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Syrie: détresse grandissante des civils à Alep, vote à l'ONU

Alep (Syrie) (AFP) – La détresse grandissait dimanche parmi les milliers de civils syriens affamés et bloqués dans le froid dans la ville d’Alep et dont la sortie a été retardée une nouvelle fois par des désaccords sur une autre opération d’évacuation.

Le Conseil de sécurité de l’ONU doit se prononcer dimanche sur un projet de résolution présenté par la France demandant le déploiement d’observateurs dans la deuxième ville de Syrie, où les civils attendaient pour la troisième journée consécutive en vain les bus chargés de les évacuer.

Dans la dernière poche rebelle totalement assiégée par l’armée syrienne, l’attente est insoutenable notamment pour des dizaines de blessés dont certains commencent à succomber, mettent en garde des médecins sur place.

Le correspondant de l’AFP qui s’est rendu dans un hôpital du secteur a décrit les conditions lamentables qui y règnent, avec des malades et des blessés allongés sur le sol, sans eau, sans nourriture et pratiquement sans chauffage alors que les températures avoisinent les -6 degrés celsius la nuit.

Un physiothérapeute, Mahmoud Zaazaa, a confié à l’AFP qu’il ne restait plus dans la zone « que trois médecins, un pharmacien et trois infirmiers ».

Principal obstacle pour la sortie des civils d’Alep: un désaccord sur le nombre de personnes à évacuer de Foua et Kafraya, deux localités chiites tenues par le régime et assiégés par les rebelles dans la province d’Idleb, voisine de celle d’Alep, au nord-ouest du pays en guerre. 

– L’ONU ‘alarmée’ –

Selon l’accord conclu entre la Turquie, soutien de la rébellion, et la Russie et l’Iran, alliés du régime, cette évacuation devait avoir lieu en même temps que celle d’Alep. Les rebelles ont accepté la sortie de 1.500 personnes de Foua et Kafraya alors que Téhéran réclame la sortie de 4.000.

Les 15 membres du Conseil de sécurité de l’ONU se réuniront à 11H00 locales à New York (16H00 GMT) pour voter sur un texte présenté par la France prévoyant l’envoi d’observateurs à Alep, malgré l’opposition de la Russie, alliée du régime de Bachar al-Assad et qui dispose d’un droit de veto, ont annoncé samedi soir des diplomates.

Le projet de résolution indique que le Conseil « s’alarme » de la crise humanitaire qui s’aggrave dans la ville et du fait que « des dizaines de milliers d’habitants d’Alep assiégés » ont besoin d’aide et d’être évacués.

La résolution demande que le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon fasse déployer rapidement à Alep le personnel humanitaire de l’ONU déjà présent en Syrie « pour une surveillance adéquate neutre et une observation directe » de « l’évacuation des parties assiégées d’Alep ».

Faisant état de « signalements sur des exécutions de civils », le président américain Barack Obama avait déjà réclamé vendredi un déploiement d’observateurs impartiaux pour superviser les évacuations.

Le secrétaire d’Etat américain John Kerry avait dit craindre qu’Alep ne devienne un « autre Srebrenica », du nom de cette ville de Bosnie où fut commis en 1995 le pire massacre en Europe depuis la Seconde guerre mondiale.

L’incertitude demeure quant à la reprise des évacuations, malgré un appel du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), qui supervise les opérations, pour « sauver ces milliers de vies ».

Les évacuations avaient été suspendues vendredi, 24h après la sortie de quelque 8.500 personnes, selon un chiffre de l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).

Il resterait environ 40.000 civils et entre 1.500 et 5.000 combattants avec leurs familles dans le réduit rebelle, selon l’émissaire de l’ONU pour la Syrie Staffan de Mistura.

Une fois l’exode terminé, le régime devrait proclamer la reprise totale de la ville, enregistrant ainsi sa plus importante victoire dans la guerre sanglante qui dure depuis 2011 et qui a fait plus de 310.000 Morts.

Dans le quartier d’Al-Amiriyah, d’où commence le périple, des milliers de personnes, dont des enfants, passent la nuit dans les ruines des immeubles selon le journaliste de l’AFP.

– ‘Fatigué’ –

Privés d’eau potable et de nourriture, épuisés, ils subsistent en mangeant des dattes.

« Je suis fatigué de devoir porter mes affaires et revenir chaque jour en vain », se plaint Abou Omar, dont les quatre enfants sont malades à cause du froid.

Un responsable du groupe islamiste Ahrar al-Cham, chargé des négociations, Al-Farouk Abou Bakr, a assuré à l’AFP qu’un accord avait été trouvé et indiqué qu’il était « possible » que la reprise des opérations intervienne dimanche.

Parallèlement, les chefs de la diplomatie russe, turque et iranienne ont décidé samedi d’avancer d’une semaine, au mardi 20 décembre, leur réunion à Moscou pour discuter de la situation en Syrie.

Après des années de bombardements et un siège de plus de quatre mois, l’offensive lancée le 15 novembre a permis à l’armée syrienne et à des milices alliées de reprendre plus de 90% des quartiers que les rebelles contrôlaient à Alep depuis 2012.

Les bombardements incessants du régime ont fait des centaines de morts et poussé plus de 100.000 habitants à fuir.

Un enfant avec quelques jouets récupérés dans les décombres de sa maison le 17 décembre 2016 à rubble of his house in Aleppo's Al-Arkoub dans la banlieue d'Alep. © AFP

© AFP Youssef KARWASHAN
Un enfant avec quelques jouets récupérés dans les décombres de sa maison le 17 décembre 2016 à rubble of his house in Aleppo’s Al-Arkoub dans la banlieue d’Alep

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