fuient les quartiers d'Alep-Est, le 29 novembre 2016 . © AFP

© AFP
Des civils fuient les quartiers d’Alep-Est, le 29 novembre 2016

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