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Syrie: pessimisme général avant l'ouverture d'une réunion internationale en Suisse

Lausanne (AFP) – Washington, Moscou et les principaux pays de la région impliqués dans la guerre en Syrie se sont retrouvés samedi en Suisse pour tenter une nouvelle fois d’arrêter le bain de sang, mais le pessimisme était général avant l’ouverture de la réunion.

Alors que les bombardements russes et syriens se poursuivent sans relâche sur Alep, la deuxième ville de Syrie, les participants à la réunion de Lausanne, dont la moitié soutient le régime de Damas et l’autre la rébellion, sont arrivés à Lausanne dans le palace où vont s’ouvrir les discussions.

Le secrétaire d’Etat américain John Kerry est arrivé en fin de matinée, et devait avoir une rencontre avec son homologue russe Sergueï Lavrov avant l’ouverture de la réunion proprement dite. Les deux hommes ne se sont pas vus en tête-à-tête depuis le 23 septembre à New York, dans un climat particulièrement tendu.

L’offensive majeure lancée il y a trois semaines par le régime de Damas et son allié russe sur Alep a fait voler en éclats toute trêve et tendu à l’extrême les relations entre Moscou et les Occidentaux, qui accusent la Russie de « crimes de guerre ».

A quelques heures de l’ouverture de la réunion, les quartiers est d’Alep, sous contrôle rebelle, étaient de nouveaux soumis à des raids intensifs, notamment ceux de Hanano, al-Mayssar et Inzarat, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).

– Pessimisme général –

Les pays soutenant la rébellion syrienne, Turquie, Arabie saoudite et Qatar, qui soutiennent la rébellion, doivent participer à la réunion. Dans le camp opposé, l’Iran, très engagé militairement aux côtés du régime syrien, l’Irak et l’Egypte sont également présents.

L’envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, participe aussi à la rencontre.

Les pays européens, particulièrement la France et la Grande-Bretagne, partisans d’une ligne dure envers Moscou, n’ont pas été conviés. Tout comme l’opposition syrienne, mécontente.

« Ne pas nous inviter à ce type de réunion ne fait que compliquer la situation et brouiller les cartes », a déclaré à l’AFP le vice-président de la Coalition de l’opposition syrienne Abdel Ahad Stefo.

Mais avant l’ouverture de la réunion, le pessimisme était général.

Les Etats-Unis, qui ne veulent plus traiter la question syrienne en tête-à-tête avec Moscou, désirent avoir à la table des discussions les pays régionaux « qui ont le plus d’influence sur les événements sur le terrain », a expliqué un responsable américain sous couvert d’anonymat. « Je ne m’attends pas à une annonce majeure à la fin de cette rencontre. Cela va être un processus très difficile », a-t-il toutefois ajouté.

« Je n’attends rien de spécial » de cette réunion, avait lancé pour sa part vendredi le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov. 

« Personnellement, je ne pense pas qu’on puisse avoir beaucoup d’espoir sur l’issue de cette réunion », a déclaré de son côté samedi le porte-parole du ministère des Affaires étrangères iranien, Bahram Ghassemi.

– ‘Prendre Alep-Est à tout prix’ –

Que peut-il sortir de ces nouvelles négociations, alors que Moscou et Washington discutent depuis un an, ont organisé des dizaines de réunions et conclu deux cessez-le-feu qui n’ont jamais tenu plus de quelques jours?

« On peut imaginer que les deux grandes puissances vont faire pression sur leurs alliés régionaux respectifs pour tenter d’arracher un accord de cessez-le-feu », estime Karim Bitar, de l’Institut des relations internationales et stratégiques (Iris).

Mais selon lui, « les Russes sont en train de chercher à maximiser leur avantage avant qu’arrive le successeur de Barack Obama, probablement Hillary Clinton, qui aura sans doute la main plus ferme sur la Syrie » que l’actuel président américain.

« La violence des raids démontre qu’il y a une décision russe pour prendre Alep-Est à n’importe quel prix », juge de son côté Rami Abdel Rahmane, directeur de l’OSDH.

Depuis le début de l’offensive contre la partie rebelle de la ville, où vivent 250.000 habitants, plus de 370 personnes, essentiellement des civils, ont été tuées, selon l’OSDH.

Le régime de Damas et son allié russe affirment bombarder Alep pour éliminer les « terroristes ».

Selon plusieurs sources, la réunion de Lausanne devrait examiner un plan, proposé récemment par Staffan de Mistura, visant à faire sortir de manière sécurisée les combattants de Fatah al-Cham (ex-Front Al-Nosra, branche syrienne d’Al-Qaïda) d’Alep.

« Le diable est dans le détail de ce plan », souligne une source diplomatique française. « Qui serait évacué? Est-ce que c’est juste les combattants d’Al-Nosra, ou est-ce que c’est une espèce d’évacuation forcée de toute la population d’Alep-Est? »

Depuis mars 2011, le conflit en Syrie s’est complexifié et internationalisé, provoquant la mort de plus de 300.000 personnes et dévastant le pays.

Le secrétaire d'État américain John Kerry est arrivé peu après 11H00 (09H00 GMT) à Lausanne, à l'hôtel Beau-Rivage, le 15 octobre 2016.. © AFP

© AFP FABRICE COFFRINI
Le secrétaire d’État américain John Kerry est arrivé peu après 11H00 (09H00 GMT) à Lausanne, à l’hôtel Beau-Rivage, le 15 octobre 2016.

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