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Syrie: la population en proie à la faim et au froid fuit Alep

Alep (Syrie) (AFP) – Les rebelles ont perdu le tiers d’Alep-Est, leur principal bastion, face aux forces du régime syrien qui espère rapidement reprendre cette partie de la ville que fuit la population en proie à la faim et au froid.

Le Conseil de sécurité des Nations unies doit discuter mardi à New York (nord-est des Etats-Unis) du conflit syrien.

La chute totale de la partie orientale de la grande cité du nord de la Syrie infligerait aux différents groupes d’insurgés leur pire défaite depuis le début de la guerre en 2011.

Après avoir résisté au siège imposé depuis juillet au secteur rebelle par le régime de Damas, près de 10.000 civils ont fui ces derniers jours les bombardements dévastateurs et les combats de rues des quartiers Est, dont 6.000 vers la petite enclave de Cheikh Maqsoud contrôlée par les forces kurdes, et le reste vers les zones gouvernementales, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).

« C’est le premier exode de ce genre à Alep-Est » en plus de quatre ans, a relevé Rami Abdel Rahmane, directeur de l’OSDH.

D’autres familles se sont réfugiées dans des quartiers encore contrôlés par les insurgés, où des habitants leur ont donné des couvertures pour affronter le froid de la nuit.

– Lutte déséquilibrée –

« Ce sont les pires journées depuis le début du siège. La situation est catastrophique. Il y a un exode massif et le moral est au plus bas », a témoigné Ibrahim Abou Laith, porte-parole des Casques blancs, le service de secouristes d’Alep-Est. « Il n’y a ni nourriture, ni eau, ni abri, ni moyens de transport (…) Les gens dorment dans la rue », a-t-il dit, la voix brisée. « Jusqu’à quand le monde sera-t-il contre nous? »

Lundi, l’ONU s’est à nouveau dite « extrêmement inquiète » pour les 250.000 civils piégés « dans des conditions horribles », demandant « instamment à tous les belligérants de cesser leurs bombardements aveugles (…) et de laisser entrer l’assistance humanitaire d’urgence ».

Les troupes du président syrien Bachar al-Assad se sont emparées en totalité lundi du nord-est d’Alep, où au moins six civils ont péri, selon l’OSDH.

En perdant un tiers d’Alep-Est, les rebelles essuient « leur plus grand revers depuis 2012 », a commenté Rami Abdel Rahmane.

Après avoir repoussé plusieurs offensives du régime pendant un an, ils sont cette fois submergés par l’opération terrestre et aérienne déclenchée le 15 novembre par l’armée, avec le soutien de combattants étrangers aguerris.

La lutte est devenue trop déséquilibrée car « nous affrontons l’Iran et la Russie » qui soutiennent militairement le régime, déplore Yasser al-Youssef, un responsable du groupe de rebelles Noureddine al-Zinki, un des principaux d’Alep.

La reconquête de la ville par le régime « serait un tournant » dans la guerre dévastant la Syrie depuis le printemps 2011, car elle montrerait que « l’opposition est incapable d’avoir un succès majeur sur le plan militaire » et de se poser comme « choix alternatif » face à Damas, souligne Fabrice Balanche, expert de la Syrie au Washington Institute. 

La chute d’Alep-Est constituerait aussi une défaite pour les alliés de l’opposition (Arabie saoudite, Qatar, Turquie…) et les Occidentaux. 

Elle renforcerait en revanche les soutiens de Damas, au premier rang desquels la Russie, qui a fortement contribué à affaiblir les rebelles depuis le début de son intervention en septembre 2015.

– Plus d’essence –

Les Casques blancs ont prévenu lundi que leurs réserves d’essence étaient épuisées, rendant impossible leur déplacement en voiture pour secourir les civils après les bombardements.

Les habitants d’Alep-Est vivent dans des conditions extrêmement difficiles. Ils manquent de vivres et de médicaments, en raison du siège imposé depuis quatre mois et des bombardements incessants.

L’offensive déclenchée le 15 novembre a tué au moins 247 civils (18 lundi), dont 32 enfants, à Alep-Est, selon l’OSDH. Les rebelles ont parallèlement tué au moins 40 civils (12 lundi), dont 18 enfants, en bombardant les zones gouvernementales d’Alep-Ouest.

La progression des forces du régime s’est accélérée avec la prise samedi du quartier de Massaken Hanano, le plus grand d’Alep-Est, permettant ensuite à l’armée de prendre le contrôle lundi des quartiers de Sakhour, d’Haydariyé et deCheikh Khodr et couper Alep-Est en deux, selon l’OSDH et les médias officiels syriens.

Des soldats des forces gouvernementales syriennes avancent au milieu des ruines d'immeubles, dans le quartier Bustan al-Basha, le 28 novembre 2016 à Alep

In a major breakthrough in the push to retake the whole city, regime forces captured six rebel-held districts of eastern Aleppo over the weekend, including Masaken Hanano, the biggest of those in eastern Aleppo.  
. © AFP

© AFP GEORGE OURFALIAN
Des soldats des forces gouvernementales syriennes avancent au milieu des ruines d’immeubles, dans le quartier Bustan al-Basha, le 28 novembre 2016 à Alep

In a major breakthrough in the push to retake the whole city, regime forces captured six rebel-held districts of eastern Aleppo over the weekend, including Masaken Hanano, the biggest of those in eastern Aleppo.

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