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Syrie: laborieuses discussions à Genève, violence sur le terrain

Genève (AFP) – Alors que l’ONU tente toujours péniblement de lancer des discussions de paix à Genève entre les deux principaux belligérants syriens, la violence se poursuit dans ce conflit aux ramifications inextricables.

Au deuxième jour du nouveau processus de négociations en Suisse entre le régime de Damas et l’opposition syrienne, aucune discussion détaillée ne s’était encore engagée vendredi avec l’ONU, et encore moins entre les deux parties.

Au même moment, le général Joseph Votel, commandant des opérations militaires américaines au Moyen-Orient, a effectué une visite secrète dans le nord de la Syrie pour rencontrer des dirigeants des Forces démocratiques syriennes (FDS), une coalition locale antijihadiste soutenue par Washington.

Cette visite du commandement militaire américain au Moyen-Orient (Centcom) est une première sous l’administration du nouveau président Donald Trump.

Pendant ce temps, la violence secoue toujours la Syrie. Un attentat-suicide revendiqué par le groupe jihadiste Etat islamique (EI) a ainsi fait plus de 50 morts (34 civils et 17 rebelles) vendredi près d’Al-Bab, fief de l’EI dans le Nord, qui avait été repris la veille par les insurgés alliés aux Turcs.

Un autre attentat contre un barrage à l’entrée d’Al-Bab a tué deux soldats turcs.

– Opportunité ‘historique’ –

Ces attaques ne sont pas directement liées aux négociations de Genève puisque l’EI est exclu du processus intersyrien, mais elles illustrent la fragilité de toute « normalisation » dans un pays ravagé par six ans de guerre, où interviennent des acteurs multiples aux agendas différents.

Par ailleurs, une trentaine de rebelles avaient été tués jeudi dans des raids aériens du régime syrien à l’ouest de la métropole d’Alep (nord), reconquise fin décembre par les forces de Damas.

Selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), une famille de huit personnes, dont six enfants, a également été tuée vendredi dans des frappes aériennes sur le village d’Al-Hmeirat, dans la province de Hama (centre), conduites par l’aviation russe ou syrienne.

Un cessez-le-feu conclu fin décembre sous les auspices de la Russie, alliée de Damas, et de la Turquie, soutien de l’opposition, est pourtant censé s’appliquer au régime et à l’opposition armée.

A Genève, les pourparlers officiellement ouverts jeudi soir ont été présentés par l’ONU comme une opportunité « historique » de mettre fin à un conflit qui a fait en six ans plus de 310.000 morts et des millions de réfugiés.

Trois sessions de discussions indirectes à Genève avaient déjà échoué en 2016.

Mais les belligérants ne se parlent toujours pas et les discussions entre l’émissaire de l’ONU Staffan de Mistura et les représentants du régime et de l’opposition s’enlisent déjà.

M. de Mistura a successivement rencontré vendredi les représentants du régime et de l’opposition, et il doit poursuivre ses entretiens durant le week-end. Mais aucune question de procédure – et encore moins de fond – ne semblait réglée vendredi soir.

« Ce sera un processus long et difficile », a répété Michael Contet, assistant de M. de Mistura, lors d’un point de presse. Quant à la question de savoir si les négociations se feraient en face à face, un format souhaité par l’ONU, elle n’est pas encore tranchée, a-t-il admis, évoquant des « difficultés ».

Le médiateur de l’ONU a remis à chaque délégation un « papier » qui, selon des sources proches des négociations, mentionne les trois thèmes sur lesquels l’ONU veut engager les discussions: gouvernance, Constitution et élections.

– Le sort d’Assad divise –

Mais la gouvernance du pays pendant une période de transition est loin d’avoir le même sens pour Damas et ses alliés russe et iranien d’un côté, pour l’opposition de l’autre.

Les premiers veulent que le président syrien Bachar al-Assad reste aux manettes jusqu’à ce que le « peuple » décide de son sort par les urnes. Les seconds réclament un « organe de transition ayant tous les pouvoirs exécutifs », tel qu’il avait été prévu dans un texte international de 2012 (Communiqué de Genève), texte qui selon eux écarte Assad du pouvoir.

Au même moment à New York (Etats-Unis), les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni ont réclamé vendredi à l’ONU des sanctions contre les auteurs d’attaques à l’arme chimique en Syrie, et un projet de résolution pourrait être soumis au vote dans les prochains jours.

A la fois le régime de Damas et l’EI ont été mis en cause en octobre pour des attaques précises, dans un rapport de l’ONU et de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC).

Mais la Russie a déjà annoncé qu’elle mettrait son veto à un tel projet de résolution. Selon une source diplomatique française, même avec un veto, la résolution, soutenue par les Etats-Unis, adresserait cependant un « message fort » au régime de Damas et à son indéfectible allié russe, au moment des pourparlers de Genève.

© AFP Nazeer al-Khatib
Un rebelle syrien marche dans la ville de al-Bab le 24 février 2017

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