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UE: les 27 à Bratislava pour une réunion sur l'Europe "post-brexit"

Bratislava (AFP) – Les dirigeants des pays de l’Union européenne, ébranlés par le Brexit, se sont retrouvés vendredi à Bratislava sans le Royaume-Uni, pour une « discussion honnête » sur l’avenir de l’Europe, lors d’un sommet dominé par la sécurité et la défense.

Réunis dans un château perché sur une colline surplombant le Danube, les 27 veulent s’entendre sur des projets concrets pour relancer une Europe affaiblie, même si les appels à serrer les rangs se heurtent à des divergences toujours profondes.

Les dirigeants européens « auront une discussion très honnête sur l’état dans lequel se trouve l’UE », a assuré l’hôte de la rencontre, le Premier ministre slovaque Robert Fico. L’objectif, a-t-il ajouté, est de parvenir vendredi à « une feuille de route des sujets les plus importants que nous souhaitons traiter dans les six prochains mois ».

« Nous sommmes dans une situation critique », a prévenu à son arrivée la chancelière allemande, Angela Merkel. Il faut « montrer par nos actions que nous pouvons faire mieux ». Et de citer comme priorités la sécurité, la lutte contre le terrorisme et la défense européenne.

La France « fait l’effort principal pour la défense européenne », a fait valoir le président français François Hollande. Mais « elle ne peut pas être seule », a-t-il ajouté, estimant que « si les Etats-Unis font un choix de s’éloigner, l’Europe doit être capable de se défendre par elle-même ».

– Un QG unique –

Paris et Berlin, moteurs sur ce dossier, vont exposer à Bratislava une initiative commune pour déclencher des opérations extérieures de l’UE plus facilement et obtenir davantage de financements européens.

Le départ du Royaume-Uni, qui a toujours privilégié le cadre de l’Otan, offre une chance d’avancer sur ce thème, soulignent des sources diplomatiques, dans un contexte où l’Europe est cernée par les crises, les guerres et le terrorisme.

La Commission européenne propose notamment des « ressources militaires communes », « un quartier-général unique » et la création « avant la fin de l’année » d’un fonds européen pour stimuler la recherche et l’innovation dans l’industrie de la défense.

« Pour l’instant, il n’y a pas d’état-major opérationnel, mais seulement un comité militaire des 28 », rappelle une source diplomatique française.

Egalement dans le domaine la sécurité, le renforcement de la protection des frontières extérieures de l’UE fait désormais l’objet d’un consensus. Bratislava devra marquer « un tournant décisif » sur ce point, a demandé le président du Conseil européen, le Polonais Donald Tusk.

Mais Bratislava pourra difficilement faire oublier les divergences. « Jamais encore, je n’avais vu une telle fragmentation, et aussi peu de convergence dans notre Union », a admis mercredi M. Juncker devant les eurodéputés.

– ‘En famille’ –

Des sujets comme les travailleurs détachés ou la répartition des réfugiés dans l’UE depuis l’Italie et la Grèce restent hautement conflictuels.

Les pays du groupe de Visegrad (Hongrie, Pologne, Slovaquie et République tchèque), parmi les plus contestataires des projets européens d’accueil de réfugiés, comptent livrer à Bratislava leur propre vision de l’avenir de l’Union, dont ils estiment qu’elle est trop dominée par certains grands pays.

Des pays du sud, comme la Grèce, la France et l’Italie, réunis à Athènes la semaine dernière, mettent en avant d’autres priorités, comme le partage de la charge migratoire ou le desserrement de l’austérité budgétaire.

Le récent appel du chef de la diplomatie luxembourgeoise, Jean Asselborn, à exclure la Hongrie de l’UE pour violation de ses valeurs fondamentales a aussi illustré les fissures du bloc européen.

« Ce n’est pas une position de mon gouvernement », a tempéré vendredi à Bratislava le chef du gouvernement luxembourgeois, Xavier Bettel. « On est au tour du table, on est en famille, on discute les problèmes en famille, on essaie de trouver des solutions ».

« Nous initions un processus » à Bratislava, a insisté un responsable européen, pour mieux souligner qu’il ne fallait pas trop attendre de cette réunion informelle, organisée inhabituellement hors de Bruxelles.

C’est vers un autre sommet, prévu à Rome en mars 2017 à l’occasion des 60 ans du traité fondateur de la construction européenne, que sont renvoyées les grandes décisions.

M. Tusk, après avoir consulté les 27, dit en avoir déjà tiré une conclusion claire, aux allures de message post-Brexit à la Commission: « Donner de nouveaux pouvoirs aux institutions europénnes n’est pas la recette désirée », a-t-il écrit dans sa lettre d’invitation au sommet.

La chancelière allemande Angela Merkel à son arrivée le 16 septembre 2016 au château de Bratislava en Slovaquie. © AFP

© AFP JOE KLAMAR
La chancelière allemande Angela Merkel à son arrivée le 16 septembre 2016 au château de Bratislava en Slovaquie

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