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Tiananmen : une censure « rapidement mobilisée »

L'événement a immédiatement déclenché une importante opération des forces de l'ordre, une vaste censure sur l'internet et un bouclage général de ce quartier. © Capture YouTube

L’événement a immédiatement déclenché une importante opération des forces de l’ordre, une vaste censure sur l’internet et un bouclage général de ce quartier. © Capture YouTube

VIDÉOS- Un véhicule en feu est venu percuter plusieurs touristes et policiers dans ce lieu symbolique. Bilan : 5 morts et 38 blessés.

L’INFO. C’est le symbole du pouvoir de la République populaire qui a été touché. Lundi, cinq personnes sont mortes sur la place Tiananmen, à Pékin, dans un véhicule en feu qui est venu percuter plusieurs touristes et policiers. Le chauffeur et les deux occupants du véhicule qui a pris feu sont décédés, ainsi qu’une touriste de nationalité philippine et un touriste chinois, a précisé le site d’information Qianlong.net, contrôlé par la municipalité de Pékin.

• Que voit-on ? Selon les forces de l’ordre, les faits se sont déroulés vers 6 heures sur cette place extrêmement surveillée jour et nuit. « Les policiers ont porté assistance aux personnes sur place, l’incendie a été éteint », a ajouté la police. Des photographies mises en ligne -et très vite effacées par les services de la censure- ont montré un véhicule en feu surmonté d’une épaisse colonne de fumée, devant le célèbre portrait de Mao, qui donne sur le côté nord de Tiananmen. Les policiers ont érigé de hautes palissades pour cacher la vue vers la zone où la jeep a pris feu. La principale station de la ligne de métro menant à la place a été fermée.

Des images postées sur Weibo, le réseau social chinois :

S’agit-il d’un attentat ? Hua Chunying, porte-parole de la diplomatie chinoise, n’a pas confirmé s’il s’agissait ou non d’un acte terroriste. Elle a affirmé « ignorer le détail de ce qui s’est produit » place Tiananmen. « Si des personnes de nationalité étrangère sont concernées par ces faits, leur cas sera traité conformément aux lois internationales », a-t-elle déclaré.

Cette incertitude laisse place aux rumeurs sur la Toile. « Certains se demandent si ce n’est pas un coup des indépendantistes ouïgours ou tibétains », rapporte Renaud de Spens*, sinologue, interrogé par Europe1.fr. « Certains internautes affirment que s’il n’y avait pas eu de victimes étrangères, on n’en aurait jamais entendu parler », précise-t-il. « J’ai vu un commentaire intéressant sur Weibo : ‘qui le pouvoir va-t-il choisir comme bouc émissaire ?’ Le terrorisme en Chine, c’est comme chez nous, c’est instrumentalisé. Si c’est un attentat terroriste, je ne vois aucune raison que le pouvoir ne le dise pas. Simplement, il va prendre du temps pour pointer dans une direction », analyse Renaud de Spens.

Des évacuations « manu militari ». Deux reporters de l’Agence France Presse, qui tentaient de se rapprocher de Tiananmen, ont été interpellés et leur matériel confisqué. Ils ont ensuite été relâchés et ont pu récupérer leur matériel, mais leurs images avaient été effacées. Un touriste italien de 58 ans a relaté qu’il était en train de visiter la Cité interdite, palais des empereurs Ming et Qing, quand des agents ont demandé à tous les touristes de quitter les lieux.

Les réseaux en ébullition et la censure. L’incident a très vite mis en ébullition les réseaux sociaux chinois, en raison du rôle névralgique historique de Tiananmen. « Que se passe-t-il à Tiananmen ? Il y a des véhicules de police et des ambulances partout ! », a demandé un internaute se trouvant non loin du site. D’autres avançaient l’hypothèse d’un geste intentionnel des occupants de la voiture, étant donné la très faible probabilité d’un tel accident à cet endroit. »Tiananmen en 2013 est-il le théâtre d’une immolation par le feu ? » s’est interrogé un autre. Depuis 2009, environ 120 Tibétains ont accompli ce geste désespéré pour protester contre la tutelle chinoise.

Une censure a été mise en place très rapidement sur les réseaux :

« A cause de cette censure qui s’est rapidement mobilisée, les internautes se disent qu’il y a quelque chose derrière. Cela ne doit pas être un simple accident. D’autres disent avec humour que, de toutes façons, le moindre fait ou geste place Tiananmen devient une affaire. Cet endroit est tellement symbolique pour le pouvoir chinois que même si ce n’était qu’un accident, ça serait traité de cette façon. Car si c’est bien un accident, il y aurait encore des doutes et le pouvoir voudrait contrôler l’information dessus », affirme Renaud de Spens*, sinologue, interrogé par Europe1.fr. Les images n’ont d’ailleurs pour l’instant, toujours pas été diffusées à la télévision.

Quelques heures après l’accident, la place a été « nettoyée » par les autorités :

NOTE :
* Renaud de Spens, Jean-Jacques Augier, Dictionnaire impertinent de la Chine,
ed. François Bourin, 2012.

 

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