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Syrie: le régime gagne du terrain à Alep

Alep (Syrie) (AFP) – Les forces du régime syrien gagnaient jeudi du terrain à Alep au lendemain de l’annonce par Damas d’une réduction de ses bombardements des quartiers rebelles de la ville, alors que de nouveaux efforts diplomatiques sont déployés pour tenter d’apaiser les souffrances des civils.

Le régime de Bachar al-Assad a lancé le 22 septembre une violente offensive avec son allié russe pour reprendre les secteurs rebelles d’Alep, où vivent environ 250.000 personnes assiégées dans la partie est de cette deuxième ville de Syrie.

« Depuis la nuit dernière, les forces du régime se sont emparées de six positions majeures (dans le quartier nord de) Boustane al-Bacha », a déclaré à l’AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).

« Il y a eu de très violents combats (…) mais pas de frappes (aériennes) », a-t-il ajouté, faisant état de victimes mais sans donner de bilan.

Selon M. Abdel Rahmane, environ la moitié de Boustane al-Bacha est désormais sous le contrôle des forces du régime qui avancent également vers le quartier voisin de Heluk à partir du nord.

– Avancée ‘sans précédent’ –

Il s’agit d’une avancée « sans précédent » du régime depuis la reconquête en 2013 de quelques secteurs repris aux rebelles, a indiqué l’OSDH.

L’armée syrienne avait annoncé mercredi avoir réduit ses bombardements notamment « pour permettre aux civils qui veulent partir d’atteindre des zones sûres ».

C’est de la « propagande » pure, souligne « Emile Hokayem, de l’International Institute for Strategic Studies: « Le régime et ses alliés ont pris la décision de conquérir autant de secteurs rebelles que possible et ils travaillent à cela ».

Selon Thomas Pierret, expert de la Syrie, cette décision de Damas pourrait être un moyen de faire baisser la pression internationale après le tollé suscité par l’offensive à Alep. L’offensive a « dopé en Occident les défenseurs d’une approche plus dure » sur la Syrie, souligne-t-il.

Depuis le 22 septembre, les très violents bombardements sur les quartiers rebelles de cette métropole du nord de la Syrie ont tué 270 civils, selon l’OSDH, et détruit des infrastructures civiles dont le principal hôpital.

L’offensive du régime a été dénoncée par les Occidentaux qui en rendent notamment la Russie responsable, évoquant des « crimes de guerre ».

Et sa violence a conduit Washington à annoncer lundi l’interruption de ses discussions avec Moscou sur le rétablissement d’un cessez-le-feu, après une brève trêve en septembre initiée par les deux grandes puissances.

Toutefois, le secrétaire d’Etat américain John Kerry et son homologue russe Sergueï Lavrov se sont entretenus par téléphone mercredi à propos de la Syrie.

Les responsables américains se sont efforcés de souligner que les « pourparlers bilatéraux » restaient suspendus. Mais « les contacts persistent », a déclaré Mark Toner, porte-parole du département d’Etat.

Russes et Américains travaillaient depuis plusieurs mois pour trouver une solution à la guerre en Syrie, où le conflit a entraîné la pire crise humanitaire depuis la Seconde guerre mondiale.

– Efforts de la France –

Pour tenter de sortir de l’impasse diplomatique, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault est attendu à Moscou jeudi puis à Washington vendredi.

M. Ayrault, qui veut pousser un projet de résolution du Conseil de sécurité de l’ONU sur un cessez-le-feu à Alep, entend dire aux responsables russes que la situation est « choquante et honteuse », et qu' »il faut arrêter le massacre ».

Les quinze membres du Conseil de sécurité étudient depuis lundi le projet de résolution français, qui appelle à rétablir un cessez-le-feu à Alep pour permettre un accès humanitaire aux quartiers assiégés par le régime et interrompre les survols par des appareils militaires.

La Russie a dit ne pas soutenir ce projet qu’elle considère comme « politisé », sans pour autant annoncer officiellement qu’elle mettrait son veto.

La guerre en Syrie, qui a fait plus de 300.000 morts en cinq ans, implique de nombreux acteurs régionaux et internationaux sur un territoire complètement morcelé.

Ailleurs en Syrie, au moins 29 rebelles ont été tués et 20 autres blessés jeudi par une explosion dans la province d’Idleb (nord) à la frontière turque, selon l’OSDH.

Le groupe Etat islamique (EI), qui contrôle de nombreuses régions dans le nord et l’est du pays, a revendiqué l’attaque, selon le centre américain de surveillance de sites jihadistes SITE.

Les combattants rebelles visés font partie des forces participant à l’opération « Bouclier de l’Euphrate », lancée le 24 août par la Turquie, dans la province syrienne d’Alep, et visant l’EI mais aussi des forces kurdes considérées comme « terroristes » par Ankara.

Des soldats pro-gouvernementaux syriens dans Boustane al-Bacha, un quartier tenu par des rebelles, le 6 octobre 2016 à Alep. © AFP

© AFP GEORGE OURFALIAN
Des soldats pro-gouvernementaux syriens dans Boustane al-Bacha, un quartier tenu par des rebelles, le 6 octobre 2016 à Alep

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