ACTUS LOCALESPOLITIQUETERRITORIALES

Troisième mandat : Édouard Fritch renvoie la balle à ses opposants

Édouard Fritch peut-il briguer un nouveau mandat de président du Pays ? La question plane sur le débat politique à huit mois des territoriales. Alors qu’il avait un temps évoqué la possibilité de saisir lui-même le Conseil d’État sur la question, Édouard Fritch a expliqué depuis Paris que ce sera à « ceux qui n’épousent pas » son interprétation des textes de « consulter » la juridiction parisienne. En attendant, il mènera bien le Tapura dans la campagne pour 2023.

« Le président de la Polynésie française ne peut exercer plus de deux mandats de cinq ans successifs ». Cette phrase, inscrite depuis 2011 à l’article 74 du statut de la Polynésie, certains ont dû la relire plusieurs fois ces derniers mois. Et si des « consultations juridiques » informelles ont été menées, aucune voix officielle ne vient aujourd’hui trancher : Édouard Fritch pourra-t-il ou non se représenter à la présidence du Pays en cas de victoire aux territoriales de 2023 ? Le chef de file du Tapura, lui, a choisi son interprétation du texte : « Je n’ai pas fait deux mandats de cinq ans, j’ai fait un mandat de 4 ans et un autre de 5 ans », a-t-il rappelé au micro de notre partenaire Outremers 360° à l’issue de sa visite au ministère de l’Intérieur, la nuit dernière.

Le président sortant n’enterre pas totalement le débat : « Est-ce qu’on considère malgré tout le premier mandat comme un mandat complet ? Il y a discussion autour de cela », concède-t-il. Mais ces discussions « juridiques » peuvent visiblement attendre : « Je m’apprête à mener l’équipe qui se présentera aux territoriales et d’ici là j’aimerais avoir des informations là-dessus, précise l’ancien dauphin de Gaston Flosse, qu’il avait remplacé à la tête du Pays en septembre 2014, un peu plus d’un an après le début du mandat. Ce n’est pas parce que je ne suis pas éligible à la présidence du gouvernement que je vais laisser mon parti, je continuerai avec le Tapura Huiraatira, que j’espère uni pour gagner en 2023″.

Un débat de l’après-territoriales ?

La question du troisième mandat reste donc en suspens, tout comme celle, d’ailleurs, de « l’union » du Tapura, qui montre ces dernières semaines des signes de fractures de plus en plus marqués. Pourquoi ne pas clarifier la situation ? Édouard Fritch, il y a quelques jours encore, y paraissait plutôt enclin : dans un entretien à Tahiti-Infos au sortir du séminaire Tapura, mi-août – un rendez-vous boudé notamment par le sénateur Teva Rohfritsch – il avait expliqué qu’il « avait envie » de saisir le Conseil d’État sur sa capacité à conserver la présidence du Pays. Mais depuis Paris, l’élu renvoie finalement la balle à ses opposants. Interrogé sur la date d’une éventuelle saisine de la justice sur cette question, il répond que « ceux qui pourront saisir le Conseil d’État ce sont ceux qui n’épousent pas notre interprétation, qui n’épousent pas notre lecture. Ce sont eux qui consulterons, à ce moment-là ».

Et ce « moment-là » attendra plusieurs mois. Car d’après la loi organique, seul le président du Pays et celui de l’Assemblée – Gaston Tong Sang – peuvent saisir la justice d’une « demande d’avis » sur l’interprétation du statut. Une demande qui doit être formulée au tribunal administratif de Papeete, qui peut y répondre lui-même ou la transmettre au Conseil d’État si elle porte sur les questions de répartition des compétences et des pouvoir respectifs des institutions du fenua.

En invitant les partisans d’une fin de règne à « consulter » eux-mêmes, Édouard Fritch semble en fait faire référence à un recours électoral qui ne pourrait pas intervenir avant le scrutin. Car les territoriales n’ont pas vocation à élire le président du Pays mais seulement les représentants à l’assemblée. Ce n’est qu’après leur installation, dans le cas d’une candidature d’Édouard Fritch à sa propre succession à la présidence, que la justice pourrait être saisie. Que pense l’opposition de ce calendrier ? Du côté du Tavini, on dit ne « pas s’intéresser » à ces questions pour l’instant. Mais Moetai Brotherson le prédit : ce sera plutôt « quelqu’un proche de lui » qui lèvera en premier la question de la légitimité d’Édouard Fritch à se représenter.

Article précedent

Diffamation : l'arroseuse arrosée

Article suivant

Mikhaïl Gorbatchev, dernier dirigeant de l'URSS, est mort à l'âge de 91 ans

Aucun Commentaire

Laisser un commentaire

PARTAGER

Troisième mandat : Édouard Fritch renvoie la balle à ses opposants