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Théo: l'exécutif tente d'endiguer les incidents en banlieue

Aubervilliers (AFP) – Hollande veut « que la justice passe », Le Roux souhaite et rapprocher « police et population »: l’exécutif a tenté mardi, sur le terrain, d’endiguer la vague d’incidents dans les banlieues, qui ont fait irruption dans la campagne présidentielle en réaction à l’affaire Théo.

« Il faut que la justice passe », a déclaré le chef de l’Etat lors d’un déplacement dans une mission locale d’Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), à l’issue d’une nouvelle nuit de violences qui a débouché sur 25 interpellations en Ile-de-France.

Mardi soir, les forces de l’ordre ont procédé à cinq nouvelles interpellations en Seine-Saint-Denis pour violences urbaines, selon une source préfectorale.

Un total de 245 interpellations a été recensé depuis le déclenchement des violences urbaines le 4 février, débouchant sur 236 gardes à vue, dont 168 sur Paris et les trois départements de la Petite couronne (Seine-Saint-Denis, Hauts-de-Seine et Val-de-Marne), selon un bilan de l’Intérieur mardi après-midi.

Les incidents ont éclaté en Seine-Saint-Denis avant de s’étendre à d’autres banlieues deux jours après l’interpellation brutale de Théo, 22 ans, à Aulnay-sous-Bois, qui a conduit à la mise en examen de quatre policiers, dont un pour viol.

« On ne peut pas accepter, à cause d’un drame que j’ai moi-même dénoncé, qu’il y ait de la casse », a ajouté à Aubervilliers François Hollande, qui s’était rendu la semaine dernière au chevet de Théo, toujours hospitalisé.

Signe de la tension ambiante, une habitante a lancé sur le passage du président: « Police, violeurs, assassins ». « Il aurait dû venir avant », a de son côté estimé Nadia, 50 ans, mère de quatre enfants. « Il n’y a rien pour nos enfants ici. Les jeunes du 93 galèrent trop. »

François Hollande a longuement plaidé en faveur du « respect » mutuel entre citoyens, police et justice, soulignant qu’il « n’y a pas de vie en commun, s’il n’y a pas de respect ».

L’opération de communication de l’exécutif a patiné en fin d’après-midi lorsque le ministre de l’Intérieur Bruno Le Roux a évoqué à l’Assemblée « un tragique accident » au sujet de l’interpellation de Théo, s’attirant les foudres des réseaux sociaux. 

« Le terme +accident+ était inapproprié. Je réaffirme ma confiance dans la justice pour établir les responsabilités et qualifier les faits », a rectifié plus tard M. Le Roux sur Twitter.

– Nouvelle enquête visant les policiers –

En déplacement à la mi-journée à Sarcelles et Villiers-le-Bel (Val-d’Oise), Bruno Le Roux avait jugé que « ceux qui manifestent en cassant ne servent en rien les intérêts qu’ils prétendent mettre en avant ».

Le gouvernement craint une multiplication des incidents dans les banlieues déshéritées, jusque-là pratiquement hors du champ des débats de la présidentielle.

L’affaire Théo a connu un nouveau développement mardi avec le témoignage à l’Obs d’un jeune homme présenté comme un ami de Théo. Mohamed K. affirme que l’un des policiers impliqués dans l’interpellation de Théo l’avait passé à tabac une semaine plus tôt.

« Immédiatement informé, le ministre (de l’Intérieur Bruno Le Roux) a saisi l’IGPN », la police des polices, selon l’Intérieur. Le parquet de Bobigny a de son côté ouvert une enquête préliminaire pour « déterminer l’existence ou non de faits de violences volontaires » dénoncés par Mohamed K.

Le parquet précise que les éléments révélés par Mohamed K. sont « susceptibles de mettre en cause certains des fonctionnaires de police mis en examen » dans l’affaire Théo.

L’Humanité a de son côté rappelé que le commissaire à la tête du district d’Aulnay-sous-Bois avait été condamné en 2008 pour non-empêchement d’un délit. En 2004, alors à la brigade anticriminalité (BAC) de Paris, il n’était pas intervenu auprès de ses hommes lors de l’interpellation d’un automobiliste en fuite, qui avait eu un cerceau d’enjoliveur placé entre les fesses par un policier.

Dans une tribune publiée dans Libération mercredi, des dizaines d’artistes énoncent des pistes pour mettre fin aux violences policières, comme la fin du tutoiement, une meilleure formation des jeunes policiers ou le retour de la police de proximité.

François Hollande en déplacement le 14 février 2017 à Aubervilliers. © AFP

© POOL/AFP/Archives STEPHANE DE SAKUTIN
François Hollande en déplacement le 14 février 2017 à Aubervilliers

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