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Syrie: les derniers convois de rebelles s'apprêtent à quitter Alep

Alep (Syrie) (AFP) – Les derniers convois d’insurgés et de civils se préparaient mercredi à quitter Alep, deuxième ville de Syrie en passe de tomber totalement aux mains du régime de Bachar al-Assad après plus de quatre ans de guerre.

Environ 30.000 personnes ont déjà été évacuées du réduit rebelle d’Alep depuis jeudi, d’après un nouveau chiffre du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) fourni à l’AFP. Tous les blessés et les malades dans un état critique ont été évacués, précise l’organisation.

Le régime de Bachar al-Assad attend la fin des évacuations pour annoncer sa reprise d’Alep et signer ainsi sa plus grande victoire depuis le début d’une guerre dévastatrice qui a fait depuis 2011 plus de 310.000 morts et poussé plus de la moitié de la population à la fuite.

Malgré une tempête de neige, les évacuations se sont poursuivies mercredi avec des dizaines de bus et autres véhicules. Depuis le début des évacuations, le 15 décembre, des civils et des insurgés souhaitant quitter la ville, les opérations se font à un rythme irrégulier en raison de problèmes d’ordre logistique et d’incidents.

« Les derniers convois attendent encore de partir (du réduit rebelle). Plusieurs navettes seront nécessaires », a affirmé à l’AFP la porte-parole du CICR en Syrie, Ingy Sedky.

« L’annonce de la fin de l’opération aura lieu quand elle sera totalement terminée. Les évacuations sont en cours en ce moment sans obstacles jusqu’à cette heure », a assuré à l’AFP une source militaire syrienne.

– ‘Bus pas chauffés’ –

De son côté, un responsable du groupe rebelle Ahrar al-Cham, Ahmad Qorra Ali, a indiqué que « des civils et des insurgés ne sont pas encore montés dans les bus », affirmant que le départ des bus risque d’être retardé en raison des « mauvaises conditions météorologiques ».

Aucune estimation précise n’était disponible quant au nombre de personnes demeurant encore dans la proche rebelle.

Sous une neige qui tombait en abondance, plusieurs bus avaient traversé dans la journée Ramoussa, un quartier périphérique gouvernemental par lequel transitent les évacués, selon un correspondant de l’AFP.

« Les bus ne sont pas chauffés. Les passagers, femmes, enfants et personnes âgées souffrent du froid. Ils n’ont ni nourriture ni eau », a mis en garde Ahmad al-Dbis, chef d’une unité de médecins et de volontaires qui coordonnent les évacuations à Khan al-Assal, point d’accueil en zone rebelle.

Le directeur pour le Moyen-Orient du CICR Robert Mardini a fait état de conditions climatiques « difficiles » et de gens « épuisés ».

Les habitants démunis, dont de nombreux femmes, enfants et vieillards, avaient déjà attendu cette semaine dans le froid leur évacuation après avoir vécu des mois de siège et de bombardements du régime qui ont réduit en ruines le réduit rebelle.

Une source militaire a par ailleurs expliqué que le retard dans les évacuations ces dernières 24 heures était une nouvelle fois dû à la nécessité de « synchroniser » les sorties d’Alep avec celles des villages chiites de Foua et Kafraya, assiégés par les rebelles dans la province d’Idleb, voisine de celle d’Alep. 

– ‘Nettoyer la zone’ –

Selon l’agence officielle Sana, quatre bus et deux ambulances avec à bord des blessés sont toutefois sortis dans l’après-midi de Foua et Kafraya.

La veille, l’armée avait appelé par haut-parleurs rebelles et civils à quitter le réduit rebelle, disant vouloir « nettoyer la zone après la sortie des hommes armés ».

L’accord d’évacuation a été parrainé par la Russie et l’Iran, alliés indéfectibles du régime Assad, ainsi que par la Turquie, soutien de la rébellion.

Ces trois pays semblent avoir pris la main dans le dossier syrien, après avoir écarté les Etats-Unis et les Occidentaux de leurs efforts et de leur réunion la veille à Moscou.

Les soutiens militaires russe et iraniens ont été déterminants pour renverser la situation au profit du régime en Syrie.

Ankara a lancé en août une offensive sans précédent dans le nord de la Syrie visant à repousser le groupe jihadiste Etat islamique (EI) et les milices kurdes de la zone frontalière. Mercredi, 14 soldats turcs ont été tués et 33 blessés, selon l’armée turque, dans des affrontements avec l’EI à Al-Bab, ville du nord de la Syrie tenue par les jihadistes.

Déclenché en mars 2011 par la répression de manifestations pacifiques pro-démocratie, le conflit syrien s’est complexifié au fil des années avec l’implication de multiples belligérants soutenus par différentes puissances régionales et internationales.

Des familles syriennes en attente d'être évacuées le 20 décembre 2016 à Alep. © AFP

© AFP Baraa Al-Halabi
Des familles syriennes en attente d’être évacuées le 20 décembre 2016 à Alep

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