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Syrie: terreur dans les hôpitaux bombardés à Alep

Alep (Syrie) (AFP) – Les deux plus grands hôpitaux de la partie rebelle d’Alep ont été touchés par des bombardements qui sont, selon des ONG et des habitants, des attaques délibérées du régime syrien et de son allié russe pour y annihiler les infrastructures.

C’est à l’aube, vers 01H00 GMT, que les deux hôpitaux ont été contraints de suspendre leurs activités après avoir été endommagés, l’un par un raid aérien, l’autre par un tir d’artillerie, a annoncé la Syrian American Medical Society (SAMS), l’ONG basée aux Etats-Unis qui les gère.

« Je suis à l’intérieur de l’hôpital. Je m’y trouvais quand le bombardement a eu lieu. Tout le monde est terrifié et a peur qu’on soit les nouvelles victimes d’aujourd’hui », a confié Aref al-Aref, un membre du personnel médical, contacté depuis Beyrouth. A sa demande, l’AFP ne publie pas la location des deux hôpitaux pour des raisons de sécurité.

Les armées de l’air syrienne et russe mènent depuis près d’une semaine une intense campagne de bombardements sur les quartiers tenus par les insurgés dans l’est de la deuxième ville du pays, réduisant en poussière de nombreux bâtiments. 

La violence des frappes, qualifiée de sans précédent par les habitants et des ONG, est telle que le pape François a lancé « un appel à la conscience des responsables des bombardements, qui devront rendre compte devant Dieu ».

– ‘Piégés’ –

Dans l’un des hôpitaux touchés, trois employés ont été blessés, dont le chauffeur d’une ambulance, une infirmière et un comptable, d’après Adham Sahloul, de SAMS. Dans l’autre hôpital, un générateur a été complètement détruit.

Qualifiant les attaques de « délibérées », M. Sahloul a précisé que ces établissements, dotés des services d’urgences et d’unités de traitement des traumatismes, avaient essuyé de précédentes frappes dans le passé.

« Il ne reste plus que six hôpitaux en activité » dans les quartiers est d’Alep, a-t-il déploré. Et « s’il y a une nouvelle offensive, cela signera l’arrêt de mort pour des centaines de personnes ».

« Les gens blessés et malades qui se trouvent dans un état grave doivent être évacués d’Alep-Est », a plaidé dans un tweet Médecins sans frontières. « Pour le moment, ils sont piégés et peuvent mourir ».

Plus de 165 personnes, en très grandes majorité des civils, ont été tuées depuis jeudi dans le secteur rebelle d’Alep, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).

L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) avait déjà averti mardi que les installations médicales dans ce secteur étaient au bord d' »une destruction totale ». Elle a également appelé « à l’établissement immédiat de couloirs humanitaires pour évacuer les malades et les blessés ».

En annonçant son offensive, l’armée syrienne avait appelé les habitants d’Alep-est à partir vers les zones gouvernementales. Mais la majorité des habitants en zone rebelles craignent d’être arrêtés s’ils passent à Alep-ouest.

L’armée s’est emparée mardi d’un petit quartier rebelle dans la vieille ville d’Alep, Farafira, où se concentraient mercredi les combats.

– Raid près d’une boulangerie –

Au moins six civils ont été par ailleurs tués dans un bombardement d’artillerie du régime près d’une boulangerie dans la partie rebelle d’Alep, selon l’OSDH et des secouristes.

« Dans le quartier Maadi, des obus d’artillerie spnt tombés devant la boulangerie à 03H00. J’ai vu six cadavres, personne n’a pu les retirer que jusqu’au matin car les bombardements étaient concentrés sur cette zone », a affirmé à l’AFP un secouriste qui était sur place. 

« Une ambulance a tenté de les retirer mais un obus est également tombé près d’elle et des secouristes ont été blessés par des éclats », a-t-il précisé sous couvert de l’anonymat.

D’après le correspondant de l’AFP, le quartier de Maadi est particulièrement touché par l’armée qui frappe depuis la citadelle historique dans la vieille ville. Dans ce dernier secteur, de violents combats continuent de faire rage depuis mardi, d’après l’OSDH.

Raed Saleh, le chef des Casques blancs syriens (la Défense civile en territoire rebelle, ndlr), a mis en garde dans une interview à l’AFP qu’Alep-Est ne tiendra « pas plus d’un mois » en raison de la destruction des services publics municipaux. « Il n’y aura plus d’eau, plus d’électricité, plus de carburant et les hôpitaux ne pourront plus continuer à fonctionner », a-t-il dit.

Dans la partie gouvernementale, à Aziziya, deux civils ont été tuées et 10 autres ont été blessés par des roquettes tirées par les rebelles, selon une source hospitalière. 

Des blessés sont soignés dans un hôpital d'un des quartiers rebelles d'Alep, en Syrie, le 24 septembre 2016 après des bombardements sur la ville. © AFP

© AFP/Archives KARAM AL-MASRI
Des blessés sont soignés dans un hôpital d’un des quartiers rebelles d’Alep, en Syrie, le 24 septembre 2016 après des bombardements sur la ville

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