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Syrie: l'EI diffuse une vidéo de soldats présumés turcs brûlés vifs

Beyrouth (AFP) – La diffusion par le groupe Etat islamique d’une vidéo montrant l’immolation par le feu en Syrie de deux hommes présentés comme des soldats turcs a provoqué l’indignation sur les réseaux sociaux qui tournaient vendredi au ralenti en Turquie, les autorités gardant le silence.

La publication de ces images sur les sites jihadistes survient alors que les militaires turcs subissent de lourdes pertes dans les combats contre l’EI dans le nord de la Syrie, où près de 90 civils ont été tués depuis jeudi dans des raids de l’aviation d’Ankara, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).

La vidéo de 19 minutes, diffusée jeudi soir par la « Province d’Alep » de l’EI, dans le nord de la Syrie, montre deux hommes se présentant comme des soldats turcs retenus en otage par les jihadistes être enchaînés et brûlés vifs.

De nombreux internautes turcs rencontraient depuis la diffusion de cette vidéo des difficultés à accéder aux réseaux sociaux, notamment Twitter et Facebook, ainsi que YouTube, selon Turkey Blocks, un site spécialisé dans la surveillance de la censure sur Internet.

Malgré ces perturbations, la vidéo était très discutée par les usagers turcs de Twitter, qui étaient nombreux à manifester leur indignation: « C’est un cauchemar », a déclaré l’un d’eux, tandis qu’un autre affirmait être « sur le point de perdre la tête dans ce pays ».

La publication de la vidéo ajoute aux traumatismes subis ces derniers mois par la Turquie, secouée par de nombreux attentats -dont plusieurs attribués à l’EI-, une sanglante tentative de coup d’Etat et, cette semaine, l’assassinat de l’ambassadeur de Russie à Ankara.

Les autorités turques n’avaient pas encore réagi à la mi-journée, mais le président Recep Tayyip Erdogan et le Premier ministre Binali Yildirim devaient s’exprimer dans l’après-midi à Izmir, dans l’ouest du pays.

La police turque a par ailleurs interpellé vendredi à Istanbul 31 personnes soupçonnées de liens avec l’EI et recherchaient activement 10 autres suspects, selon l’agence de presse progouvernementale Anadolu, qui n’a pas précisé si ce coup de filet était lié à la vidéo.

– Macabre –

Dans la vidéo, le bourreau, qui s’exprime principalement en turc, s’en prend au président Erdogan, auquel il reproche notamment d’avoir ouvert la base aérienne turque d’Incirlik (sud) à la coalition internationale antijihadistes menée par les Etats-Unis, et appelle à « semer la destruction » en Turquie.

La mise en scène macabre des images rappelle une autre vidéo, publiée l’année dernière par l’EI, montrant l’immolation par le feu d’un pilote jordanien qui avait été capturé par le groupe jihadiste.

Avant d’être brûlées, les deux victimes se sont présentées, en turc, comme étant Fethi Sahin, né à Konya (centre de la Turquie), et Sefter Tas, âgé de 21 ans et ayant servi à Kilis (sud-est). 

Selon des médias turcs, un militaire du nom de Sefter Tas avait été enlevé par l’EI le 1er septembre 2015, mais le rapt n’avait pas été confirmé par Ankara.

Par ailleurs, l’armée turque a affirmé le mois dernier avoir perdu tout contact avec deux de ses soldats en Syrie, dont l’agence de propagande de l’EI, Amaq, avait revendiqué l’enlèvement. Là encore, les autorités turques n’ont pas confirmé.

La publication de la vidéo survient quelques heures après que le président turc eut affirmé que la Turquie restait « déterminée » à combattre l’EI en dépit des pertes essuyées à Al-Bab, bastion jihadiste que des rebelles syriens, appuyés par l’armée turque, tentent de prendre depuis plusieurs semaines.

Seize soldats turcs ont été tués mercredi à Al-Bab, le bilan le plus meurtrier enregistré par Ankara en une journée depuis le déclenchement, fin août, de son intervention militaire dans le nord de la Syrie.

Selon l’OSDH, au moins 88 civils, dont 21 enfants, ont été tués en 24 heures par des bombardements aériens turcs à Al-Bab. L’aviation d’Ankara y mène régulièrement des frappes, mais assure que tout est fait pour éviter les pertes civiles.

Au moins 35 soldats turcs ont été tués depuis le déclenchement, le 24 août, de l’offensive turque en Syrie baptisée « Bouclier de l’Euphrate », selon les autorités.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan le 20 décembre 2016 à Istanbul. © AFP

© AFP/Archives OZAN KOSE
Le président turc Recep Tayyip Erdogan le 20 décembre 2016 à Istanbul

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