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Trafic d'influence: Bernard Squarcini vers une présentation à la justice

Paris (AFP) – L’ancien patron du renseignement Bernard Squarcini pourrait être présenté mercredi à la justice pour une éventuelle mise en examen après sa garde à vue dans une enquête sur des soupçons de trafic d’influence depuis sa reconversion dans le privé.

Celui qui fut le numéro un du renseignement intérieur sous Nicolas Sarkozy, dont il est proche, a été interrogé pendant deux jours à l’Inspection générale de la police nationale (IGPN), la police des polices, dans le cadre d’une information judiciaire ouverte notamment pour trafic d’influence, violation du secret et compromission du secret défense.

Mêlés à l’affaire, l’ancien patron de la police judiciaire parisienne Christian Flaesch, un ancien magistrat passé par plusieurs cabinets ministériels et aujourd’hui cadre sécurité dans le groupe de luxe LVMH, ainsi qu’un autre ancien cadre de ce groupe ont aussi été placés en garde à vue et ont été relâchés mardi soir. Ils sont tous les trois convoqués ultérieurement chez les juges d’instruction pour de possibles mises en examen.

Enfin, un ancien collaborateur de Bernard Squarcini, en poste à la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) et resté très lié à son ancien patron, selon des sources proches de l’enquête, pourrait aussi être déféré mercredi après sa garde à vue.

Après une longue carrière dans la police, où il a été n°2 des RG (Renseignements généraux), patron de la Direction de la surveillance du territoire (DST) puis de la Direction centrale de la sécurité intérieure (DCRI, devenue DGSI), ce « FBI à la française » voulu par Nicolas Sarkozy, celui qu’on surnomme le « Squale » s’est reconverti dans le privé après avoir été évincé de son poste à l’arrivée de la gauche au pouvoir.

– Condamné pour les « fadettes » du Monde –

En 2013, il a créé Kyrnos, une société de conseil en sécurité qui a parmi ses gros clients le groupe de luxe LVMH de Bernard Arnault.

C’est cette reconversion qui intéresse les enquêteurs et les juges d’instruction. Avec une question: l’ancien grand flic a-t-il continué de faire fructifier ses relations dans la police et ses réseaux pour accéder à des informations sur des enquêtes en cours et les utiliser à des fins personnelles ou pour ses nouveaux clients?

Les soupçons proviennent notamment d’écoutes téléphoniques menées en 2013, dans un autre dossier judiciaire. Selon une source proche du dossier, elles révèlent notamment que Bernard Squarcini demande à Christian Flaesch, alors à la tête de la PJ parisienne, des éléments sur une enquête conduite par le parquet de Paris après une plainte d’Hermès contre LVMH.

En avril 2013, l’ancien patron du renseignement intérieur semble aussi rechercher des informations couvertes par le secret sur l’enquête pour fraude fiscale visant Jérôme Cahuzac, afin d’en faire profiter ses contacts, alors que le dossier empoisonne la vie du gouvernement de François Hollande. Parmi eux, le directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy, Michel Gaudin, qui a été interrogé lundi dans le cadre d’une audition libre.

Contacté par l’AFP, Michel Gaudin n’a pas donné suite. Les avocats de M. Squarcini n’ont pas souhaité s’exprimer.

Depuis qu’il a quitté la police, Bernard Squarcini a déjà été confronté à la justice. Le « Squale » a été condamné en avril 2014 à 8.000 euros d’amende par le tribunal correctionnel de Paris, qui l’a reconnu coupable d’avoir réquisitionné illégalement en 2010 les factures téléphoniques détaillées (« fadettes ») du journaliste du Monde, Gérard Davet pour connaître ses informateurs dans le dossier Bettencourt, menaçant la droite à l’époque.

Il est également visé par une enquête préliminaire conduite par le parquet de Paris sur l’un de ses contrats, avec le géant du tabac Philip Morris, a indiqué une source proche de l’enquête. Dans ce dossier, les enquêteurs se demandent s’il a pu user de son influence pour pousser la police à mener des actions contre la contrebande de tabac à Marseille, afin de favoriser son client.

Bernard Squarcini à son arrivée le 18 février 20145 au palais de justice à Paris . © AFP

© AFP/Archives FRANCOIS GUILLOT
Bernard Squarcini à son arrivée le 18 février 20145 au palais de justice à Paris

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