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Syrie: rencontre russo-américaine pour "sauver" Alep, l'ONU réclame la fin du carnage

Alep (Syrie) (AFP) – Des discussions américano-russes pour « sauver » Alep, où le déluge de feu continue sur les quartiers rebelles, doivent avoir lieu samedi, au lendemain de l’adoption par l’Assemblée générale de l’ONU d’une résolution demandant la fin du carnage en Syrie.

Confirmant la tenue de la rencontre américano-russe, le chef de la diplomatie américaine John Kerry a qualifié la situation à Alep et en Syrie de « pire catastrophe depuis la Seconde guerre mondiale ». 

Mais la Russie, qui soutient militairement le régime de Bachar al-Assad depuis plus d’un an, a martelé que l’offensive ne cesserait qu’après le départ de tous les insurgés, assiégés avec des dizaines de milliers de civils.

Les raids aériens du régime sur les quartiers rebelles de la deuxième ville de Syrie ont repris vendredi, après une courte suspension annoncée la veille par Moscou, a indiqué l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). Les bombardements d’artillerie n’ont eux jamais cessé.

Deux obus se sont notamment abattus sur le district rebelle de Kallassé en soirée, d’après l’OSDH. Des témoins et l’OSDH ont rapporté à l’AFP des cas d’asphyxie en raison de la fumée qui s’en est dégagée, avec des douleurs de tête et à la poitrine.

L’opposition a accusé à plusieurs reprises le régime d’avoir utilisé le gaz du chlore sur des zones rebelles qui provoque des cas d’asphyxie, ce que dément Damas qui accuse les insurgés d’utiliser des armes chimiques.

Une enquête de l’ONU et de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) avait conclu que plusieurs unités de l’armée syrienne avaient largué des produits toxiques sur trois villages du nord de la Syrie en 2014 et 2015.

Les forces progouvernementales contrôlent désormais 85% des quartiers d’Alep que les insurgés tenaient avant le lancement le 15 novembre d’une offensive dévastatrice qui a causé la mort de centaines de civils et poussé des dizaines de milliers d’autres à la fuite.

Pour les observateurs, la perte par les rebelles de leur plus important bastion en Syrie semble inéluctable et constituerait un tournant dans une guerre qui a fait, depuis 2011, plus de 300.000 morts et poussé à la fuite plus de la moitié de la population syrienne.

Dans le même temps, selon l’OSDH, les jihadistes de l’EI sont parvenus à la périphérie de la ville antique de Palmyre (centre de la Syrie), d’où ils avaient été chassés neuf mois plus tôt, et étaient engagés vendredi dans des combats contre les troupes du régime.

« Il y a de violents combats au sol et dans le même temps l’armée de l’air du régime mène des frappes contre les combattants de l’EI », a indiqué à l’AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l’OSDH.

– ‘Humanité et décence’ –

Alors que la communauté internationale semble incapable de s’accorder sur les moyens de mettre fin au déchainement de violences en Syrie, Russes et Américains doivent se rencontrer samedi à Genève pour tenter de « sauver Alep d’une destruction absolument totale », a indiqué vendredi John Kerry.

Selon un haut responsable du département d’Etat, cette réunion au niveau « technique » évoquera un plan en trois volets: « Cessez-le-feu, aide humanitaire et départ de l’opposition (armée) et des civils d’Alep ».

« Nous travaillons dur avec des gens (ndlr: les Russes) avec qui nous avons des désaccords pour voir si nous pouvons trouver un moyen, au nom de l’humanité et de la décence, de pouvoir protéger ces vies, tenter de séparer les combattants et faire avancer le processus » de règlement du conflit, a déclaré M. Kerry, qui va assister samedi à Paris à une réunion de pays arabes et occidentaux favorables à l’opposition syrienne.

L’Assemblée générale de l’ONU a adopté vendredi à une large majorité une résolution demandant une « cessation complète de toutes les attaques contre des civils » et appelant à la levée des sièges avec un « accès humanitaire rapide, sûr, prolongé, sans entrave et inconditionnel ».

Ce texte, proposé par le Canada, a été adopté par 122 pays. La Russie et l’Iran, autre soutien militaire du régime syrien, ont voté contre, comme onze autres pays. 

Cette résolution a pour but de « dire à la Russie et à Assad de stopper le carnage », avait assuré avant le vote l’ambassadrice américaine à l’ONU Samantha Power.

– ‘Allégations inquiétantes’ –

Selon l’ONU, environ 100.000 civils vivent encore dans les quartiers encore sous contrôle des rebelles, dans le sud d’Alep.

Un correspondant de l’AFP sur place a expliqué qu’il devenait de plus en plus difficile de s’y procurer de la nourriture car personne n’ose ouvrir son échoppe en raison des bombardements.

Le porte-parole du Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’Homme, Rupert Colville, a affirmé que des groupes rebelles et jihadistes empêchaient des habitants de quitter la zone des combats à Alep, allant jusqu’à tirer sur ceux qui fuient.

Il a aussi souligné que l’ONU avait eu connaissance d' »allégations très inquiétantes selon lesquelles des centaines d’hommes auraient disparu après être passés dans les zones contrôlées par le gouvernement » à Alep.

Les Casques Blancs, ces secouristes opérant dans les secteurs rebelles, ont lancé un appel désespéré aux organisations internationales pour qu’elles leur assurent un passage sûr: « Si nos volontaires ne sont pas évacués, ils risquent la torture ou l’exécution dans les centres de détention du régime ».

Depuis le début de l’offensive progouvernementale à Alep, plus de 400 civils ont été tués dans les quartiers rebelles d’Alep, selon l’OSDH. Au moins 105 civils, dont 35 enfants, l’ont été dans la partie de la ville sous contrôle gouvernemental, après des tirs des insurgés.

Un soldat syrien pro-gouvernemental marche dans la vieille ville d'Alep le 9 décembre 2015. © AFP

© AFP George OURFALIAN
Un soldat syrien pro-gouvernemental marche dans la vieille ville d’Alep le 9 décembre 2015

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