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Syrie: l'armée annonce une réduction de ses bombardements sur Alep

Damas (AFP) – L’armée syrienne a annoncé mercredi une réduction de ses bombardements sur les quartiers rebelles de la ville d’Alep (nord), que le régime et son allié russe visent sans relâche depuis le début il y a deux semaines d’une vaste offensive.

Dans un communiqué, l’armée a affirmé avoir pris cette décision après l’avancée des forces prorégime dans le secteur d’Alep tenu par les insurgés, situés dans l’est de la métropole et où vivent environ 250.000 personnes.

Dans un contexte diplomatique très tendu depuis le début de cette offensive militaire, le ministre français des Affaires étrangères se rend jeudi à Moscou et vendredi à Washington pour pousser un projet de résolution sur un cessez-le-feu dans la deuxième ville de Syrie.

Jean-Marc Ayrault entend dire aux Russes que la situation « choquante et honteuse » à Alep « ne peut pas continuer » et « qu’il faut arrêter le massacre ».

Depuis l’annonce le 22 septembre par l’armée de l’offensive pour reprendre les quartiers rebelles d’Alep, des bombardements extrêmement violents y ont tué 270 civils selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH) et détruit des infrastructures civiles, comme leur principal hôpital.

Sur le terrain, les forces prorégime ont progressé dans le centre-ville, dans le nord et le sud de l’ancienne capitale économique de Syrie.

« Après les succès de nos forces armées à Alep (…), le commandement a décidé de diminuer le nombre de bombardements aériens et d’artillerie sur les positions des terroristes (ndlr: rebelles dans le jargon du régime) », a indiqué l’armée dans un communiqué repris par les médias officiels.

Le texte, qui ne précise pas si cette réduction s’applique aussi aux frappes de la Russie, indique que cette décision a été prise également « pour permettre aux civils qui veulent partir d’atteindre des zones sûres ».

– Projet « politisé » –

La violence de l’assaut sur Alep, sévèrement critiquée par les pays occidentaux, qui en rendent la Russie responsable et évoquent des « crimes de guerre », a amené Washington à interrompre ses discussions avec Moscou sur le rétablissement d’un cessez-le-feu.

Le secrétaire d’Etat américain John Kerry et son homologue russe Sergueï Lavrov ont toutefois eu un échange téléphonique mercredi à propos de la Syrie, selon l’agence officielle russe TASS.

Russes et Américains travaillaient depuis quelques mois à tenter de trouver une solution au bain de sang en Syrie, où le conflit a tué plus de 300.000 depuis 2011 et entraîné la pire crise humanitaire depuis la Seconde guerre mondiale.

Les deux puissances avaient notamment initié le mois dernier une trêve dans le pays en guerre, qui a échoué au bout d’une semaine et n’a pas permis la distribution d’aide humanitaire à Alep-Est.

Depuis peu, la France a entrepris de faire revenir le thème de la Syrie devant le Conseil de sécurité de l’ONU et a confirmé mercredi son intention de déposer d’ici la fin de la semaine une résolution à l’ONU.

Les quinze membres du Conseil de sécurité étudient depuis lundi ce projet français, qui appelle à rétablir un cessez-le-feu à Alep afin de permettre un accès humanitaire aux quartiers rebelles et à interrompre les survols de la ville par des appareils militaires.

Les cinq membres permanents, qui ont droit de veto, ont déjà discuté de la proposition française et la Russie a dit ne pas soutenir ce projet qu’elle considère comme « politisé ».

– 18 zones assiégées –

Plus que jamais derrière le régime syrien, Moscou a annoncé mercredi un renforcement de son dispositif naval en Méditerranée, où son seul porte-avions devrait en outre arriver courant octobre.

C’est dans ce contexte délicat que Jean-Marc Ayrault doit rencontrer jeudi à Moscou Sergueï Lavrov, auquel il entend « parler un langage de vérité ».

« Les bombardements, les morts d’enfants, de femmes, de vieillards, (…) les hôpitaux visés, les écoles détruites, ce n’est pas possible, ça ne peut pas continuer », a dit le chef de la diplomatie française mercredi sur la chaîne LCI.

L’ONU a officiellement classé mercredi comme « zone assiégée » les quartiers d’Alep contrôlés par les rebelles car ils réunissent trois critères: encerclement militaire, manque d’accès pour l’aide humanitaire et pas de liberté de déplacement pour les civils.

La Syrie compte 18 « zones assiégées », dans lesquelles vivent environ 850.000 personnes d’après les Nations unies.

Dans la province d’Alep, au moins 19 civils ont été tués mercredi dans des frappes aériennes sur un village tenu par le groupe Etat islamique (EI), selon l’OSDH, qui n’était pas en mesure de déterminer la nationalité des avions.

Ce village de Thilthana, peuplé de Kurdes, se trouve dans la zone où des rebelles soutenus par la Turquie mènent actuellement une offensive.

Un quartier rebelle de la ville syrienne d'Alep après un bombardement aérien, le 27 septembre 2016. © AFP

© AFP/Archives KARAM AL-MASRI
Un quartier rebelle de la ville syrienne d’Alep après un bombardement aérien, le 27 septembre 2016

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