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Teva Rohfritsch : moins de taxes, plus de bus, et les fonctionnaires aux 35 heures

Teva Rohfritsch était l’Invité de la rédaction de Radio1 ce jeudi. Le chef de file de Ia Ora te Nunaa, qui a présenté mercredi sa liste complète et une partie de son programme, nous a parlé de fiscalité, d’emploi, avec notamment sa proposition de passer la fonction publique du Pays aux 35 heures, et de légaliser les casinos. Il assume son vote à Paris pour la retraite à 64 ans, pour préserver ses chances de faire aboutir la compensation de la perte de l’ITR. Quant à ses grands projets, ils sont avant tout ciblés sur la circulation à Tahiti, avec une route traversière, la route du Sud, et un tramway dans la zone urbaine.

À la tête d’une liste « d’inconnus » en politique ou presque, Teva Rohfritsch insiste qu’il s’agit là d’une volonté et non d’une nécessité : « On l’a annoncé, on le fait, il faut engager ce renouvellement de la vie politique. » Et il affirme sa confiance dans ces candidats inexpérimentés en politique, mais aguerris dans le monde professionnel ou associatif, et qui sont « le vent de fraîcheur » qu’il veut faire souffler sur l’assemblée de la Polynésie française, le « regard nouveau » qui ne perd pas de vue la population.

Refonte de la TVA et impôt – temporaire – sur la fortune

Actualité oblige, c’est la cherté de la vie à laquelle veut remédier l’ancien ministre de l’Économie et des Finances, qui continue d’accuser le gouvernement d’Édouard Fritch de « thésauriser sur le dos des Polynésiens » : 21 milliards de réserves, sans compter le produit de la « TVA sociale ». Une taxe qu’il estime donc inutile, puisque la hausse mécanique des recettes fiscales provoquée par la hausse des prix aurait suffi aux coffres du Pays, et contre-productive puisqu’il estime qu’elle contribue pour moitié à l’inflation que subit la Polynésie.

Outre la suppression de la TVA sociale, c’est une réforme globale de la TVA que propose Ia Ora te Nunaa, avec une « flat tax » – une taxe forfaitaire à déterminer – sur la consommation. Le programme comporte de nombreuses mesures fiscales, comme l’exonération d’impôts et de taxes pour les entreprises de l’agriculture, la pêche côtière, la perliculture et pour les pensions de famille au chiffre d’affaires inférieur à 50 millions par an, ou la « neutralisation des coûts du transport pour la taxation douanière ».

Autre proposition : la mise en place d’un impôt sur la grande fortune et une taxation supplémentaire des très grandes entreprises pour contribuer à la solidarité. Que les concernés se rassurent, c’est temporaire, mais c’est une question de « paix sociale en Polynésie ».

Une idée qui, Teva Rohfritsch l’admet, va à rebours de la baisse de l’impôt sur les sociétés qu’il avait initiée en tant que ministre, mais « il faut s’adapter, justifie le candidat, il y a un monde avant et un monde après la Covid. »

Comme tous les candidats, Teva Rohfritsch veut laisser son empreinte sur la défiscalisation locale. Et an matière d’hôtellerie, Ia Ora te Nunaa propose de la réserver en priorité aux projets de réhabilitation des hôtels fermés, et aux pensions de famille. Autres domaines bénéficiaires de la défiscalisation : le secteur primaire et le logement intermédiaire.

Les fonctionnaires aux 35 heures

Dans le programme de Ia Ora te Nunaa, on trouve aussi la proposition de faire passer la fonction publique territoriale au 35 heures, au nom de l’équité avec la fonction publique d’État. Une mesure qui ne serait pas neutre pour la masse salariale du Pays, si elle provoque des embauches supplémentaires, ce qui semble être l’un des objectifs. En revanche, pour le secteur privé, « ce n’est pas le moment », et Teva Rohfritsch renvoie le sujet aux partenaires sociaux.

Objectif 400 000 touristes et des casinos

Ia Ora te Nunaa vise 400 000 touristes par an, moins que le Tavini et plus que le Tapura, dont 100 000 en petite hôtellerie. Le parti jaune et bleu veut également légaliser les casinos au fenua.  « Un ou deux au départ, il ne s’agit pas d’en faire fleurir partout. » Des établissements qui reverseraient une partie de leurs bénéfices à un fonds de lutte contre la pauvreté.

Les retraites ? Pas de contradiction, soutient Teva Rohfritsch

Alors qu’il propose une réforme des retraites polynésiennes – 62 ans « ou » 38 annuités au lieu du « et » en vigueur actuellement et qu’il avait votée, un minimum de 120 000 Francs mensuels pour les carrières complètes et l’équivalent du moni ru’au pour es carrières incomplètes –  le sénateur a voté à Paris la réforme nationale. C’est la discipline de parti qui prime, à chaque fois, explique Teva Rohfritsch : « Je suis dans la majorité présidentielle, ou alors je vote, ou alors je sors. Pourquoi je reste dans la majorité présidentielle ? Parce que mon combat c’est l’ITR. Les discussions sont rouvertes (pour inscrire dans le budget 2024 un mécanisme compensatoire à la disparition de l’ITR, ndr) et j’ai la faiblesse de penser que j’y suis pour beaucoup. »

Attaquer le problème de la circulation

Teva Rohfritsch a de grands projets sur ce plan : la mise en place du ticket de bus à 100 Francs, pendant trois ans, pour inciter la population à ne pas prendre sa voiture, une expérimentation pendant laquelle commencerait la construction, en plusieurs phases, d’un tramway entre Paea et Arue un projet d’au moins 30 milliards ; la route traversière, avec l’aide de l’État ; et la voie rapide Punaauia-Taravao côté montagne ferait l’objet d’un référendum.

 

Que pense Teva Rohfritsch de la déclaration d’Édouard Fritch qui disait sur notre antenne qu’il serait prêt à se désister au 2e tour si le Tapura était devancé par une autre liste autonomiste ? « Je n’y crois pas du tout, répond le chef de Ia Ora te Nunaa. S’il avait vraiment voulu sauver l’unité de la famille autonomiste, il aurait accepté de ne pas faire un troisième mandat. »

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