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Syrie: percée importante des forces du régime à Alep

Alep (Syrie) (AFP) – Les troupes du régime syrien avançaient rapidement lundi dans les quartiers rebelles d’Alep, accentuant leur offensive terrestre et aérienne malgré les fortes inquiétudes internationales sur le calvaire vécu par les civils assiégés dans ce secteur.

Une reprise d’Alep-Est, tombé aux mains des rebelles en 2012, représenterait la victoire la plus importante pour le régime dans la guerre qui dévaste le pays depuis cinq ans et demi.

La communauté internationale semble plus que jamais impuissante à contrecarrer la détermination de Damas et de ses alliés russe, iranien et du Hezbollah libanais à reconquérir l’ensemble de la deuxième ville du pays et principal front de la guerre. 

Le président américain Barack Obama s’est ainsi dit dimanche « peu optimiste » sur l’avenir immédiat du pays. « Le temps est compté et nous menons une course contre la montre » pour éviter une catastrophe humanitaire, a pour sa part averti l’émissaire de l’ONU Staffan de Mistura, à l’issue d’une visite à Damas.

Le Conseil de sécurité devait de nouveau discuter lundi à partir de 15H00 GMT à New York des efforts pour venir en aide aux civils syriens.

A Alep-Est, le correspondant de l’AFP a constaté que les bombardements du secteur n’ont pas cessé depuis 10H00 (08H00 GMT), avec des bruits d’explosion d’une violence inouïe. Au moins cinq civils ont péri dans la journée d’après l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), rejoignant les plus de 100 victimes de ces bombardements qui ont début il y a une semaine.

– Importante avancée –

Soutenues par d’intenses bombardements aériens, les troupes gouvernementales consolidaient lundi leurs positions après être entrées la veille pour la première fois dans le quartier de Massaken Hanano, dans le nord-est d’Alep, selon l’OSDH. Ce quartier a une valeur symbolique puisque c’était le premier dont s’étaient emparés les rebelles en 2012.

Le régime, aidé par des combattants iraniens et du Hezbollah, a également chassé les insurgés d’une ancienne zone industrielle dans le nord-est.

« Il s’agit de la plus importante percée du régime dans les quartiers rebelles jusqu’à ce jour », a précisé le directeur de l’OSDH, Rami Abdel Rahmane. La prise de Massaken Hanano lui permet d' »avoir en ligne de mire plusieurs autres zones rebelles » et « d’être en mesure de séparer celles du nord du reste », selon lui.

Le quotidien pro-régime Al-Watan a décrit ce quartier comme « le bastion le plus grand et le plus important » des insurgés dans la ville.

Selon le chef de la diplomatie syrienne, Walid Mouallem, il y aurait entre 5.000 et 7.000 « hommes armés » qui « prennent en otages » selon lui les « habitants de ces quartiers ».

En rencontrant dimanche M. de Mistura, M. Mouallem a fermé la porte à la possibilité d’une « administration autonome » des rebelles à Alep. Cette idée avait été évoquée par l’émissaire en échange du départ des centaines de jihadistes du groupe Fateh al-Cham (ex-branche syrienne d’Al-Qaïda) présents dans ces quartiers.

– ‘Plus rien à manger’ –

Selon des experts, Damas et son allié russe veulent désormais aller vite pour obtenir une victoire à Alep avant la prise de fonction de Donald Trump à la Maison Blanche le 20 janvier.

« La question est juste de savoir combien de temps ils (les rebelles) vont pouvoir tenir », a estimé un diplomate européen sous le couvert de l’anonymat.

« Il n’y a plus rien à manger, plus d’hôpitaux et les bombardements ne s’arrêtent pas. La pression est donc énorme sur eux ».

M. de Mistura a d’ailleurs prévenu dimanche que « d’ici Noël, (…)  on verra un écroulement (…) de ce qui reste à Alep-Est et vous pourriez avoir 200.000 personnes fuyant vers la Turquie, ce qui serait une catastrophe humanitaire ».

La situation devient en effet intenable pour les civils d’Alep-Est, dont plus d’une centaine a été tuée par les bombardements et les tirs en sept jours depuis la reprise de l’offensive, selon l’OSDH. 

Ce bilan pourrait s’aggraver en raison du grand nombre de blessés alors qu’il n’y a actuellement plus « aucun hôpital en service dans la partie assiégée de la ville », a affirmé lundi l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Les agences de l’ONU n’ont plus eu accès à Alep-est depuis juillet, quand l’armée régulière syrienne a pris le contrôle de la dernière voie d’approvisionnement des quartiers rebelles.

En le rencontrant dimanche en marge du sommet de l’Apec à Lima, M. Obama a demandé à son homologue russe Vladimir Poutine des efforts accrus pour limiter la souffrance des civils après cinq ans et demi d’un conflit qui a fait plus de 300.000 morts.

Un secouriste syrien porte une femme sauvée des décombres d'un immeuble après des bombardements dans le quartier d'al-Hamra à Alep, tenu par les rebelles, le 20 novembre 2016 . © AFP

© AFP THAER MOHAMMED
Un secouriste syrien porte une femme sauvée des décombres d’un immeuble après des bombardements dans le quartier d’al-Hamra à Alep, tenu par les rebelles, le 20 novembre 2016

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