ACTUS LOCALESÉCONOMIESOCIAL

TVA sociale : « Le gouvernement nous a baladés »

Pas question de baisser les armes pour l’intersyndicale du 17 mars. Cinq jours après l’entrée en vigueur de la Contribution pour la solidarité, dite TVA sociale, « nous ne l’acceptons toujours pas », a expliqué ce mardi Yves Laugrost dans l’émission L’Invité de la rédaction sur Radio1. Le trésorier de A Tia i Mua dénonce l’opacité des autorités sur les besoins de la protection sociale, le refus de considérer des solutions alternatives… et le manque d’empressement, du gouvernement comme des autres partenaires sociaux, pour réformer et faire baisser les dépenses sociales. 

« Nous sommes dans un contexte mondial d’inflation généralisée, aggravé par la guerre en Ukraine, ça n’est pas la peine d’en rajouter ». Invité de la rédaction de Radio1, le trésorier d’A Tia i Mua, syndicat qui a lancé le mouvement de protestation du 17 mars avec O Oe to Oe Rima, l’Unsa ou Solidaires a assuré que l’intersyndicale ne comptait pas baisser les bras. Car pour le porte-parole, la TVA sociale va engendrer 2 à 3% de hausse de prix, en plus de l’inflation extérieure « dont on n’a pas encore vu tous les impacts ». Pour le syndicaliste, les prix vont donc augmenter au total « de près de 10% » : « C’est grave parce qu’il y a des gens qui ne pourront plus se nourrir », insiste le syndicaliste.

« Ce n’est pas au vendeur de mape de payer la retraite des salariés »

Un discours déjà tenu avant la grève du 17 mars, et pendant les débats politiques intenses de la fin mars. Suivant l’avis de la majorité des partenaires sociaux, soucieux de débloquer rapidement les financements pour « sauver le système de protection sociale », le gouvernement et l’assemblée ont choisi de maintenir la taxe et sa date d’entrée en vigueur, avec tout de même une baisse du taux à 1% et une liste élargie d’exonérations. Dans son dernier communiqué, l’intersyndicale « prend acte » de ces décisions – « ils en assumeront les conséquences » – mais accuse tout de même le gouvernement d’avoir « trompé » la population. « Ils nous ont baladés à propos de ce qu’on allait financer avec cette taxe », reprend Yves Laugrost. D’après l’intersyndicale, les prestations de solidarité, premières visées par la nouvelle taxe, n’excéderaient pas 3,8 milliards de francs en 2022. Loin des 12 à 13 milliards de recette de la taxe un temps annoncés et des 8 milliards annuels aujourd’hui prévus avec le taux de 1%. Mais ce total doit aussi permettre de compenser les 5,5 milliards de francs de déficit du régime des salariés, surtout plombé par les retraites. « Ce n’est pas au vendeur de mape ou aux coprahculteurs de payer la retraite des salariés, c’est aux cotisations », dénonce Yves Laugrost :

La TVA sociale indirectement « récupérée » pour financer des CAE ?

Le débat sur le chiffrage des besoins de la CPS n’est donc pas clos. D’autres syndicats, comme les organisations patronales, jugent les financements de la TVA sociale urgents pour assurer le paiement des prestations avant que des réformes de fond ne soient actées et prennent effet. Le ministre des Finances Yvonnick Raffin avait expliqué, dans le studio de Radio1, que l’intersyndicale du 17 mars sous-estimait ces besoins, et que sans financement exceptionnel, la PSG pourrait s’effondrer dès 2023. « Le chaos, ça sera quand les gens ne pourront plus acheter ce dont ils ont besoin », rétorque Yves Laugrost, qui émet des doutes sur l’utilisation des fonds de la TVA sociale. Un fonds dédié a pourtant été créé fin mars, assurant que « 100% des recettes de la taxe seront bien affectées aux besoins de la PSG » selon Yvonnick Raffin. Mais pour le syndicaliste, le gouvernement pourrait en profiter pour réaffecter d’autres sources de financement, comme celles provenant du Felp (Fonds pour l’emploi et la lutte contre la pauvreté qui reçoit par exemple la taxe sur les boissons sucrées) et qui peuvent aussi servir aux mesures liées à l’emploi. « Est ce que ça peut pas être récupéré pour financer des CAE à la prochaine élection ? Je ne veux pas y croire une seconde », ironise le porte-parole.

« On hérite d’un passé trop généreux » 

Pas question pour autant de mettre tous les problèmes de la PSG sur le dos du Pays. Quand certains, au gouvernement notamment, estiment que la gestion paritaire des comptes sociaux a échoué, « ils n’ont pas tout à fait tort », note Yves Laugrost. Le trésorier rappelle que A Tia i Mua n’était pas dans la rue, en novembre dernier, pour dénoncer la réforme de la gouvernance de la CPS. Les annonces de réformes de fond du ministre des Finances et de la PSG sont d’ailleurs saluées… « sauf que les Assises de la Santé, ça devait être le 22 mars », et « qu’aucune autre date » n’est pour le moment avancée. « Ils font les choses à l’envers » insiste le syndicaliste qui estime que la réforme des régimes sociaux aurait dû être la priorité. Une réforme attendue de longue date : si la protection sociale se retrouve dans la situation d’aujourd’hui, c’est parce qu’elle « hérite d’un passé trop généreux » précise l’ancien président de la CPS. Tranche B des retraites non financée, « cadeaux » aux retraités, parti avec une retraite pleine malgré le peu d’années de cotisations… Et refus côté politique ou côté administrateurs, de réformer. « En 2000, on avait proposé d’allonger la durée de cotisation retraite, on s’était fait insulter par nos camarades syndiqués, et personnes n’a eu le courage d’y aller », rappelle Yves Laugrost.

Côté propositions, A Tia i Mua revient sur sa demande de rehausser le plafond de la tranche A pour « financer les retraites sans avoir recours à la fiscalité ». Ainsi que sur la « refonte de la CST » qui a augmenté pour les salaires de plus de 400 000 francs. A Tia i Mua, syndicat qui compte beaucoup de cadres, et les syndicats de fonctionnaires d’État de l’intersyndicale « défendent les riches », comme l’ont suggéré d’autres syndicalistes ? Non, répond Yves Laugrost , qui assure qu’il s’agit de « trouver des solutions ». « On n’a pas de problème avec une hausse de la CST, mais à condition que ça soit équitablement réparti sur tous les revenus », reprend le trésorier. En clair : les patentés et libéraux, qui selon lui « peuvent payer jusqu’à 10 fois moins de CST, à revenus équivalent, qu’un salarié », doivent contribuer davantage.

L’intersyndicale demande au gouvernement de réunir au plus vite les partenaires sociaux pour prendre des décisions de financements et de réduction des dépenses, et demande d’ici là à ses sympathisants d’effectuer des relevés dans les magasins pour constater les hausses de prix. Toute l’émission L’Invité de la rédaction est à retrouver en vidéo.

Use It Again! by Extia
Article précedent

Un trimaran entièrement recyclé à quai à Punaauia

Article suivant

Journal de 7h30, le 6/04/22

Aucun Commentaire

Laisser un commentaire

PARTAGER

TVA sociale : « Le gouvernement nous a baladés »