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Tribunal de police : les violences mises à l’amende

Rancœurs familiales, rivalités fraternelles et conflits de voisinage qui terminent par des claques, des coups de poing ou des jets de pierre, c’est le lot du tribunal de police qui regroupe les infractions susceptibles de n’être punies que par des peines d’amende. En filigrane, ces audiences mettent en avant la propension des prévenus à utiliser la violence comme unique moyen de communication.

C’est une armoire à glace qui s’avance d’un pas pénible jusqu’à la barre. M.M, agriculteur de Moorea, est bien connu du tribunal, ainsi que toute sa famille dont les bagarres de cessent d’occuper gendarmes et magistrats. M.M. s’était vu signifier quelques jours plus tôt une nouvelle convocation devant le tribunal quand les faits ont eu lieu sur l’île sœur l’an dernier. Lorsque les gendarmes appelés en renfort par la police municipale pour une énième bagarre familiale, ils remarquent trois individus fortement alcoolisés mais le calme est revenu. M.M donne sa version. Entre 18 et 19 heures, il a voulu faire laver son linge à la machine. « Je sentais mauvais, il fallait que je lave mon linge je n’avais plus rien de propre.» Mais son frère ne l’a pas entendu de cette oreille, ou trop, justement. Gêné d’entendre l’essorage succéder au lavage, il a d’abord demandé à son frère d’éteindre, avant de débrancher la machine. M.M. indique alors l’avoir simplement poussé et que son frère s’est laissé tombé en en rajoutant beaucoup « On a trop de disputes. Il m’en veut trop », se justifie M.M.. Son frère, lui, a fourni une autre version. Il a expliqué qu’il était minuit quand le lave-linge collé au mur de la chambre de son fils a réveillé son enfant. Lorsqu’il a débranché la machine, son frère lui a asséné un coup derrière la nuque, le mettant K.O. « Il a fallu lui jeter un verre d’eau au visage pour le réveiller », a relaté la sœur, précisant : « ils n’arrêtent pas de se battre. Ils font tous les deux 120 kg, un jour cela va mal finir. »

De lourdes amendes…avec sursis

Ce n’est pas  la volonté de M.M., visiblement fatigué de cette guerre fraternelle.  « Je veux que ça cesse, qu’il arrête de venir me taper pour aller porter plainte ensuite. Il veut que j’aille à Nuutania et avoir de l’argent », se plaint-il. « Depuis que je suis allé à Nuutania, j’ai tout arrêté. Je m’occupe de mon travail, ma priorité c’est de subvenir aux besoins de mes enfants. J’ai signé à la croix bleue », conclut-il.

Pour le procureur qui a souvenir d’une audience où M.M avait reçu la flèche du fusil harpon de son frère dans le ventre, il s’agit d’un nouvel épisode de ce feuilleton familial. M.M ayant reconnu avoir poussé son frère, il estime que cette violence mérite une amende de 30 000 Francs.  « Il a compris la leçon, mais compte tenu de la pauvreté de la famille, à moins de dormir sous les ponts ou sur la plage, il ne peut pas dormir ailleurs et depuis quelques temps il reste dans son coin. » Le juge lui inflige une amende de 110 000 francs, dont 100 000 avec sursis. « La prochaine fois, ne répondez fois pas aux provocations de votre frère et porter plainte sinon vous aurez à payer les 100 000 francs » M.M. embraie : « la semaine dernière, il est rentré alcoolisé et il m’a frappé pendant mon sommeil. Sa famille filmait avec le téléphone, ils attendaient que je le touche pour porter plainte. » Mais la greffière s’est déjà avancée vers lui pour lui faire signer les formalités administratives et le juge s’est emparé d’un autre dossier.

« Je n’ai pas réfléchi, je lui ai donné un coup de poing. »

C’est au tour de T.T. de se présenter devant le juge. Difficile de ne pas voir, d’un côté du visage, l’imposante cicatrice encore mal refermée qui court du milieu du front jusqu’au coin de son œil, . De l’autre, de multiples larmes sont tatouées près de son oeil, signes chez les prisonniers du nombres de meurtres commis. T.T. n’en est pas là. Le jeune homme de 33 ans est accusé d’avoir asséné un coup de poing à P.K., un autre habitant de Teva I Uta en juin 2020. « A chaque fois que je passe, P.K. me traite de mouchard, j’étais énervé. » Il reconnait les coups, le juge s’intéresse donc à l’histoire du mouchard. P.K. victime est convaincu que T.T. a dénoncé sa plantation de pakalolo. Ce jour-là les gendarmes sont venus déraciner les pieds de cannabis et P.K. lui en veut depuis d’avoir été immortalisé puis exposé en tant que cultivateur devant toute la Polynésie. Ce 19 juin T.T. a fini par craquer « Je venais de me battre avec mon frère parce qu’il avait agressé ma femme. P.K. est venu s’interposer. J’étais sur les nerfs, il y avait la fatigue du travail, je me suis emporté, je n’ai pas réfléchi, je lui ai donné un coup de poing. » Le procureur requiert 15 000 Francs d’amende.  Selon l’avocate, T.T. a déjà lourdement payé le tribu de cette altercation. Cela lui a valu son licenciement à la veille de Noël. Juste après avoir appris sa perte d’emploi, il a un grave accident de moto lui valant les stigmates encore visibles sur son visage. « Cela lui a coûté très cher et il a deux enfants à charge. » Le juge en tient compte en infligeant une amende de 50 000 francs avec sursis à T.T..

 

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