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Syrie: deux résolutions discutées à l'ONU, Washington dénonce des "crimes de guerre"

Nations unies (Etats-Unis) (AFP) – Le Conseil de sécurité de l’ONU doit examiner samedi deux textes visant à instaurer un cessez-le-feu à Alep, ville syrienne bombardée sans relâche par Damas et son allié russe, que les Etats-Unis ont accusé de « crimes de guerre ».

Les deux résolutions seront défendues l’une par la France qui appelle à la fin des raids, l’autre par la Russie qui ne le mentionne pas.

Le texte russe, obtenu par l’AFP vendredi, « réclame l’instauration immédiate d’une cessation des hostilités, notamment à Alep » et demande à toutes les parties de permettre l’accès à l’aide humanitaire.

L’ambassadeur britannique Matthew Rycroft a rejeté ce texte, estimant qu’il s’agissait d’une manoeuvre russe destinée à « cyniquement détourner l’attention de la nécessité d’arrêter les bombardements sur Alep ».

Le texte de Moscou a été présenté au Conseil peu après que la Russie eut prévenu qu’elle était prête à bloquer le texte de la France avec son droit de veto.

« Je ne vois tout simplement pas comment nous pourrions laisser cette résolution passer », a déclaré à la presse Vitali Tchourkine, ambassadeur de Russie à l’ONU.

Les membres du Conseil négocient depuis une semaine cet autre projet de résolution de Paris destiné à mettre un terme à l’intense bombardement de la ville assiégée d’Alep, à permettre l’acheminement de l’aide humanitaire et à arrêter tous les survols militaires de la ville.

Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault a prévenu que le vote de samedi sera « un moment de vérité pour tous les membres du Conseil de sécurité (…) en particulier pour nos partenaires russes », invoquant « une révolte de la conscience humaine ».

Jeudi, l’envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, s’était alarmé d’une destruction totale d’Alep-est d’ici janvier et avait montré du doigt la Russie.

Il avait aussi proposé que les combattants de l’organisation jihadiste Front Fateh al-Cham (ex Front Al-Nosra, branche syrienne d’Al-Qaïda) quittent les quartiers de l’est d’Alep et que le régime syrien et son allié russe suspendent leurs bombardements après le départ des jihadistes. La Russie s’est dit « prête à soutenir » cette initiative si le Front Fateh al-Cham partait effectivement de la ville.

– ‘Terroriser les civils’ –

Les chefs de la diplomatie américaine et française, John Kerry et Jean-Marc Ayrault, ont dénoncé côte à côte vendredi à Washington des « crimes de guerre » perpétrés contre des hôpitaux et des écoles de cette ville martyre d’Alep, divisée depuis 2012 et devenue le front crucial d’une terrible guerre qui fait plus de 300.000 morts et provoqué la pire tragédie humanitaire depuis la Seconde guerre mondiale.

En recevant son homologue français, le secrétaire d’Etat américain a affirmé que « la nuit dernière, le régime (syrien) a encore attaqué un hôpital et 20 personnes ont été tuées et 100 blessées », sans donner plus de détails.

Cette semaine, des bombardements ont détruit le principal hôpital des quartiers rebelles assiégés d’Alep-Est, où survivent plus de 250.000 habitants.

« La Russie et le régime doivent au monde plus qu’une explication sur les raisons pour lesquelles ils ne cessent de frapper des hôpitaux, des infrastructures médicales, des enfants et des femmes », a tonné John Kerry en réclamant « une enquête adéquate pour crimes de guerre ».

Jean-Marc Ayrault a lui aussi rappelé que « le secrétaire général des Nations unies (Ban Ki-moon) avait parlé de crimes de guerre ».

« C’est la réalité », a-t-il accusé à l’adresse de Moscou et Damas.

« Ceux qui commettent ces (actes) devront être tenus pour responsables. Cela va bien au delà de l’accident. C’est une stratégie ciblée pour terroriser les civils et quiconque se met en travers de leurs objectifs militaires », a encore protesté le patron de la diplomatie américaine.

Appuyé par l’aviation russe, le régime de Damas a lancé il y a deux semaines une offensive de grande envergure pour reprendre les quartiers rebelles d’Alep, ravagés par des bombardements d’une extrême violence qui ont tué des centaines de personnes et détruit des infrastructures civiles.

Des Casques blancs syriens évacuent un blessé après des frappes aériennes, le 4 octobre 2016 à Alep. © AFP

© AFP THAER MOHAMMED
Des Casques blancs syriens évacuent un blessé après des frappes aériennes, le 4 octobre 2016 à Alep

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