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Syrie: pas de dialogue direct entre rebelles et régime à Astana

Astana (Kazakhstan) (AFP) – Les premiers pourparlers de paix entre rebelles syriens et émissaires de Damas ont débuté lundi à Astana et sont marqués d’emblée par le refus de dernière minute des insurgés de négocier directement avec les représentants de Bachar al-Assad.

Ces rencontres consacrent le changement de donne qui s’est opéré en Syrie ces derniers mois après l’intervention en force de l’armée russe et le désengagement progressif des Américains.

Résultat: les troupes syriennes ont repris fin 2016 le contrôle total d’Alep, la deuxième ville du pays, forçant les rebelles à accepter un cessez-le-feu négocié par la Russie, parrain de Damas, et la Turquie, soutien des groupes armés. Et la question d’un départ du pouvoir de Bachar al-Assad ne se pose plus.

A Astana, les pourparlers, qui doivent durer au moins deux jours, ont été ouverts à 08H00 GMT à l’hôtel Rixos par le ministre kazakh des Affaires étrangères, Kaïrat Abdrakhmanov, devant les deux délégations syriennes, rassemblées dans une même pièce autour d’une grande table circulaire.

Lors des tentatives vaines de négociations à Genève en 2012, 2014 et 2016, des opposants syriens, souvent en exil, étaient assis en face de représentants de Bachar al-Assad. A Astana, ces opposants sont désormais cantonnés à un rôle de conseillers au service des rebelles, émanation de l’insurrection sur le terrain.

Si les deux camps ont parlé pendant des semaines de négociations directes, les rebelles ont finalement choisi à la dernière minute de ne pas faire face aux émissaires du régime.

« La première session des négociations ne sera pas en face à face car le gouvernement n’a pas respecté jusqu’à présent ce à quoi il s’est engagé dans les accords du 30 décembre », qui avaient instauré un cessez-le-feu en Syrie, a indiqué Yehya al-Aridi, l’un des porte-paroles de la délégation des rebelles.

Il n’a pas indiqué s’ils accepteraient de négocier directement avec les responsables du régime lors des prochaines séances de pourparlers.

Les rebelles reprochent notamment aux forces gouvernementales de poursuivre les combats près de Wadi Barada, zone clé pour l’approvisionnement en eau de la capitale syrienne, Damas.

Des combats s’y sont déroulés dans la nuit de dimanche à lundi, ainsi que dans la région de Damas, où l’armée syrienne a repris le siège de Madaya, ville sous contrôle rebelle près de la frontière libanaise, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). Neuf civils ont été tués dimanche dans des raids menés par l’aviation du régime contre la province rebelle de Homs, selon la même source.

– Déposer les armes ? –

Rebelles et représentants du régime syrien ont tous assuré que leurs discussions seraient avant tout centrées sur le renforcement de la trêve, qui a abouti à une réduction des violences malgré des violations régulières.

« Il s’agit de davantage que de (pérenniser) le cessez-le-feu. Il s’agit de mettre en place des mécanismes de surveillance et de responsabilité » en cas de violations, a expliqué à l’AFP un porte-parole des rebelles, Ossama Abou Zeid.

Yehya al-Aridi a précisé que l’objectif était également d’améliorer l’accès à l’aide humanitaire dans les villes assiégées. « Ce serait une base forte qui pourra être poursuivie à Genève », où des pourparlers politiques doivent avoir lieu sous l’égide de l’ONU le 8 février, a-t-il indiqué.

L’objectif pour le régime est aussi de faire avancer une solution politique « globale » après près de six ans de guerre. Bachar al-Assad a ainsi appelé les rebelles à livrer leurs armes en échange d’une amnistie, à l’image des accords de « réconciliation » qui se traduisent par l’évacuation des combattants en échange de la fin des bombardements et des sièges.

La délégation rebelle, composée de 14 membres appuyés par 21 conseillers, est présidée par Mohammad Allouche, un responsable du groupe Jaich al-Islam (l’Armée de l’islam). Les émissaires du régime, au nombre de dix, sont pour leur part menés par Bachar Jaafari, l’ambassadeur syrien auprès de l’ONU.

Les médias d’Etat syriens ont rapporté lundi que les émissaires de Damas s’étaient entretenus peu avant le début de la rencontre avec les Iraniens et l’envoyé spécial de l’ONU, Staffan de Mistura.

L'émissaire de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura (d) et le chef de la délégation des rebelles syriens, Mohammad Allouche (2e g)arrivent pour assister à la première session des pourparlers avec le régime de Bachar al-Assad, le 23 janvier 2017 à Astana, au Kazakhstan. © AFP

© AFP Kirill KUDRYAVTSEV
L’émissaire de l’ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura (d) et le chef de la délégation des rebelles syriens, Mohammad Allouche (2e g)arrivent pour assister à la première session des pourparlers avec le régime de Bachar al-Assad, le 23 janvier 2017 à Astana, au Kazakhstan

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