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Trump et Clinton s'affrontent sur le groupe Etat islamique

Washington (AFP) – Donald Trump accuse Barack Obama et son héritière politique Hillary Clinton d’être responsables de la création du groupe Etat islamique, une déclaration incendiaire mais assumée qui vise à reprendre le contrôle d’une campagne qui lui échappe.

La petite phrase n’a rien d’un dérapage: « J’appelle le président Obama et Hillary Clinton les fondateurs de l’EI ». Dans plusieurs réunions publiques et en interview depuis mercredi, Donald Trump l’a répétée comme une antienne.

En moins de 24 heures, le candidat républicain à la Maison Blanche a ainsi fait passer au second plan les multiples controverses ayant éclaté depuis la fin du mois de juillet et qui ont contribué à sa chute dans les sondages. Lui-même a reconnu que sa stratégie pour l’emporter au scrutin de novembre n’était pas encore tout à fait établie.

« Je ne pense pas avoir fait beaucoup d’erreurs », a-t-il affirmé jeudi sur CNBC, reconnaissant implicitement en avoir au moins fait quelques unes.

« Je fais campagne de façon différente des primaires », avait-il confié à Time il y a deux jours. « Mais maintenant j’écoute des gens qui me disent d’être plus gentil, plus doux. C’est ce que je fais, mais personnellement je ne sais pas si c’est ce que le pays veut ».

Cette interview s’est déroulée quelques heures avant que Donald Trump ne suggère, dans une phrase ambigüe qui a déclenché un scandale, que les détenteurs d’armes étaient la seule force capable de résister à l’élection éventuelle d’Hillary Clinton à la Maison Blanche.

Mais en accusant Barack Obama et Hillary Clinton, aux manettes de la diplomatie américaine de 2009 à 2013, d’avoir laissé les coudées franches aux jihadistes en retirant les troupes américaines d’Irak fin 2011, Donald Trump revient en terrain plus connu: le terrorisme.

« Ils sont les fondateurs de l’EI car ils ont fait preuve de manque de jugement », a déclaré Donald Trump à Orlando, en Floride, devant une assemblée de pasteurs conservateurs. « L’EI va leur donner le prix du meilleur joueur ».

Il a cherché à rassurer ses partisans inquiets par l’absence apparente de stratégie électorale. « Je n’ai pas encore vraiment commencé. Souvenez-vous, j’ai gagné les primaires dans un raz-de-marée », a-t-il dit.

– Libre-échange –

L’équipe de campagne d’Hillary Clinton a dénoncé jeudi les propos de Donald Trump et raillé ses lacunes en affaires internationales.

« Les propos de Donald Trump sont remarquables car ils font une nouvelle fois écho aux arguments utilisés par (le président russe Vladimir) Poutine et nos adversaires pour attaquer les dirigeants américains et les intérêts américains, tout en négligeant de formuler des propositions sérieuses pour lutter contre le terrorisme », a déclaré le conseiller d’Hillary Clinton Jake Sullivan.

La démocrate recueillait jeudi 48% des intentions de vote contre 40% pour Donald Trump, selon la moyenne des derniers sondages calculée par le site Real Clear Politics. Jamais depuis avril elle n’avait eu autant d’avance.

Sa stratégie à elle est fixée depuis des semaines: dépeindre Donald Trump comme un personnage instable et incompétent, courtiser l’électorat ouvrier blanc avec un discours de revitalisation économique, et tendre la main aux républicains et centristes écoeurés par la personnalité de Donald Trump.

Près de Detroit jeudi, Hillary Clinton a prédit une « renaissance de l’industrie manufacturière » et s’est engagée à protéger l’emploi américain contre des accords de libre-échange défavorables, dénonçant avec force le partenariat transpacifique négocié par Barack Obama et actuellement bloqué au Congrès.

La démocrate a aussi dénoncé la baisse d’impôts proposée par Donald Trump, estimant que ce seraient les grandes entreprises et les familles les plus aisées qui en profiteraient le plus.

Mais l’épouse de Bill Clinton sait qu’elle est vulnérable dans les anciennes régions industrielles de Pennsylvanie et d’Ohio, bien qu’elle y reste en tête des sondages. Son mari a signé en 1993 l’accord de libre-échange nord-américain (Aléna), impopulaire en raison des délocalisations vers le Mexique.

Ce traité est « l’accord commercial économique (sic) le pire jamais signé par un pays dans le monde », a affirmé Donald Trump.

Le candidat américain à la Maison Blanche Donald Trump en campagne à Fort Lauderdale, en Floride, le 10 août 2016. © AFP

© AFP/Archives Gaston De Cardenas
Le candidat américain à la Maison Blanche Donald Trump en campagne à Fort Lauderdale, en Floride, le 10 août 2016

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