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Syrie: l'accord russo-américain compromis par "un recul" de Moscou

Hangzhou (Chine) (AFP) – La Russie « a reculé » sur certains points dans ses négociations avec les Etats-Unis sur la Syrie, rendant impossible dans l’immédiat un accord de coopération entre les deux puissances, ont annoncé dimanche de hauts responsables américains.

« Les Russes ont reculé sur des points où nous pensions pourtant nous être mis d’accord, donc nous nous retournons vers nos capitales respectives pour consultation », a déclaré sous couvert de l’anonymat un haut responsable du Département d’Etat présent au G20 de Hangzhou (est de la Chine).

La diplomatie américaine avait entretenu plus tôt dans la journée les spéculations sur l’imminence d’un accord russo-américain.

Le Secrétaire d’Etat John Kerry a expliqué plus tard à la presse qu’il avait certes rencontré « pendant plusieurs heures » dimanche son homologue russe Sergueï Lavrov, mais sans parvenir à dissiper des divergences persistantes.

« Tout le monde sait à quel point il s’agit d’une question compliquée, en raison des différentes forces en présence. Il y a quelques points délicats que (M. Lavrov) doit revoir et examiner, et sur lesquels je dois moi-même me pencher », a ajouté M. Kerry.

Les chefs de la diplomatie des deux Etats doivent se rencontrer à nouveau « lundi matin » en marge du G20 « pour voir s’il est possible ou non de combler nos divergences et d’arriver à une conclusion sur les points (qui divisent) », a détaillé le secrétaire d’Etat.

Ce nouvel entretien a été confirmé à l’AFP par le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, qui a suggéré qu’il pourrait même être avancé et intervenir dès dimanche soir.

« Et si nous ne parvenons pas (à un accord), nous prendrons ensuite le temps qu’il faut pour être certain de faire ce qui nous offre les meilleures chances de succès », a insisté John Kerry.

Des experts militaires et diplomates russes et américains avaient récemment poursuivi des discussions marathon à Genève sur une possibilité de parvenir « à une cessation des hostilités large et importante ».

– ‘Cela vaut le coup’ –

Moscou et Washington, qui effectuent séparément des frappes contre les jihadistes en Syrie, restent cependant en désaccord sur le sort du président syrien Bachar al-Assad, le premier étant fermement opposé à son départ réclamé par le second.

De son côté, l’armée du régime de Damas continue de cibler les forces de l’opposition syrienne, avec l’appui de la Russie, mais au grand dam des Occidentaux.

Selon M. Poutine, la principale difficulté des discussions reste de déterminer quel groupe de combattants fait partie de l’opposition à Bachar al-Assad dite « modérée » et quel groupe est jihadiste.

Le président américain Barack Obama, interrogé dimanche à l’issue d’une rencontre avec la Première ministre britannique Theresa May, s’était montré circonspect.

« John Kerry et son homologue russe travaillent sans relâche, en continu, tout comme nombre d’autres négociateurs, pour évaluer à quoi pourrait ressembler une véritable cessation des hostilités », avait-il reconnu devant la presse.

Cependant, « nous n’en sommes pas encore là » et les pourparlers sont « difficiles », même si « nos discussions avec les Russes sont cruciales », avait-il aussitôt ajouté.

Vendredi, le président russe Vladimir Poutine avait estimé que Moscou et Washington pourraient parvenir « bientôt » à un accord. « Nous avançons petit à petit dans la bonne direction », avait-il déclaré, selon des propos diffusés par le Kremlin.

Barack Obama a averti néanmoins que les Etats-Unis approchaient les discussions sur une nouvelle trêve syrienne avec « une dose de scepticisme », mais que cela « valait le coup d’essayer ».

« Il y a des enfants, des femmes et des civils innocents privés de traitements médicaux et de nourriture, et qui pourraient profiter d’un répit dans la terreur ininterrompue des bombardements: cela mérite de faire des efforts », a-t-il noté.

Le président russe Vladimir Poutine avant le début du sommet du G20 à Hangzhou, le 4 septembre 2016. © AFP

© POOL/AFP Mark Schiefelbein
Le président russe Vladimir Poutine avant le début du sommet du G20 à Hangzhou, le 4 septembre 2016

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