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Trafic d'influence: l'ancien policier Bernard Squarcini mis en examen

Paris (AFP) – L’ancien patron du renseignement Bernard Squarcini a été mis en examen mercredi pour une longue liste de délits présumés, notamment pour trafic d’influence et détournement de fonds publics, dans une enquête portant sur ses activités depuis sa reconversion dans le privé.

Celui qui fut le numéro un du renseignement intérieur sous Nicolas Sarkozy, dont il est proche, a aussi été mis en examen par des juges du pôle financier pour faux en écriture publique, atteinte au secret des correspondances par personne dépositaire de l’autorité publique, recel de violation du secret de l’instruction et compromission, a indiqué une source judiciaire.

Le détournement de fonds publics correspond à des soupçons d’utilisation des ressources de la DGSI (Direction générale de la sécurité intérieure) à des fins privées, selon une source proche de l’enquête.

« C’est un peu le panier de la ménagère (…) j’ai l’impression que l’on a fait appel à tout le code pénal », a ironisé son avocat, Patrick Maisonneuve, à la sortie de l’interrogatoire chez les juges, après 48 heures de garde à vue à l’Inspection générale de la police nationale (IGPN).

« La liste est longue mais cela tourne essentiellement autour des contacts avec des fonctionnaires de police en activité », a relativisé l’avocat.

Mêlés à l’affaire, l’ancien patron de la police judiciaire parisienne Christian Flaesch, un ancien magistrat passé par plusieurs cabinets ministériels et aujourd’hui cadre sécurité dans le groupe de luxe LVMH, ainsi qu’un autre ancien cadre de ce groupe avaient aussi été placés en garde à vue avant d’être relâchés.

Ils sont tous les trois convoqués ultérieurement chez les juges d’instruction pour de possibles mises en examen.

Enfin, un ancien collaborateur de Bernard Squarcini, en poste à la DGSI mais resté très lié à son ancien patron a été mis en examen notamment pour violation du secret professionnel, collecte frauduleuse de données personnelles et compromission du secret de la défense nationale, a indiqué la source judiciaire.

Après une longue carrière dans la police, où il a été n°2 des RG (Renseignements généraux), patron de la Direction de la surveillance du territoire (DST) puis de la Direction centrale de la sécurité intérieure (DCRI, devenue DGSI), celui qu’on surnomme le « Squale » s’est reconverti dans le privé après avoir été évincé de son poste à l’arrivée de la gauche au pouvoir.

– Condamné pour les « fadettes » du Monde –

En 2013, il a créé Kyrnos, une société de conseil en sécurité qui a parmi ses gros clients LVMH.

Le contrôle judiciaire auquel il est astreint lui interdit d’avoir une activité dans le conseil et la sécurité en lien avec le domaine de la contrefaçon, l’une de ses activités visées dans l’enquête, selon une source proche du dossier.

Les soupçons sur le recours à ses relations dans la police et ses réseaux pour accéder à des informations privilégiées proviennent notamment d’écoutes téléphoniques menées en 2013, dans un autre dossier judiciaire. D’après un rapport d’enquête, dont l’AFP a eu connaissance, elles révèlent que le « Squale » continue d’obtenir des éléments sur des enquêtes en cours et en fait profiter ses contacts.

Ainsi demande-t-il à Christian Flaesch, alors à la tête de la PJ parisienne, des éléments sur une enquête ouverte après une plainte d’Hermès contre LVMH, selon le rapport.

En avril 2013, Bernard Squarcini est aussi sollicité par le directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy, Michel Gaudin, qui lui demande s’il est possible de récupérer une note d’enquête sur l’affaire Cahuzac, alors que le dossier empoisonne la vie du gouvernement de François Hollande. Contacté, M. Gaudin n’a pas donné suite.

« Il y a trois ans il y a des écoutes (…) depuis on avait rien demandé à M. Squarcini, les choses se sont accélérées ces derniers mois et ces dernières semaines, allez savoir pourquoi… », a déclaré de son côté Me Maisonneuve.

Depuis qu’il a quitté la police, Bernard Squarcini a déjà été confronté à la justice. Le « Squale » a été condamné en avril 2014 à 8.000 euros d’amende pour avoir réquisitionné illégalement en 2010 les factures téléphoniques détaillées (« fadettes ») d’un journaliste du Monde pour connaître ses informateurs dans le dossier Bettencourt, menaçant la droite à l’époque.

Il est également visé par une enquête préliminaire à Paris sur l’un de ses contrats avec le géant du tabac Philip Morris.

Bernard Squarcini à son arrivée le 18 février 2015 au palais de justice à Paris . © AFP

© AFP/Archives FRANCOIS GUILLOT
Bernard Squarcini à son arrivée le 18 février 2015 au palais de justice à Paris

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